
formèrent deux haies longues d’un demi-mille, entre lesquelles
nous passâmes. Cette marque de déférence flatta seaucoup
yanité des Hollandois. ' . ' '
Le gouverneur de Nagasaki avoit chargé un hanjos de la conduite
de l’ambassade., tant en allant qu’en revenant. Cet oüi-
cier voyageoit dans un grand nôrimon (1) , et I on portoit e^
vant lui une pique pour marque de sa dignité. On lui avoit donne
plusieurs sous-banjos pour exécuter ses-ordres. Le premier interprète,
homme d’un certain â g e , étoit chargé de tore la
dépense pendant toute la route, et de pourvoir a tout, l-on
ne sauroit trop louer sa prévoyance et son économie : a a
vérité y y trouve aussi son compte. La Compagnie hollandoise
dont il a ménagé les fonds., car c’ est elle qui défraie toute
cette karavane , le récompense largement de sa bonne gestion.
Cet interprète est porté dans un oango.
Deux cuisiniers japonois de la factorerie préparent les mets
des Hollandois qui mangent g la table de l’ambassadeur. Le
gouverneur nous donna, parmi beaucoup de domestiques,.six
Japonois, qui entendoient et parlaient le hollandois
Les cuisiniers partaient toujours avant le corps de la karavane
, afin que nous trouvassions notre repas tout prêt en arrivant
à la station, soit à midi, soit au soir. Ils emportaient les provisions
nécessaires ; de plus, une table , trois sièges phans, du
linge, &c, de manière qu’ en arrivant, nous étions sûrs de trouver
le couvert mis. Ils avoient aussi avec eux des écrivains, charges
de tout le détail et de tenir un état de la dépense.
L ’ambassadeur, son secrétaire et moi avions chacun un
excellent norimon magnifiquement vernis. On étoit moins bien
traité du tems de Koempfer, car ce médecin et le secrétaire
(i)-On -trouvera plus' tes la description dn norimon et des antres -voiture*
japonoises. Rédacteur.
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d’ambassade furent obligés- alors de faire la route à cheval,
exposés- au froid et à. toutes les injures du tems (i). ; :
Les-norimons-sont des espèces de caisses de carrosses , faites
de planches: très-minces, et de cannes de bambou, avec des
fenêtres, sur le devant, et sur les deux côtés aux portières.
On peut, s’y asseoir à l’ aise , et même s’y coucher en pliant un
peu les jambes. L’intérieur est revêtu de belles étoffes de soie
et de Velours découpé. Dans le fond est un matelas de velours
avec une couverture de la. même étoffe. On a le dos et, les
coudes, appuyés- sur d'es traversins , et l ’on est assis sur un
coussin rond, percé dans le milieu. Sur le devant sont une ou
deux tablettes , où l’on peut mettre une éeritoire , des livres
et autres objets. On baisse les fenêtres des portières pour se
procurer de Pair, ou bien on les ferme-avec des rideaux et des
stores de bambous. Je ne connois point de voiture plus commode.
C’est une espèce d’appartement ambulant. Il faut y rester très-
lOng-tems pour se sentir un peu fatigué. L’extérieur d'e la caisse
est vernissé et orné de peinture. Un bâton passé en travers pardessus
l’impérial, sert à la porter sur les épaules. Le nombre
des porteurs est proportionné au rang du voyageur. Ils sont au
moins six , et-quelquefois plus de douze. La moitié des porteurs
marche à vuide pour relever les autres. Ils chantent de tems en
tems pour s’amuser et soutenir leurs pas en mesure (2).
Outre les effets que nous avions envoyés en avant par mer ,
nous chargeâmes encore plusieurs chevaux et porteurs' de
petites malles qui rcnfermoient nos habits*, de lanternes , d’une
quantité de vin et de bière de Hollande suffisante pour notre
consommation journalière 5 d’un déjeuner en porcelaine du
f l) Histoire du Japon , t. I I , p. 2g4
ét suiv. Il décrit soigneusement tout
le harnois du cheval et tous les objets
nécessaires aux voyageurs. Rédacteur.
(2) On voit que lés norimons ressemblent
parfaitement aux palehy des
Indiens, que nous nommons palenkins.
Note du Rédacteur.