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Enfin, pour entretenir le "bon ordre et éviter toute rixe entre
les voyageurs, on a poussé la précaution au point d’établir un
r è g lem e n t qui oblige tous ceux qui vont du côté de la capitale de
prendre la droite du chemin , et ceux qui en reviennent la
gauche. Je puis assurer que l’on ne voyage pas avec autant
d’agrément et de facilité dans beaucoup d’Etats de l’Europe
qu’au Japon. Au reste, l’entretien des chemins est d’autant plus
facile , que l ’on n’y connoîl pas nos voitures à roues qui crèvent
tous les nôtres.' Ils sont ordinairement bordés de haies v ive s,
parmi lesquelles f ai ‘souvent reconnu des arbustes à thé.
Les milles .'sont inscrits ;sur, des poteaux qui indiquent aussi
le Chemin dans, les carrefourspour empêcher les voyageurs
de s’égarer.
Tant'd’attention et de prévoyance étonnera la plupart de mes
lecteurs , qui regardent sans doute lés Japonois comme une
nation à peine sortie de là barbarie , et bien éloignée de ce haut
degré de civilisation dont nous nous vantons. Il n’en est pas moins
vrai que l’ entrètien de nos routes est très-négligé, tandis que
celles du Japon offrent tOu-s les agrémens imaginables. A la vérité
, les noms des administrateurs à qui l ’on doit de sages éta-
blissémeüs , ne sont pas fastueusement inscrits sur un marbre,
parce qu’ils croient tous ne faire que leur devoir. .
Les milles sur toutes les routes sont mesurés du pont de Ni-
poribas , situé dans la-ville â’-lédo.
J’ ai déjà remarqué que les voitures à roues êtoient .absolument
inconnues dans toute l’étendue du royaume. Les voyageurs
.aisés vont à cheval ou se font porter dans des cangos ou dans
fies norimous. Les pauvres vont à pied et ont des souliers de
payie 5 ou plutôt des semelles sans empeignes-, qui sont attachées
avec des tordons de. paille. Ils ont aussi des brodequins.eu
demi-bottes qui sont fixés derrière le gras de la jambe avec
des boutons-, ou liés-par le haut avec des cordons.; et au lieu de
leur longue robe, ils mettent souvent' des pantalons de to ile , qui
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leur tombent sur le mollet. Les soldats les serrent vers la moitié
de la cuisse. Leurs cavaliers ont une plaisante figure. Ils. sont
souvent plusieurs juchés .sur un cheval, quelquefois même toute
une famille. Le père est au milieu de la selle , les jambes alon-
gées sur le col de la monture. La femme sur le côté dans, un
panier,, les enfans dans un autre. Un homme à pied .conduit le
cheval par-la bride.
Les riches se' font porter dans des cangos ou chaises .plus ou
moins grandes et magnifiques , selon leur fortune et leurs ddgni- .
tés. On est assez mal à l’aise dans les plus petites, car il faut
s’y .tenir assis sur .ses,. talons. En outre, elles sont ouvertes.
de tous les côtés , et n’ont qu’une petite impériale. H n’y a que
dieux porteurs.
Les cangos proprement dits, plus grands et plus commodes
que les chaises dont nous venons.de parler , sont fermés, sur les
côtés y maispeu brillans. Ils ont une forme à-peu-près; quarrée;.
Mais la plus belle et la plus commode est le norhnon dont j’ai
donné, la description (1). Comme il exige un certain nombre die
porteurs., il n’y a guère que les personnes en place qui s’ en
servent. On trouve, dans toutes les auberges», des porteurs qui
vous offrent leur service. Ils supportent une très-longue marche
avec des fardeaux très-pesans ;„car outre la voiture et le voyageur
j ils ont souvent, sur les épaules des. paquets,,accrochés
à une perche ou bien à un bambou. Ils font communément un
mille japonois à l’heure , et dix à douze milles par jour.
Le g: , nous continuâmes notre marche : à trois milles et demi
de notre couchée, nous trouvâmes la rivière de Rogata, qu’il
nous fallut traverser. Un mille et demi plus loin , Koyanosa , où
nous dînâmes ; trois milles au-delà, Korosoki, et à la même
distance , Kokoura.
Cette dernière ville., l’une des plus grandes et des. plus com