
attachent un grand mérite, feroit fuir les hommes de certains
pays. En effet, rien de plus dégoûtant et de plus hideux qu’une
large bouche armée de deux rangées de dents noires et luisantes.
Le noir qu’elles emploient se nomme ohagouro ou canni;
c’est un mélange d’urine, de limaille de fer et de sakki, qui pue
et qui est très-mordant. Il s’attache si fortement sur les dents,
qu’on ne peut l’enlever qu’en se frottant et grattant les dents
pendant plusieurs jours; il faut en outre avoir la précaution de
couvrir bien soigneusement ses lèvres et ses gencives en se servant
de cette drogue corrosive , qui rendroit la chair toute
bleue. Certaines filles prennent cet ornement, dès qu’elles ont
un amant ou qu’elles sont fiancées.
C H A P I T R E XVI I .
M oe u r s e t u s a g e s d e s J a p o n o i s .
L és Japonois, comme tous les autres Orientaux, ne rendent
jamais de visites , soit à leurs compatriotes, soit aux étrangers
, sans se faire précéder de quelques présens, qui sont
ordinairement de peu de valeur; mais ce seroit le comble de
l’impolitesse de paroître les mains vuides. Ce présent consiste en
poisson frais ou autre bagatelle semblable, soigneusement arrangée
sur une table faite exprès et recouverte de papier. Quand
des naturels de distinction, tels que les princes et autres, se
proposoient de venir à notre bord, ils envoyoient au capitaine un
petit baril de sakki et des sèches (.1) fendues et séchées. Les Japonois
et les Chinois aiment beaucoup ces mollusques.
Quoique très-susceptibles , comme on voit, sur l’article de 1
(1) Sepics.
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i D E S J A P O N O I S . 245
la politesse , ils ne croient pas y manquer en lâchant des vents n
par la bouche, et les rots qui choquent avec raison nos préjugés
et notre odorat, ne leur causent pas la moindre répugnance (1). 1
Pendant notre séjour dans la rade de Kamiro , nous couchions ü
toujours à bord, mais on ne nous empêchoit pas d’aller visiter Æ
les auberges et les temples de la ville. € J’y remarquai, comme à Simonoseki, dés espèces de pages
nommés Jcodons, que les habitans donnent au maire de la ville
pour le servir : ce sont des enfans de bourgeois très-bien habillés ,
portant de longues culottes comme les personnes de distinction :
après un certain teins ils sont relevés par d’autres. kay
La coëffure des femmes me frappa par son originalité; c’est
une espèce de bonnet en ouatte de soie blanche , lissé en dessus «rtiPÉ il P Ipifflli
avec la colle; il leur couvre le devant de la tête , est relevé sur y
le côté , et s’ attache sous le menton. Elles ne portent, dit-on^
(i) Gualtieri observe judicieusement blonde et des dents blanches sont de
que les Japonois, dans leurs usages, grandes beaulésaux yeux des Italiens ;
dans leurs discours et dan,sleurs céré- ici ce- sont des,difformités: les petitsmonies
, semblent avoir-pris le contre- maîtres et. les élégantes se teignent en w pied de tout ce que nous faisons ( corne noir les cheveux et les dents. Les fems
e à p o s t a s i f o s s e r o in g e g n a t i d i f o r e , mes enceintes , au lieu de vétemens lar- in o g n i c o s a , i l r ev e r s ico d e g l i a l t r i ). g o s et aisés, se serrent, si fortement Ê
La même observation peut s’étendre à qu’on craint à chaque instant de les voir
presque toutes les nations asiatiques, avorter ; mais elles prétendent que sans ItfKi
Par exemple , « pour témoigner notre cette précaution leur fruit, ne viendroit rPt respect nous ôtons notre chapeau, ils pas à bien. A peine sont-elles accouôtent
leurs souliers ; nous nous levons , chées , qu’on lave la mère et l ’enfant
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et ils s’asseyent ; car c’est chez eux une avec de l’eau froide , et on leur donne grande impolitesse de se tenir debout un peu de nourriture très-légère ». Re~
en recevant une visite; pour sortir nous la t io n e d e à la v e n u ta d e g l i am B a s c ia to r i
nous couvrons d’un manteau, ils met- HWt G ia p o n e s i R o m a } p . g. N o t e d u R é ~ tent un large pantalon , qu’ils ôtent en «Si
d a c ie u r . entrant dans une maison. Une chevelure l|| m
III
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