
plaisir de visiter ces bains chauds, nommés TcJiipannas en ma—
lai ; ils ont donné leur nom au pays d’alentour.
Ces bains se trouvent situes dans une vallée formée par deux
hautes montagnes. L’eau n’est pas brûlante, et l’on peut y tenir
le doigt : elle sort de plusieurs'sources peu fortes ; le bassin même
est peu considérable. La terre des environs est couleur dérouillé,
et sur le bord de la fontaine il S’ est formé une croûte mince d’un
vert foncé semblable à de la rouille d’ airain ,' c’ est-à-dire, à du
vert-de-gris. Le bâtiment construit au-dessus dé ces bains, pour
la commodité des malades, est divisé en deux portions. On fait
passer l’eau d’une chambre dans l’autre; on a pratiqué dans la
première deux espèces de réservoirs où l’eau sé clarifie : dans
la seconde chambre on a creusé un trou carré couvert de planches
, avec une échelle pour y descendre. On trouvé dans Cet
appartement deux robinets qui donnènt dé l’eau chaude et de
l ’eau froide, pour que l’on puisse prendre le bain au dégré de
chaleur convenable. Je remarquai sur la surface de l’eau une
pellicule grasse extrêmement mince , qui avoit im goût un peu
salé. On m’assura que cette eau étoit laxative , cë qui empêche
de la donner en breuvage dans les maladies internés- mais’elle
est bonne pour toutes les maladies externes. On vënoit d’y
transporter plusieurs malades des hôpitaux de Batavia. Celui
qu’on a construit ici ne sert plus. Un cultivateur,’ originaire
d Europe , avoit 1 inspection de ces bains et de quelques jardins
voisins.
Le climat est fiais et sam; il fait meme froid à trembler
matin et soir. J en ’ avois pas pris mon manteau, èt je fus tout
étonné de grelotter dans un pays situé, pour ainsi dire" sous
la ligne'.
On y cultive des choux, des légumes, des racines et des arbres
fruitiers d’Europe , qui réussissent à merveille , tant ici qù’au-
près de Arkidomas , Tchiseroa et Poudegode , d’où l’on envoie
trois fois par semaine des fruits et antres végétaux rafraîchissans,
pour la table du gouverneur-'général
douces y acquièrent un goût plus délicieux que celles des env
rons de. cette ville. -
. Les Javans débitent sérieusement une fable a laquelle les Européens
de bon sens n’ ont jamais ajouté foi. Ils pretenden qu 1
existe dans les montagnes de Tchipannas des singes (1) qu
ont les cheveux naturellement crépus et lés pieds tournes en
arrière, c’est-à-dire , à l’opposé de tous les autres animaux
W Ê È M des Javans et celles desChinois sont couvertes de
morceaux de bambou fendus et placés les uns sur les autres
comme nos tuiles. , . . .
’ V o ic i les objets qui m’ ont paru -menter ici quelqu attention.
Les tourterelles (a) qui ont le plumage bleu au Cap de
Bonne-Espérance, sont ici d’une teinte beaucoup plus pale ,
et même presque blanches; un héron (3) semblable a lanti
ë<Le kadondon est un. arbre qu’on emploie à faire des haies
^Vandevalou est une plante rampante avec des feuilles trilobés
I qui passent pour un bon antidote.. _ ,
' Korang-garing et tampat-autan, sont deux autres plantes
a fè c lesquelles les Javans teignent en bleu. Ils appellent boa-
lir a i, un fruit très-âpre et très-astringent.
Tingling-enintik , est , selon eux, un excellent cordial.
Le nous repassâmes les montagnes pour regagner Pou-
degoude. Arrivés sur le sommet de ces montagnes, qui sont
(1) Ourang-outang.
(2) C o l u m b a ' r i s o r i a ,
■ f3) Ardea, rostrum erat albofluves-
cens, gola n u ia , caput calvum , albidum
, pedes roerulescentes , remiges cine-
reo-nigri, dorsum et cauda nigra , abdo -
men albidum.
(4) Ardea antigone.