
de ceux de la ville y commandent alternativement chacun pendant
trois années : celui qui n’est pas en fonction reste à la
cour. Et dès qu’il arrivé à Osakka , son prédécesseur est obligé
de partir pour rendre compte de sa gestion à l’empereur. — Mais
il est tems de reprendre notre route.
Comme il nous restoit encore treize milles pour nous rendre
à Miaco , nous partîmes le g de très-grand matin.
Il ne faisoit pas encore jour quand on vint nous réveiller : on
nous laissa à peine le tems de prendre une tasse de café et de
préparer nos tartines de beurre pour déjeuner : il fallut nous
placer dans, nos voitures. Des hommes avec des flambeaux
marchoient devant nous en chantant, car il faisoit encore très-
obscur. Arrivés à un grand village nomméMorikuts, à deux milles
d’Osakka, nos porteurs sè reposèrent un moment et allèrent
ensuite tout d’une traite à Firakata, autre village encore plus
grand que le précédent, et qui en e st. à trois milles. Nous
prîmes ici quelques rafraîchissemens. Nous nous reposâmes ensuite
à Iodo, qui est à un mille au-delà , et nous ne dînâmes que
fort tard à Fusimi, à un peu plus d’un mille d’Iodo , petite ville
riche et belle. Son pont nommé Iodobas , l’un dès plus grands
du royaume, a quatre cents pas de long. La citadelle qui la
protège, est bien bâtie à l’ extrémité de la ville : un prince
souverain y fait sa résidence.
Fusimi, qui n’est qu’un simple village, a cependant trois
milles de long, et s’étend jusqu’à Miaco, dont il est proprement
un faubourg.
Je ne crois pas avoir jamais fait de voyage pins agréable que
celui-ci, excepté dans la Hollande , où le paysage ne le cède
en rien à celui que j’avois alors le bonheur de contempler
et de parcourir. Que ne puis-je offrir une légère esquisse de ce
ravissant tableau ! Mais comment une plume aussi peu exercée
que la mienne se hasardieroit-elle à décrire des sites pittoresques
Ornés de champs soigneusement cultivés , et de nombreux
villages qui semblent se toucher, et dont le voyageur ne peut
pas souvent discerner les limites? Pendant toute cette journée
nous crûmes voyager plutôt dans une rue que sur un chemin.
J’apperçus pour la première fois quelques charrettes. Ces voitures
à roues , les seules que l’on connoisse au Japon, ne sont
en usage que dans les environs de Miaco. Elles sont petites, et
n’ont que trois roues’ d’un seul morceau de bois scié, deux.par
derrière et une en devant, avec des bandages de cordes pour
les empêcher de s’user ; quelques-unes de ces roues sont absolument
faites à la manière européenne, avec des rais et des
moyeux , mais non ferrées et très-fragiles. J’ai vu dans la ville
des voitures qui n’avoient que deux roues et qu’un seul boeuf
traînoit. Celles-ci étoient encore plus grossièrement construites
que les autres. Il est expressément ordonné aux conducteurs
de n’aller que sur les bas-côtés des routes. Et comme il y en
a un très-grand nombre, -il leur est également enjoint de ne
partir de chez eux que le matin, et de n’y rentrer que dans
l’après-midi, afin d’éviter les embarras.
On trouve dans toutes les auberges des moindres villages de
petits gâteaux de farine de riz blancs ou verds j les voyageurs et
nos porteurs en achetoient pour manger avec du th é, qu’on
tient toujours prêt.
Nous occupâmes à Miaco le second étage d’une hôtellerie ;
nous n’étions pas ordinairement logés si haut. On nous donna
la permission d’ouvrir nos grandes malles pour y prendre du
linge blanc -, des habits , et tout ce qui nous étoit nécessaire
pour lé reste du voyage jusqu’à lédo.
Pendant les quatre jours que nous restâmes à Miaco, le
grand juge et les deux gouverneurs de la ville nous donnèrent
audience ; ils nous régalèrent de thé verd, de tabac et de pâtisserie.
On nous porta à ces audiences dans nos norimons, et
nous leur offrîmes des présens au nom de la Compagnie hollan-
doise.