
mais je n’en rencontrai pas un seul plant. Ce précieux végétal,
si nécessaire à tant d’indiviAis , a été apporté par les Portugais,
et c’est pottr ainsi dire l’unique vestige de leur séjour an
Japon. Les Japonois ne lui ont point donné de nom particulier
dans leur langue , et l’appellent tout simplement fabucco. Ils le
hachent aussi fin qu’un cheveu, et le fument dans dé petites
pipes de métal.
Le muguet du Japon (t) port oit des fruits ; les Japonois et les
Chinois prennent, dans différentes maladies-, les oignons de
cette plante confits dans le sucre.
Le bled noir (2) croît en grande quantité auprès des habitations
et sur les collines. On cultive le premier, et la farine
qu’on en tire sert à faire des gâteaux pour le bas peuple ;
l’autre vient spontanément ; sa racine. , mangée crue, est
cordiale. Ou dit que cuilé sous, la cendre elle a Un goot amer.
Je vis àlasida un Tarée. (3) d’une longueur et d’une largeur
prodigieuse. Les uns prétendent que cette plante se trouve jettée
sur ces parages par la mer 3 d’autres- disent qu’elle vient de la
grande île de Matsmaï , au nord du Japon .- on- nettoie cette
plante et ou la ratisse pour enlever le sable , les ordures et la
peau. Le dessous est blanc et se mange en buvant du sakki,
ou bien avec du sandjo et du fagarier (4) , quoiqu’elle soit un
peu, dure. Coupée par morceaux et cuite elle renfle prodigieusement
, et on la mêle dans différens ragoûts. Pour manger cette
plante crue, on la coupe par bandes longues Je deux pouces et
Je la largeur Je l’ongle. Ces bandes se plient par quarrés et
forment de petits rubans qu’on lie arec une autre, petite
bande de. la même plante , longue de trois pouces et large * 2
(r) Convatlaria Jàpomca. Kïuno jige. (3) Fucus saccharînus. (Kamh ou ko -
Koemnt. Amoen. p. 823 et 824. Cette hou en japonois ; quelques-uns le nom.
petite plante a l ’âspect' cfun liypoxis. ment nosi. J
(2) Folygoiium fagopyrum. ' (4J Fagarà pipertia.
d’une ligne. Il y a quelquefois une dixaine de ces petits arbres
dispersés sur la petite table aux présens qu’on offre ou qu’on
reçoit dans différentes occasions. Les présens, comme on sa it,
forment un des principaux articles du cérémonial asiatique. Les
Japonois accompagnent les leurs d’un morceau de papier plié
d’une manière assez singulière, et qu’ils nomment papier de
compliment. A chaque extrémité de ce papier , ils collent une
bande de fucus longue d’un quart d ’aune et large d’un pouce.
J’examinai, en passant par quelques villages , de quelle manière
se fait l’huile de l ’abrasin ;( r ) , qu’on brûle dans les
lampes. Le pressoir pose immédiatement à terre ; il est formé
par deux poutres, entre lesquelles on écrase la graine , dont
l’huile, s’écoule par un canal creusé exprès dans le bois, et
tombe.,dans un vase. La poutre, inférieure reste immobile;
on ajoute au poids de la poutre supérieure une pression considérable
en frappant des coins avec une massue de bois.
Après »avoir décrit les principaux végétaux qui ornent et
enrichissent les environs de Nagasaki et les îles voisines , il
ne roe. reste plus qu’à parler de ceux que j’ai observés pendant
notre voyage à la cour d’Iédo. Je me promettais d’immenses
richesses botaniques dans ces campagnes que les Européens
ont si rarement occasion de parcourir. L’infatigable et minutieuse
activité des laboureurs trompa mon attente. .Pas un seul
brin de mauvaise herbe , pas une seule plante parasite dans
tous leurs champs.; autant il en paroît., autant d’arrachée, et
l’on trouve rarement à se dédommager dans les terrains.inculte,
s , ■ car les Japonois ne négligent pas le moindre coin de terre
susceptible de végétation. Quoi qu’il en soit, je vais présenter
au lecteur lé petit nombre d’observations que j’ai pu rassembler.
A notre premier passage, c’est-à-dire , au commencement 1
( 1) Driandra cordata. ( Abrasin en jap on o is.)