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3a i 776. O B S E R V A T I O N S
beurre ou autre comestible conservé dans le sel. Es les réservent
:comme remèdes pour certaines maladies. Ils font, par exemple ,
des boulettes de beurre salé qu’ils avalent chaque jour pour là
pulmonie. Après le repas , nous les régalâmes-de sakki chaud ,
que l’on, prend dans des jattes de bois vernies.
Dans ces grands galas, le chef fait venir plusieurs courtisanes
de la ville, pour servir du saldd ,' et tenir compagnie aux filles
de l’île._Elles servirent, dans l’après-dînée, différens mets sur
de petites tables quarrées, ornées d’une pomme de pin assez
artistement faite. Les feuilles étoiènt de soie verte, saupoudrées
d’un léger- duvet de coton , pour représenter la neige. Elles vous
servent le saldd assises sur les talons , à la manière du pays,,
-et non pas debout.' Elles exécutèrent , pendant toute la nuit,
plusieurs danses japonaises, e t à cinq heures du matin, nos
■ convives se retirèrent (1).
•Ce fut à-peu-près vers cette époque qu’il m’arriva un événement
peu important en soi-même , mais qui me-causa cependant
beaucoup d’inquiétude e t d’embarras dans notre paisible
solitude.
Mes facultés ne me permettant pas d’acheter un esclave -pont
me servir, nn snbrécargue avoit eu 1a. complaisance.de -m en prête
r nn, que je devois garder jusqu’ à ce. qu’i l vint le reprendre
■ Tannée -suivante..Cët esclave avoit.une femme et des enfans-S.
Batavia, et il .s’étoit flatté de la douce espérance de revoir cette
année des objets si chers. Ce contre-tems le mit atçdésespoir , et
■ nlespérant pas-de rien obtenir de son maître, il s’avisa de se
sauver et de se cacher , sans que l ’on pût savoir ce -qu il étoit
devenu, ni pourquoi il avoit pris l a 'faite. Le premier jour on
>se-contenta de le chercher parmi les autres , mais ce fut en vain.
Le lendemain''] es interprètes et ‘les Japon ois qui étoient dans
pi ) je me proposé de revenir sur. ces. même un chapitre particulier; leur
-courtisanes, et ie leux consacrerai existence civile mérite d’être Connue".
l’île
l’île de Desima firent des recherches encore plus exactes, mais
tout aussi ■ infructueuses que la veille. Enfin , le troisième jour ,
le gouverneur envoya de la ville un grand nombre d’interpretes
et de banjos de différens grades; la journée entière se passa en
perquisitions , et ce ne fut que vers le soir qu’on déterra mon
homme dans le coin d’un vieux magasin. Si on ne l’eût pas retrouvé,
on anroit donné des ordres pour le chercher dans tout
le canton, et l’ affaire eût été portée à la cour d’Iédo.
Les Japonois auroient fait d’autant plus de bruit , qu’ils
craignent .l’introduction d’un étranger dans’leur pays. Ce qui
e s t, à la vérité , très-difficile , pour ne pas dire impossible.
Mon malheureux esclave essuya , pour cette escapade bien
pardonnable, un rigoureux châtiment; il reçut des coups de
bâton et fut mis aux fers. Les Japonois voulurent bien se contenter
de cette satisfaction, et tout fut assoupi.
Le 20 janvier onjsolda le compte des Hollandois, et toutes les
lettres-de-change passées à leur profit furent liquidées. Les interprètes
, les marchands,,les acheteurs , et tous.ceux qui avoient
quelque créance à réclamer se rendirent dans le bureau de la
trésorerie. Quiconque a de l’argent à recevoir, doit se présenter
en personne , car on ne paie pas aux fondés de procuration.
Le 7 février, je fis mes premières courses botaniques dans les
environs de Nagasaki , d’après la permission que j’eus tant de
peine à obtenir du gouverneur. J’étois accompagné de plusieurs
interprètes et sous-interprètes , de banjos de différens grades ,
de compradores , et d’une multitude d’employés. Cette nombreuse
suite me devenoit assez coûteuse, par les rafraîchisse-
mens qu’il falloit leur offrir dans les auberges qui se trouvoient
sur la route, et la dépense se. montpit quelquefois a seize ou
dix-hpit rixdalles. Mais je n’ayois pas la. complaisance de modérer
mon pas sur le leur , et il falloit qu’ils me suivissent sur les
collines et à travers les montagnes. Je fis régulièrement ces promenades
une fois , et spuyent deux fois la semaine, jusqu’au
Tome I I . E
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