
le gouverneur. A la première tentative , ces forcenés lui auroient
fendu la tête d’un coup de sabre (1).
Un peuple aussi juste, mais en même tems aussi fier et aussi
courageux , “doit être implacable envers ceux qui l’ont, offensé :
en effet, je n’ai jamais vu d’hommes aussi haineux et aussi vindicatifs;
leur courroux ne s’exhale pas au-dehors, mais ils le
concentrent bien profondément, jusqu’à ce qu’ils trouvent l’occasion
de" se venger ; ils ne s’amusent pas à répondre aux insultes
ni aux injures, si ce n’est quelquefois par un souris amer et
malin, et par un long oe oe oe ; mais ils conservent une haine
profonde , que les excuses ni les tems, ni même les services ,
ne peuvent détruire. Loin de faire la plus légère impolitesse à
leurs ennemis, ils les accueillent avec des dehors de cordialité
capables de tromper quiconque ne les connoîtroit pas , et ils
saisissent la_première occasion de vous nuire ou de vous
perdre (2).
(1) Voyez Y Histoire civile et natu- nables, est bien celui d’un peuple
relie du Japon , par Koempfer , t. I I I , opprimé et avili par le despotisme sap.
320. cerdotal et politique. Note du Rédac
(2) Ce caractère odieux, qui efface , teur,
selon moi, toutes les qualités imagi-
C H A P I T R E
c H A P I T R E X I.
N o m s E T C O S T U M E D E S J a p o n o i s .
I i s ont, comme nous, nom de famille et nom d’individu.
Les noms de'famille sont immuables , et l’on ne s’en sert que
pour signer des écrits, auxquels on appose aussi son cachet; il
précède toujours le nom particulier , ce qui est diamétralement
opposé-à notre usage. C’est ainsi que les botanistes citent le
nom générique d’une plante avant son nom spécifique. Le nom
individuel est celui par lequel on les interpelle, et ils en changent
plusieurs fois dans le cours de leur vie. Le nom que les
parens donnent à un enfant au moment de sa naissance , se
change aussi-tôt qu’il a atteint l’âge viril; il change celui-ci en
prenant une 1 2 charge quelconque , et réitère ce changement
toutes les fois qu’il monte en dignité. On donne à l’empereur
et aux princes un nouveau nom après leur mort. Celui qu’ils
portent de leur vivant est une espèce de secret d’état.
L'es femmes changent plus rarement de noms ; elles prennent
ceux dés plus, belles fleurs.
Les hommes qui occupent les premières dignités de l’empire,
reçoivent des titres analogues à ces mêmes dignités. L ’em-
perèur ecclésiastique y ajoute des noms d’honneur.
Les Japonais peuvent se flatter d’avoir véritablement un
costume national. C’est en effet le même pour toutes lés classes
de la société , depuis les empereurs jusqu’au dernier de leurs
sujets. Il n’est point changé depuis deux mille an$,(i) , tant pour
(1) Cette assertion-ne paroî Ira ni iii- sait, par exemple, que les moeurs
croyable ni même surprenante à ceux des Arabes bédouins n’ont pas changé
qui ont quelques notions sur l’Asie. On depuis Abraham , qui étoit lui-même
Tome I L S