
C H A P I T R E VI.
D e s c r i p t i o n de la ville et du port de Nagasaki. — Isle de
Desima louée aux Hollandais. — Emiuis et mortifications
qu’ ils y éprouvent.
L a ville de Nagasaki (1) est ouverte, sans fossés , murailles m
citadelle. Dans .ses rues tortueuses circulent des canaux des- ■
tinês à recevoir les eaux qui descendent des montagnes voisinës,
et qui se déchargent dans le port. A l’ arrivée des Portugais cette
ville n’étoit qu’un misérable hameau ; par l’affluence des commer-
çans étrangers, elle s’est accrue au point où nous la voyons au- ■
jourd’hui • elle contient un grand nombre de temples bâtis sur les
hauteurs et dans les plus beaux sites. Chaque rue a une porte à
ses deux extrémités ; par ce moyen , on intercepte toute communication
avec les rues voisines : ces portes sont fermées pendant
toute la nuit. Les rues n’ont pas plus de trente ou quarante brasses
de long, et contiennent un pareil nombre de maisons; elles sont
inspectées par un officier qui y demeure. Les maisons ont rarement
deux étages. Le second, lorsqu’il y en a,un , est fort bas.
Dans chaque quartier il y a un bâtiment qui renferme tous les
ustensiles nécessaires dans les incendies.
La ville est gouvernée par quatre espèces de maires, qui ont
fi) Nagasaki est située dans la partie
sud-ouest des isles du Japon, au 33e
degré de latitude septentrion, et au
1 /,8e 5o min. de long. Bezittingen der
oost Indische maatschdppie , (étatlissè-
mens de la Compagnie deslndes orientales),
p. i 3 du t. I des Verhandelingen
van het, fic. (Mémoires de la
société de Batavia , en liollandois ).
Koempfer observe que, malgré la
mauvaise orthographe de certains
voyageurs qui écrivent Nangazakiil
faut prononcer Nagasaki, conformément
au mot original, qui est divise
en deux parties. Note du Rédacteurs
sous eux desottonas ( i) , et un nombre suffisant d’officiers de dif-
férens grades , qui leur servent à maintenir une excellente
police.
Nagasaki est le seul port du Japon dont l’entrée soit permise
(1) Nous croyons devoir donner un
extrait du cliapitre de VHistoire du- Japon,
de Koempfer, sur la police et les
officiers de Nagasaki.
Cette ville a, depuis 1688, trois to-
mosania (seigneurs ) ou gouverneurs ;
deux restent à la v ille , le troisième à
la cour, et v i e n t a u bout de deux
aiis , relever le plus ancien. L ’empereur
garde leur famille en otage. Leur
revenu montoit alors à trois mille ou
deux mille kokf de riz, c’est-à-dire,
de sept à dix mille thaëls.. Mais les
présens leur font un casuel immense.
Leur cour est composée de dix yoriki
ou conseillers, qu’on nomme aujourd’hui
Iciou nindjou, de trente doudjou,
nommés aujourd’hui sita yaka, d’un
certain nombre de pages, des dôos'en,
qui sont les assistans des yorïki, des ka-
roo ou intendans-maj or dômes, qui sont
au-dessus d es yoriki, des sodjo ou gentilshommes
introducteurs ; enfin, des
iouhadjo ou valets-de-chambre.
Les autres magistrats et officiers
de la ville sont quatre ninban ( gardiens
annuels ) , dont les fonctions durent
une année. Elles consistent' à informer
le gouverneur de fout ce qui se passe'
dans la ville. Ces espèces de maires se
nomment encore to-dji-yori~sin ( sénateurseou
anciens ) , parce qu’on les
choisissoit autrefois parmi les habitans
les plus âgés de la ville; Les djoyosi
( chefs perpétuels ) , sont les lieutenans
des to-dji-yo-ri. Quatrenenguiosi ( officiers
annuels). Cesont les agens du
maire auprès du gouverneur ,> à qui ils
remettent 'toutes les missives du premier.
Tels sont les officiers municipaux
de Nagasaki.
Mais sans nous arrêter aux compagnies
d’archers, de tanneurs , &c. nous
allons donner la nomenclature des magistrats
particuliers de la même ville.
Le principal est Vottona ou commissaire
de police. Il y en a un pour chaque
ru e , avec trois' commis nommés
oogoumi, oya, ou oogoumigadjira (chefs
de la grande communauté). Les habitans
de chaque rue se divisent en go-
ningoumi ( escouades de cinq hommes),
Chaque^ compagnie a son ko go-
mi-gadj ira ( caporal).
L e fisia ( ou secrétaire - greffier ) ,
est encore un officier de la rue.
Le takoura kakou (garde jo y au x ) ,
trésorier, qui garde la caisse commune
des habitans de la rue.
Le nitchiyosi ( messager de la rue ) >
&c. Note du Rédacteur.