
bâtimens amarés spr le rivage, annoncent assez- combien cette
ville est commerçante. Après avoir passé plusieurs ponts , les
portes .et des corps-de-garde postés sur les deux rives,nous nous
trouvâmes dans l’enceinte même de la ville.
Nous y fûmes très-agréablement logés et parfaitement bien
traités. Notre bote revêtu de son plus bel habit, avec un air
prévenant et du ton le plus affable et le plus respectueux ,
vint nous souhaiter , par le moyen de notre interprète, la
prompte et heureuse fin de notre pénible voyage, Un de ses
domestiques nous apporta son présent sur une de ces petites
tables quarrées , dont j’ai eu déjà occasion de parler. Ce présent
copsistoit en quelques belles oranges, à l’écorce, épaisse ; d’autres
plus petites nommées mécans, dont l’écorce est mince, et quelques
figues; (1). Ce présent étoit recouvert d’un morceau de
papier soigneusement plié et attaché avec des cordons de.papifer
doré , à l’extrémjté desquels peiidoit un morceau de varec qu’on
y avoit. collé ; des morceaux de la même plante étoient dispersés
à l’entour. Tout cela fait partie du cérémonial , et prouve leur
estime pour leurs hôtes.
On nous servit à notre soupé un gros poisson nommé abrame,
qui me parut excellent.
Arrivés à Osakka nous payâmes notre passage au capitaine qui
nous avoit conduits avec assez de prudence jusqu’à Fiogo dans
son nayire, et qui s’étoit chargé de faire transporter nos effets
jusqu’ici. Je lui donnai pour ma part six thaëls, sept mas et
cinq konderyns aux matelots, Il fallut en outre que, chacun de
nous comptât trois thaëls à ceux qui avoient eu soin de nos
norimons, six thaëls aux domestiques qui nous avoient été
envoyés par le gouverneur. Le total formoit environ seize
rixdalles.
Nous ne séjournâmes à Osakka que vingt-quatre heures. Nous
(1) Fruit du diospyros kaki, espèce du plaqueminier.
allâmes
allâmes chez plusieurs marchands à qui nous fîmes des commandes
pour notre retour , en leur laissant les modèles auxquels
il falloit qu’ils se conformassent. Les principaux articles étoient
des insectes de cuivre fondu ou de bois vernissé, des éventails
de différentes grandeurs, du papier à écrire et a tapisser, et
plusieurs autres curiosités du pays.
Osakka est une des cinq villes impériales du Japon (1), dépendantes
directement de l’empereur civil. -Elle est soumise à la
même administration que Nagasaki 5 elle a deux gouverneurs
qui se relèvent et résident alternativement à la ville et à la cour :
sa situation avantageuse sur lè bord de la mer, et en même tems
au" centre du royaume , en a fait une des places les plus commerçantes
du Japon. Les denrées y abondent de toutes parts,
et y sont à très-bon compte. Des fabricans et des négocians très-
riches , trouvent ici tous les moyens d’exercer leurs spéculations.
Le rez-de-chaussée de la plupart des maisons qui donnent sur
la rue est occupé par un attelier ou une boutique, dont l’étalage
artistement disposé attire les chalands. La rivière d’Iedogava que
nous remontâmes à la voile pour arriver dans cette ville , la traverse
en longueur, et y circule par le moyen de différens canaux
creusés pour favoriser le commerce. On passe ces canaux et
la rivière même sur les ponts de cèdre du Japon , dont quelques-
uns ont cinquante à soixante brasses de long.
Les agrémens de toute espèce que l’on trouve ici, ont déterminé
une foule de riches particuliers à s’y établir. La dépense de
ceux-ci, l’industrie.des artistes , et l’activité des négocians, ont
fait d’Osakka le Paris du Japon.
La citadelle construite à l’un.e des extrémités de la ville ,
avec de bonnes fortifications à la manière du pays, peut avoir
un mille en quarré. Deux gouverneurs absolument indépendans
(1) Voyez ci-dessus , l’énumération de ces'villes , dans ma note de la p. 20.
Rédacteur.
Tome I I . H