
l’approvisionnement du vaisseau, durant son retour (1). Ces
bestiaux restent dans l’écurie dans l’île de Desima. Cette etable
est ouverte pendant, l’é té , et fermée dans l’hiver. On les
nourrit de feuilles ' et d’herbes, que des domestiques japon ois
vont ramasser aux environs de la ville. En hiver, on donne a ces
animaux du riz, de lapaille de riz , et de jeunes branches d’arbre.
Je n’oubliai point d’examiner l’herbe qu’on leur apporloit
régulièrement trois fois par jour, et j’y trouvai des. plantes tres-
rares., que je jugeai dignes de figurer dans les herbiers d’Europe.
Ces découvertes me rendirent encore plus pénible l’espèce de
captivité où l’on tient ici les-Européens. J’enviai le sort de
nos pigeons , qui sont moins suspects e t moins gênés que des
hommes attirés par le goût du commerce et le désir de s’instruire
sûr ces rives lointaines,. à travers mille périls.
Le 16 et les jours suivans, on s’occupa de transporter à terre
les habits , les meubles et les provisions des officiers , ainsi que
le v in , la bière et autres comestibles. On. débarque ces objets
avant les marchandises, et c’est ordinairement l’occupation des
trois premiers jours.
Le 4 septembre, les Japonois visitèrent le vaisseau. Les marchandises
des particuliers qui ne dévoient pas être exposées
en vente , furent envoyées à - terre ; on travailla bientôt au
transport de celles destinées à être vendues. Les: objets qu’on
auroit oubliés dans le tumulte du débarquement, ne pouvoient
plus sortir du bâtiment, ni passer dans le commerce. On visita
ensuite très-attentivement le vaisseau, à l’ exception du fond
de cale et de la sainte-barbe. .
(î) Les Japonois n’ont ni moutons
ni codions. Le petit nombre de boeufs
et de vaclies cju’on trouve cbez eux }-
sont de la plus petite espèce ; on les
emploie quelquefois an labourage ,
mais on n’en mange pas la chair, et
l ’on ne fait' pas même usage du lait.
( Thunberg.
Il ne fallut pas moins que tout le reste dit mois pour débarquer
toutes les marchandises appartenantes à la Compagnie.
A peine fut-il à moitié déchargé, qu’on commença d’y embarquer
des barres de cuivre enfermées dans des caisses. Comme
notre vaisseau étoit le seul de la Compagnie qui eût fait' cette
année le voyage du Japon , l’on y mit cargaison et demie , c ’est-
à-dire , six cent soixante-dix caisses, pesant chacune un pickel
ou cent vingt livres (1),
Nous, reçûmes à bord la visite de pjusieurs princes et des deux
gouverneurs (2) de la ville de Nagasaki;;-ils eurent la curiosité
de venir voir notre vaisseau, amiral à trois ponts. Il y avoit très-
long-tems qu’il n’ en étoit venu au Japon d’aussi grand et d’aussi
beau. Un interprété, attaché depuis trente ans à la factorerie
hoiiaruloise , m’assura n’en avoir pas encore vu de.pareil.
Nous perdîmes, vers la même .époque , un de nos matelots ,
qu’on avoit transporté avec d’ autres malades , dans l’infirmerie
de l’ île. Dès que le gouverneur, de Nagasaki en fut instruit ,
il donna la permission de l’enterrer. Des Japonois furent chargés
de visiter le cadavre , ce qu’ils firent avec beaucoup d’exactitude.
Ils 1 enfermèrent ensuite dans un cercueil de planches , et 1©
conduisirent de 1 autre. cote du- port, où il fut enterré. Ou
prétendit qu’ils né tarderaient pas à l’ exhumer pour le brûler
selon leur usage. C’est sur quoi je n’ ai pu me procurer de rensei-
gnemens bien certains.
Après, avoir été obligé de coucher quelque tems à bord du
navire auprès dè Papenberg, je fus enfin relevé, dans le mois
de novembre , par le médecin qui me laissoit sa place pour
retourner a Batavia. Je m’attendois à demeurer ici au moins un
an. On mit à la voile peu de jours après son arrivée , et quatorze
Européens restèrent isolés, avec quelques esclaves et quel-
D a
( 1) Voyez • ci-dessus, p. 21.
(2) Voyez ci-dessus ; p. 8,