
extrémités de cet arc s’étendirentcomme deux cornes rentrantes,
qui occupoient deux tiers de l’horizon. Toutes les couleurs en
étôient vives ; j’y remarquai du rouge , du jaune, du verd et du
pourpre. Cet arc brilla environ huit minutes , et disparut : à
gauche, vers, l’orient, nous en apperçûmes un autre, dont les
couleurs étoient dans un ordre absolument contraire à l’autre,
dont il n’étoit probablement que la réflexion. Un quart-d’heure
après nous vîmes une nouvelle section de cercle, mais qui ne
parvint pas à former une demi-lune complette. Pendant que
ces brillans météores embellissoient la surface des eaux, de
petites nuées flottoient en l’ air , et l’on appercevoit à peine
la pluie qui tomboit à l’extrémité de l’horizon. Nous vîmes aussi
beaucoup de trombes sous dilférentes formes. La base disparois-
soit toujours la première; et tant que duroient ces phénomènes,
le ciel étoit très-orageux ; il tomboit même des averses accompagnées
de tonnerre. Lès oiseaux d e Malacasse (1) commencèrent
enfin à se montrer , et nous confirmèrent dans la douce
espérance que nous allions bientôt découvrir la terre. On sait
que ces oiseaux ne s’en éloignent jamais assez, pour ne pas
retourner le soir vers les baiës où ils passent ordinairement la
nuit. Nous ne tardâmes pas en effet à reconnoître les terres dù
Cap; mais comme le vent sud-est qui souffioit nous c.ontra-
rioit, nous jugeâmes qu’il étoit inutile dé tirer vers la rade où
les vaisseaux mouillent ordinairement; nous gagnâmes donc,
le soir avec beaucoup de peine,la rade dé Robben-Eyland. Les
ouragans que nous éprouvâmes furent pernicieux aux jeunes
plantes et aux petits arbres à pain que j’avois apportés de Ceylan,
et qui m’avoient coûté tant de soins ; ils ne purent résister au froid
et au roulis du vaisseau : j’éus la douleur de les voir dépérir
et enfin mourir. 1
(1) Pelecanus sula. L. Le fou commun. Buff. Hist. nat. des ois. vol. V I I I ,
p. 368, t. 29. L a m .
C H A P I T R E X I I I .
S é j o u r au Cap. — Départ pour l ’Europe. — Tempête.
— Arrivée au Texel. Du 2/ avril au premier octobre.
L e lendemain 27 avril, nous mouillâmes heureusement dans
la rade ordinaire , où nous trouvâmes onze vaisseaux à l’ancre.
Quand les commissaires eurent visité le vaisseau, on nous permit
de mettre pied à terre. Parmi les onze vaisseaux en rade , il y
en avoit un suédois , et j’ eus bientôt le plaisir d’embrasser plusieurs
de mes compatriotes et de mes amis. Ils me remirent aussi
différentes lettres d’Europe , qui me prouvèrent qu’en mon
absence on songeoit à moi; elles m’apprirent que je venois
d’être nommé démonstrateur de botanique à la place du professeur
Linnée, qui lui-même avoit succédé à son savant et célèbre
père.
Arrivé dans la ville*, du Cap, je retoifrnai chez M. Fehrsen ,
mon ancien hôte ; et je repris possession des appartemens que
j ’avois. occupés trois ans auparavant à mon premier passage.
Pendant qu’on les nettoyoit, je fis une découverte qui mérite
d’être communiquée au lecteur. Une cassette à couvert plat,
appartenante au maître de la maison, se trouvoit dans l ’antichambre:
à mon premier passage elle m’avoit servi à étaler .mes
plantes et autres productions naturelles que je recueillois dans
nies courses, et que j envoyois ensuite en Europe par des vaisseaux
de retour. Durant ces opérations, une plante qui paroissoit
très-sèche, et recouverte à l’extérieur de plusieurs écailles
sèches, étoit tombée entre ce coffre et la muraille elle resta
cachée jusqu’à mon retour; quand on dérangea le coffre, je trou ■
vai qu’elle avoit poussé une tige longue d’environ un quart
'd’aune , quoiqu’à l’époque où je l’avois ramassée, dans Je désert-,
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