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la pleurésie , l’odontalgie ; elles sont souveraines pour la goutte
et les rhumatismes.
Le moxa n’est autre chose que la bourre (1) des feuilles d’ armoise
(2) ; on préfère les vieilles. Voici comment on les prépare.
On bat et l’on frotte ces feuilles jusqu’à ce que le vert disparoisse
et qu’il ne reste que le velouté, qu’on's'épare en grossier et en fin.
Ce dernier èst le meilleur, et l’autre remplace notre amadou.
Quand il s’agit d’employer ce moxa, on le roule en forme pyramidale
, et on le pose sur la partie malade; on y met le feu , et
quand il est entièrement consumé, il laissé une petite plaie qu’on
entretient pendant quelque temps pour en laisser d'écouler les
humeurs.
La principale vertu des piquures d’aiguilles est de calmer les
coliques d’estomac nommées senki, et que j’attribue à l ’usagé
dü sâcki. Ils font neuf trous pour donner , d’après leurs préjugés,
des issues aux vents. On fait aussi dés piquures dans d’autres
parties du corps. Les aiguillés dont on se sert sont en argent ou
én or, et grossè's au plus comme un cheveu.
La permission de fabriquer ces aiguilles est réservee à un
très-petit nombre d’artistes privilégiés qui ont 'séulS-lè. talent de
leur donner la dureté et la flexibilité convenables. On les fait
entrer dans le corps en les tournant entre les doigts, pour éviter
les parties osseuses et cartilagineuses.
Les maladies qui m’ont paru les plus Communes sont la colique
senti, dont je viens de parler, et dont ne sont pas même exempts
les étrangers qui séjournent quelque temps dans le pays ; elle
cause des douleurs violentes , laisse des tumeurs dans plusieurs
parties du corps, et cause sùuVent l’hydropisie, ensuite des maux
d’yeux et des glandes endurcies.
Les paysans sont très-sujets à avoir les yeux rouges et chas-
(i) T o m e n i i tm . f 2) Artemisia vulgàris.
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sieux, à cause de la fumée de charbon , et de l’ exhalaison de.
leurs latrines. Ils ont aussi des glandes, qui dégénèrent souvent
en chancres ; elles leur viennent ordinairement au col d’abord
grosses comme un pois , et bientôt comme le poing.
Les vents forts et froids qui se mêlent quelquefois aux grandes
chaleurs de l ’été fermant tout-à-coup les pores, arrêtent la transpiration,
causent des rhumes, de s rhumatisme s , des dyssenteries,
des diarrhées. Les Européens n’y sont pas moins sujets que les
Japonais ; la même cause agit également sur les uns comme sur
les autres, sur-tout quand ils mangent avec excès de certains
fruits du pays, tels que les figues de Kaki (1), que leur excellent
goût et leur parfum font tant rechercher.
Il y a déjà long-temps que la petite vérole et la rougeole sont
connues au Japon; mais on ne paroît pas les craindre ici plus
qu’ailleurs , et je n’ai pas même vu beaucoup de personnes qui
en fussent marquées ; cependant ils ne font pas usage de l'inoculation.
Pendant notre voyage à la cour, je fus consulté par un homme
qui avoit une hydropisie dans la tête depuis dix-neuf mois; elle
lui étoit survenue à la suite d’une rixe dans laquelle il avoit
reçu plusieurs coups d’un bâton de bambou , enveloppé d’un
linge. Une tumeur de la grosseur du doigt se prolongeoit depuis
le sommet de la tête jusqu’à la nuque., elles os du crâne étoient
tellement élevés et gonflés , qu’en portant la main sur une des
fontanelles , je la trouvai toute molle.
La fièvre miliaire que nous nommons chien~rouge, règne pendant
les mois les plus chauds de l’é té , août et septembre ; elle
attaque plus particulièrement les Européens. Le malade la garde
pendant plusieurs semaines et quelquefois des mois entiers : elle
produit des pustules élevées et rougeâtres , lesquelles tantôt
disparoissent en partie, et tantôt repoussent en plus grand nom-
(1) Frui'.s d’une espèce de ddospyros.