
commisse, et le cailleu-tassart (1) est si gras , qu’il peut entrer
en comparaison avec le plus gros h a r e n g d’Europe.
J’ai déjà, observé qu’on ne trouvoit des saumons que dans le
voisinage du mont Fakonié (2). Ils ne sont pas , à beaucoup
près , aussi beaux et aussi bons que les nôtres.
Us mangent aussi des huîtres et autres poissons crustacees,
mais ils les font cuire et les fricassent, ainsi que les. crabes et
les squilles (3)‘.
Cette nation offre, comme toutes les autres, des preuves de
l’inconséquence de l’esprit humain.
Us se nourrissent de viande comme nous , tuent eux-memes
les animaux .nécessaires à leur consommation ; mais en mer ils
se feroient scrupule d’ôter la vie à une créature. Durant les
navigations que j’ai faites avec eux , quand les provisions de
viande nous manquoient, il falloit que je tirasse moi-meine des
o is e au x s i je voulois en manger.
On vend, dans presque toute laie de Nipon , un comestible
assez semblable au macaroni ; c’est une pâte de froment ou de
bled noir (cette dernière espèce se nomme sobakiri, l ’autre
laxou ), façonné en feuilles de la longueur de deux brasses. On
les coupe par brins plus ou moins grands, que l’on mêle dans de la
soupe avec des oignons.. Comme elle ne se dissout pas entière-,
ment, elle est un peu gluante , mais très-nourrissante et d’un
excellent goût. Elle sert à faire de bons ragoûts de poissons,
nommés niomen,et somen, quand on y mêle du poivre d’Espagne
et du soya.
Les Japonois et les Chinois ont une manière, qui leur est
particulière, de conserver les prunes et autres fruits dans de
la levure faite avec la lie des tonneaux de sakki ( oubierre de riz * 1
qué de cinq lignes ou raies blanches, - (2) Voyez ci-dessus, p. 68.
sur un fond brun ? Lam. (3) Cancer squilla.
(1) Clupea thrissa.
fermenté); l’acide pénètre le fru it, lui donne du goût, et le
conserve pendant un an et même davantage. Les fruits ainsi
confits , soit entiers, soit coupés par morceaux quand ils sont
trop gros, se nomment menaratslci. {Me, en langue japonoise ,
signifie fruit; na indique la contrée du Japon où l’on s’occupe
plus particulièrement de confire ainsi dans.la lie de sakki; et
souki, que l’on contracte en ski dans la prononciation , signifie-
confire, conserver dans une liqueur. ) On confit de cette maniéré
une grosse .espèce de ‘concombre nommée konorrior, qué l’on
transporte ensuite dans de petits tonneaux 3 pour les manger avec
le rôti, a-peu-près comme nos cornichons, auxquels ils ressemblent
assez pour le goût. Ils ont aussi le talent .de faire sécher
differens fruits;, tels que les prunes , &c. Ces fruits secs se nomment
mebos.
Les Japonois ne boivent que du thé et de la bierre de sakki,
mais jamais de vin ni de ces agréables boissons préparées chez nos
distillateurs : rarement en goûtent-ils quand les ‘Hollandois leur
en présentent. Je doute fort que l’eau-de-vie devienne jamais
chez eux un objet de première nécessité. ■ Quelques interprètes
commissent à peine le goût du café. Jusqu’à présent ils ont su"se
garantir des ruses et des liqueurs perfides des- Européens. Pour
conserver leurs anciens usages et se préserver de toute innovation
dangereuse , ils n’adoptent rien , en un mot, de ce que les
étrangers pourroient leur procurer même d’utile.
Le sakki est une espèce de bierre préparée avec du riz, assez
elaire et qui ressemble beaucoup au vin ; elle a un goût tout
particulier, qui ne m’a pas paru infiniment agréable. Cette
liqueur, nouvellement faite, est blanche, mais après avoir séjourné
quelque tems dans de petites futailles de bois , elle
acquiert une couleur brune. On trouve du sakki aussi communément
dans toutes les auberges, que du vin en Europe. Les
personnes opulentes en boivent à tous-les repas, en mangeant
le quart d un-oeuf dur. Us s’en servent pour porter des santés*