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C H A P I T R E X X V I .
C o m m e r c e d e s J a p o n o i s .
N o u s traiterons plus particulièrement ici du commerce que
font entre eux les habitans des ports et des villes de l’intérieur
des terres ; il est très-florissant, et libre de toute espèce d’entraves
; en outre les transports se font aisément et à très-bon
compte.
Les ports sont remplis de bâtimens de toute grandeur ; les
chemins couverts de voyageurs, de marchands et de marchandises.;
toutes les villes commerçantes sont abondamment fournies
de denrées et de productions des manufactures de toutes les
parties du royaume. On tient dans ces villes, et sur-tout à
Miaco , qui se trouve à-peu-près au centre du royaume, des
foires considérables qui sont le rendez-vous de tous les gros né—
gocians. Il faut avouer qu’il n’y à que ceux-ci, dans les diffé-
rens ordres de l’état, qui puissent aspirer à la fortune, mais non
pas à l’honneur ; car, avec toutes les sommes immenses qu’ils
peuvent avoir amassées, il ne leur est point permis d’acheter
des titres ni d’effacer le préjugé désavantageux et assez bien
fondé qu’inspire généralement leur profession. Les malheureux
et barbares Japonois ne sont pas encore parvenus à ce sublime
degré de civilisation où l’argent peut suppléer à tout. L’honneur
ni les honneurs ne sont pas éncore devenus chez eux une marchandise.
Ils comptent par dixaines,
Leurs balances ressemblent à nos romaines. Un bassin destiné
à recevoir l’obje’t qu’on veut peser, pend à une extrémité du
fléau ; de l’autre côté est un poids qu’on avance ou qu’on recule à
volonté. Chaque marchand porte toujours avec - soi une semblable
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D E S J A P O N O I S . blable balance enfermée dans une boîte avec une table de multiplication
; leurs principaux poids sont le man, qui contient 100,000
hohf, le kohf qui contient 3,000 bail ou sacs de vingt livres (1). '
Il n’y a que les provinces situées à l’extrémité du royaume,
qui fassent le commerce de thé1; on en exporte trè s -p eu ,
parce qu’il est fort inférieur au thé de la Chine.
Mais en revanche , on y fait d’excellent soya, bien préférable
à celui des Chinois ; on en transporte de nombreuses cuves
à Batavia, dans les Indes et en Europe. Certaines provincés en
font de meilleur les unes que les autres. Les Hoilandois ont
trouvé un moyen sûr de le rendre insensible aux effets de la
chaleur et de le préserver de la fermentation. Ils le font bouillir
dans des chaudières de fer, et l’entonnent dans des bouteilles'
dont ils goudronnent le bouchon. Cette liqueur codserve ainsi
toute sa force , et peut se mêler dans toutes les sauces.
La soie forme une branche de commerce considérable. Cependant
le défaut* de largeur de leurs étoffes ne permet pas d’en
faire une grande exportation. Les Européens ne peuvent en tirer
parti pour leurs habillemens.
On exporte aussi peu de porcelaine, quoiqu’il s’en fasse un
grand commerce entre les habitans; elle est d’une très-belle
pâte , mais trop épaisse et bien inférieure pour la forme' et les
couleurs , à celle de la Chine (2).
(1) L ’auteur ne donne guère plus de
détails sur les monnoics que sur les-
poids du Japon ; il se contente de renvoyer.
te leoteur à sa Dissertation sur
les monnoies japonaises, lue et imprimée
à Stockholm en 1779 : j G l’ai traduite
et placée à la tête de ce quatrième
volume. Note du Rédacteur.
(2) Ce n’est pas tout-à-fait l’opinion
Tome I I .
de M. de Pauw, que je soupconne-un
peu d’avoir loué les Japonois au* dépens
des Chinois, Malgré ma haute es-*
time pour ce savant, non moins recommandable
par son érudition que par sa
philosophie , je no puis me dissimuler
la partialité,-je. dirai même la passion-
qui perce dans ses ouvrages : les quinze
volumes des Mémoires sur les science.s et
Y y