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Ce buisson n'acquiert toute sa croissance qu’à l’âge de six ou
sept ans. Il est alors, de la taille d’un homme , mais ses feuilles
sont bonnes dès qu’il a atteint trois ans. Un homme un peu accoutumé
à faire cette récolte , peut en cueillir dix où douze livres
par jour. Plus on tarde et plus la récolte est forte; mais on
n’obtient la quantité qu’aux dépens de la qualité , parce que le
meilleur thé se fait avec les plus petites feuilles et les plus nouvellement
écloses. On recueille le thé tous les ans à trois époques
différentes; d’abord à la fin de février ou au commencement de
mars (1). Les feuilles qui commencent alors à pousser sont
gluantes. On les réserve pour l’Empereur et les Grands de sa
cour ; c’est pourquoi on les appelle thé impérial.
La seconde récolte se fait un mois après; les feuilles alors sont
beaucoup plus grandes, et n’ont pas perdu de leur saveur.
Un mois après se fait la grande récolte; les feuilles ont acquis
toute leur dimension et leur épaisseur.
■ Les feuilles des jeunes arbustes sont meilleures que celles des
vieux ; elles varient aussi suivant les provinces dont le sol leur
communiqué plus ou moins de goût et de parfum.
On étend ces feuilles sur des platines de fer minces et chaudes
et on les remue très-vite avec les deux mains , autant
que les doigts peuvent endurer la chaleur ; ensuite on les roule
dans des nattes pour qu’elles y refroidissent. On répète la même
opération jusqu’à ce qu’elles soient bien sèches.
Mais j’oublie que je dois donner à meé lecteurs la relation de
mes voyages, et non point un traité complet de botanique du
Japon. Je crains "que les simples amateurs ne m’accusent de
m’être déjà trop appesanti sur cet objet ; les savans peuvent
consulter mon Flora Japonica, publié en 1784 , qui renferme
non-seulement la nomenclature d’un grand nombre d’arbres ,
Li) A la fin de siouguats.
d’arbustes et de plantes du Japon, mais encore leurs vertus et
les usages auxquels on les emploie. Je me suis un peu moins
étendu sur la zoologie, ayant déjà décrit plusieurs animaux rares
et curieux du Japon dans des traités particuliers et dans :des
dissertations académiques , accompagnées, pour la plupart, des
.figures nécessaires (1). Si ma santé et mes occupations me le
permettent, j’ espère faire le même travail sur quelques autres
objets confiés à ma garde, et que je n’ai pas encore pu faire con-
noître au public.
C H A P I T R E X X I V .
C a l e n d r i e r J a p o n o i s .
L es années des Japonois sont lunaire?, et composées de douze
et quelquefois treize mois ; elles commencent dans le mois de
février ou de mars (2). Ils ne comptent point par semaines, mais 1 2
(1) Voyez le catalogue des ouvrages
de M. Thunberg à la fin de sa préface
dans le premier volume. Rédacteur.
(2) Les Japonois ont conservé cet
ancien usage de commencer l’année par
le i 5° du Verseau ; c’est encore une
de leurs conformités avec les Chinois,
qui commencent toujours leur année
au solstice d’h iv e r , placé jadis au i 5°
du verseau. La chronologie certaine
des Japonois ne remonte qu’à l’an 660
avant J. C. Mais comme le solstice n’a'
pu être dans le i 5° du verseau que vers
l’an 3513 avant J. C. il s’ensuit que les
Japonois ont conservé la Iradition d’un
tems bien plus* ancien què l’époque certaine
de leur chronologie. Il n’est pas
superflu d’observer qu’en chinois le
signe du verseau s’appelle résurrection
duprintems. Comme l’équinoxe n’a ja mais
pu être placé dans ce signe, et
qu’au contraire il y à lieu de croire que
le solstice y étoit dans les tems anciens
de la Chine ou de la Tatarie , on peut
conclure que par résurrection ( ou commencement
) 'du printems , ils enten-
doient l’instant où le soleil cessant de
descendre , commence à se rapprocher
de leur climat, en un mot, le solstice.
Voyez VHistoire de V^Astronomie ancienne
, par B a illy , p. 521. Note du Rédacteur.