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tèrent pas : ils obligèrent leurs ennemis de sè sauver sous le premier
pont. Le prince se retira , et ils firent sauter le pont ; ils
attaquèrent successivement et firent sauter le second et le troisième
pont : enfin le Vaisseau coula à fond , les vainqueurs et
les vaincus périrent. Ce combat dura six heures, et plus de douze
mille Japonois y perdirent la vie. Trois cents caisses d’argent
furent englouties dans la mer, d’où on les a ensuite retirées.
Nous avons donné une idée des variations et des entraves que
le commerce des Hollandois a éprouvées. Les Portugais avoient
gu d’abord assez de crédit pour les exclure entièrement 5 cependant
ceux-ci ne se rebutèrent pas ; ils établirent leur factorerie
dans une île voisine de Firando , d’où ils furent chassés dans
la suite. Ils obtinrent de l’Empereur Jejassama, en 1611, la për-
inission authentique de trafiquer dans toute l’étendue du Japon.
Leur commerce fut des plus florissans jusqu’en 161g, qu’ils eurent
l’imprudence de demander le renouvellement de cette permission
àFide-Tada. Depuis cettë époque ils ont éprouvé dés dés'agré-
mens de toute espèce , des restrictions et des prohibitions décourageantes.
En i638, on leur enjoignit d’abattre leur beau magasin
de Firando , qui étoit en pierres de taille.
L ’inscription A. C. placée au-dessus de la principale porte dé
ce magasin, donna des inquiétudes à ce peuple ombrageux et
exaspéré par les outrages et les vexations des Portugais. Enfin les
Hollandois eurent ordre d’abandonner Firando (1) , pour passer
à Nagasaki, port situé à l’extrémité du royaume, et le seul où il
leur soit aujourd’hui permis de venir mouiller.
Ils apportoient, dans les çommencemens, de la soie écrue, 1
(1) Voyez le Récit historique de la démolition
d’ uiie forteresse et de quelques
édifices construits à Firando , dans le Japon
i par les Hollandois établis dans cet
empire 3 au mois de novembre 164o ,
p. 229 du tome IV dù Recueil des Voya«
ges au Nord. Rédacteur,
des étoffes de même matière, du chagrin, du maroquin, du
poivre , du sucre , du gérofle , delà muscade , du camphre
barros, du vif-argent, du safran, du plomb, du borax, de l’ alun ,
du musc, du laque , du benjoin, du storax, du catéchu , de
l’ambre , du costus arabicus , du corail, de l’antimoine., des
glaces , du lignum colubrinum, des limes, des aiguilles , des
verres, des lunettes, des oiseaux et d’autres objets curieux,
sur lesquels ils faisoient un gain immense. Ils tiroient de Firando
la valeur de six millions de florins, dont quatre millions en argent.
Ils demandèrent l’exportation du cuivre, qui leur offroit
alors plus d’avantages encore que l ’argent5 mais des ce moment
l’exportation de ce dernier métal fut rigoureusement prohibée.
Quand il s’agit d’embarquer le cuivré , on le pèse dans une
grande balance hollandoise. Chaque caisse contient un picle et
un catche en sus pour la .tarre. Les administrateurs établis à
Ourust près de Batavia, prennent un cinquième de ce catche ;
le capitaine garde trois autres cinquièmes pour lui, et le reste
appartient au premier pilote , pour les dédommager du déficit
qui se trouve souvent dans le poids dont ils répondent. Malgré
ceS indemnités , le capitaine et le pilote y sont toujours de
retour, parce que lés Japonois qui transportent les caisses de
cuivre à bord, ont l’adresse d’en distraire quelques-unes. Ce
peuple, d’ ailleurs si fier, ne sé fait pas scrupule de voler des
marchands hollandois ; ils vendent ce cuivre aux Chinois. L ’année
dernière le Capitaine perdit cinquante-deux piclës. !
Le commerce essuya un nouvel échec en 1672 , de la part de
Inaka-Mino, favori de l’ empereur DaïrJojin et ennemi déclaré
des Hollandois. Il fut parfaitement secondé par un de ses parens,
gouverneur de Nagasaki. Celui-ci se fit présente! un échantillon
de toutes les marchandises que les Hollandois avoient apportées
cette année , il les montra aux marchands et leur demanda le
prix qu’ils y mettoient, et la quantité qu’ils en prendroient il
fit ensuite pour son compte des offres bien inférieures à l’éva