
terre , et clouées par le haut à ce petit to it, servent à soutenir
des nattes de joncs , que l’on baisse et que l ’on roule ; ces espèces
de jalousies empêchent les passans d’observer ce qui se fait dans
l’intérieur de la maison, et préservent de la pluie les carreaux
de papier.
Les planchers sont toujours couverts de nattes épaisses de
trois ou quatre pouces , longues d’une brasse, et large d’une
demie , et bordées d’un ruban bleu ou noir. Elles ont les. memes
dimensions dans toute l’étendue du royaume; ou la tresse avec
une herbe fine (i) entremêlée de paille de riz. Ce n’est que dans
le palais impérial d’Iédo que j’ai vu des nattes plus grandes que
celles dont je parle. Chez les gens peu aisés, une partie des
appartemens n’a pas de nattés, particulièrement l’antichambre ou
l’on ôte ses souliers ; la salle de compagnie , couverte de nattes ,
a un plancher plus élevé ; des’cloisons à coulisses en forment
l ’enceinte. Les murs et les plafonds des appartemens sont tendus
en papier fort avec des fleurs peintes sur un fond vert, jaune ou
blanc, quelquefois sablé d’ or Ou d’argent. Comme la fumée ne
tarde pas à noircir cette tenture , on la renouvelle tous les trois
ou cinq ans ; on colle ce papier avec de la bouillie de riz très-
claire.
Les marchands et les ouvriers ont ordinairement leur magasin
, ou leur attelier-, ou leur cuisine sur le devant, et habitent
le derrière de la maison.
Le foyer de la cuisine consiste en un trou carré , au milieu de
l’appartement: ce trou est revêtu de pierres et environné de
nattes.. La fumée du charbon noircit tout, parce qu’il n’a pour
issue, qu’une ouverture pratiquée dans le toit en guise de cheminée,
et les nattes dressées autour du foyer causent des incendies
trës-fréquens.
(i) Fumus.
Chaque
Chaque maison a ses privés formés.par une ouverture oblongué
dans le plancher ; ils' ressemblent à une caisse posée de travers,
et sur le bord de laquelle ôn s’assied de côté. On trouve toujours
auprès des latrines un vase de porcelaine plein d’eau, pour
;se laver les mains.
. Chaque maison a sa petite cour avec une petite montagne ou
éminence couverte d’arbres, d’arbustës et de pots de fleurs. Les
plantes les plus communes sont le pin sauvage , l’azalée de l’Inde ,
l’aukuba et le nandin (t).
Dans les grandes villes , comme Iédo , Miaco, &c. toutes
les maisons ont un magasin bâti en pierres , où l’on sauve les
objets les plus précieux en cas d’incendie.
Il n’y a presque pas de maison qui n’ait sa salle de bains avec
les-baignoires.et ustensiles nécessaires; cette salle se trouve presque
toujours à une. des extrémités du logis. Au reste, il ne faut
pas chercher dans les appartemens des Japonois les commodités
et tous les agrémens "que nous avbns su nous procurer dans les
’nôtres en Europe ; ils ne sont pas non plus, à beaucoup près',
aussi chauds ni aussi gais. Les châssis de papier à demi-transparent,
ne contribuent certainement pas à les embellir.
Les édifices publies sont vastes et toujours fermés avec des
portes, quelquefois environnés de remparts et de fossés;j:et
munis de tours, sur-tout quand un Grand y fait sa résidence
ou y tient sa cour.
■ Quoiqu’il fasse très-froid au Japon, et qu?on soit obligé de;
s’y chauffer depuis le mois d’octobre jitsqu’au moi,stde mars,
l’usage des cheminées y est absolument inconnu; l’on ^Supplée
par le moyen de chaudrons de cuivre à larges bords, dont lé
fond est rempli de cendres ou de mortier, sur lesquels on met
(i) Pinus silvestris
Tome I I .
azalea Indica, aucuba Japonica nandina domestica.
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