
Quoiqu ils soient aussi très - amateurs de musique, ils n’ont
pas encore perfectionné leurs instrumens, ni leur système musi-
cal (1). Ils accompagnent toutes leurs fêtes d’un charivari de tambours
, de flageolets, d’instrumens à cordes , de sonnettes , de
grelots, &c. Les femmes , sur-tout, cultivent la musique vocale
et instrumentale.
Elles jouent par préférence d’une espèce de luth à quatre cordes
, sur lequel on frappe ou plutôt qu’on pince avec les doigts ; le
son n en est nullement agréable 3 cependant elles s’en amusent
pendant des soirées entières.
Leur loto ressemble beaucoup à l’instrument que nous nommons
psaltérion ; il a une brasse de long et un pied de large, avec
treize cordes, dont Ton tire des sons en les ébranlant avec un
petit crochet. C’est, à mon avis, le plus harmonieux de leurs instrumens.
§■ XI I I . Médecine.
La médecine n’est pas plus avancée chez eux que Fastronomie ;
elle se borne à la connoissance des vertus de quelques simples et
à la composition de quelques médicamens. Ils n’ont aucune idée
de l’anatomie.
Les médecins japonois se divisent en plusieurs classes 3 les uns
s’occupent des maladies internes , les autres des maladies externes,
ou plutôt de la chirurgie 5 d’autres appliquent les ventouses
de nous procurer des notes exactes et
curieuses sur la musique et le théâtre de
la Chine et du Japon ; il n’en parle
qu’une seule fois dans tout le cours des
Mémoires ju r Vhistoire , les sciences, les
arts j çtc. des Chinois , ouvrage trop peu
connu , et cependant bien digne de
l’ê tre, par les notices de toute espèce
qu’il renferme. Note du Rédacteur.
(1) L a musique fait cependant une
partie essentielle du culte de Foé ou
Chaca, et tous les Bouddisles s’y livrent
autant par dévotion que par goût, d’après
le témoignage de Rubruquis, qui
a traverse le pay* des Ouyghours, c’est-?
à-dire , une bonne partie de là Tatarie
en 1205. Voyez la Collection des Voyages
faits en Asie dans les douze treize
et quatorzième siècles , par Bergeron ,
première partie, p. 5o. Note du Réd.
avec le moxa, quelques-uns se bornent aux piquures d’aiguilles
ou bien aux frictions 3 ces derniers se promènent dans les rues
tous les soirs, et offrent leurs services par des cris qui leur sont
particuliers. Les refroidissemens , les transpirations interceptées
et les rhumes occasionnés fréquemment par l’intempérie de l’air,
rendent les frictions bien utiles.
Les médecins qui traitent les maladies internes se croient bien
supérieurs aux autres en dignité et en science. Ils se font distinguer
par la nudité de leur tête qui est entièrement rasée 5 ils
n’administrent guere que des décoctions de simples qui excitent
les urines ou la suernq ils donnent aussi quelques poudres, mais
ils ne connoissent point les remèdes composés. Ceux qu’ils emploient
se trouvent dans le pays même , ou bien sont apportés
par les Chinois. Ils tâtent le pouls pendant un quart-d’heure à
chaque main 3 ils n’ont que des connoissances bien incertaines sur
la fièvre et antres maladies internes, et ne les guérissent que par
hasard. Leur profonde ignorance en anatomie et en physiologie
les prive des premiers secours nécessaires à l’art qu’ils se mêlent
d’exercer. Les médecins les plus instruits , ou, pour parler plus
correctement, les moins ignorans, sont ceux de la cour, et les
interprètes qui ont occasion de fréquenter les médecins européens.
La brûlure avec le moxa et les piquures d’aiguilles, ne sont
pas moins en vogue au Japon que la saignée en Europe. Le moxa
sert non-seulement à guérir, mais encore à prévenir certaines
maladies. On administre ce remède aux personnes de tout âge et
de tout sexe , et sur presque toutes les parties du corps, sur les
muscles, les nerfs, sur les chairs, principalement sur le dos.
Les chirurgiens brûleurs choisissent l’endroit d’après un tableau
imprimé qui leur sert de guide( 1 ). On applique les ventouses pour * V
On en trouve un dans les dtncenitales
exotic oe de ICoempfer, page 601. Réd.
V V 2
(1) Ce tableau se nomme Kiou-jou-
h a garni ( urendorum locorum spéculum).