
1776-
Miaco est la plus ancienne, capitale du Japon , et en même
tems la ville la plus commerçante et la plus grande de ce
royaume. C’ e s t, sans doute , sa situation qui lui a valu la majeure
partie des avantages dont elle jouit. Elle se trouve en
effet presqu’au milieu de la province , dans une. plaine longue
d’un mille d’Allemagne et large d’un demi-mille. Les négocians
■ y ont attiré des ouvriers et des artistes très-habiles, et l’on s y
procure tous les objets imaginables de néeessité et de lu xe , particulièrement
des ouvrages vernissés , des velours, des étoffes
en soie , or ou argent, du cuivre, des soyas, des draps et des
armes excellentes. „ ,
C’est encore ici que l’on affine ce beau cuivre du Japon,
après l’avoir fait fondre, et que l’on frappe toute la monnoie.
Les prêtres attachés à la cour duDaïri cultivent la littérature ,
et forment ici une espèce d’académie , et la plupart des ouvrages
japonois sortent des presses de'cette-ville.
Nous reçûmes ici du premier interprète la valeur de trois cents
rixdales (i) en kobangs nouvellement battus, pour acheter dans
la route des marchandises ou des objets de curiosité. Le secrétaire
de légation, ainsi que moi, fûmes obligés de rembourser
cette somme en hambangs sur les capitaux que nous avions à
Nagasaki, • _
Nous reçûmes la visite de plusieurs marchands à qui l’on permit
de nous venir voir, et nous leur commandâmes des ouvrages
de soya et de lack, des éventails et autres colifichets.
Le i 4 avril nous partîmes de Miaco, et avant d’avoir fait un
mille nous nous reposâmes à Keagui; un peu plus loin nous limes
encore,une pause à Iaco Tchaïa; nous passâmes à Fasiri, qui
n-’étoit guère à plus d’un mille de notre dernière station, et à
une pareille distance d’Isaba , ou O ïts, où nous dînâmes, Oïts
est situé auprès d’un lac du même nom, qui, quoique très-étroit,
(1) 1200 liv. argent de France. Rédacteur.
est d’une longueur extraordinaire , car il a au moins quarante
milles japonois. Suivant-les anciennes annales de-ce royaume,
ce lac se forma dans une seule nuit par un tremblement de
terre j tout-à-coup le sol s’affaissa et fut inondé. Ce lac favorise
infiniment le transport des marchandises, et établit une grande
circulation entre tous lés pays situés dans ses environs.
Comme il ne renferme que de l’ eau douce, je fus. surpris d’y
trouver des saumons. Ce poisson,est très-rare, pour ne pas dire
introuvable, dans toutes les Indes orientales ; le premier que je
vis pouvoit peser environ dix livres. On nous en servit souvent
pendant le reste de notre voyage ; nous en fumâmes pour
notre retour ; mais ils ne me parurent pas aussi-bien préparés
ni aussi gros que ceux d’Europe.
L ’après-midi nous fîmes un mille pour arriver à Tsetta ; a
Sekinova un mille j et à Kousats , où.nous couchâmes, un peu
plus d’un mille : ce dernier village contient au moins cinq cents
maisons ou ménages. Auprès "de Tsetta nous passâmes une rivière.
sur un pont de trois cents cinquante pas de, longueur , construit
suivant lesrègles de l’architecture japonoise, avec beaucoup d’or-
nemens et des gardes-foux. Ce pont traversoit une petite île qui
n’étoit séparée dû village que par un bras de rivière très-étroit.
Le lendemain i 5 avril, notre journée fût de plus de onzemilles
dans la riche et fertile province d’Omi, dont les villes et les
villages sont si voisins , qu’ils semblent se tenir. Je me contenterai
de citer les principaux endroits que nous traversâmes ;
;savoir , Ménoki ,• Issibe, Nasoumi, Isami, Minakouts , Ono ,
Matchou,Fitchoma, Inofara, Sava, etSakanosta. Nous dînâmes
à Minakouts , ville assez considérable ; je vis sur ma route beaucoup
de Japonois qui étaient venus pour consulter le médecin
hollandois, et en recevoir des remèdes. La plupart-avoient de
grosses glandes dures, des chancres, ou la maladie vénérienne ;
presque tous, les vérolés me parurent incurables , faute d’avoir
été traités à tems.
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