
N O T I C E ,R A I S O N N É E
et dans le de scriptis nuper ii Sibiria
repartis commenlalio , les désignent toujours
par ces mots , lingua tangutana ,
textus tanguticus, lectio tangudca, &c.
Georgi, aiphab. tibetanum. p . 65b, par
lingua tïbelana, folia tibetana. Tout le
monde sait que le Tangut et le Tibet
sont le.même pays , Tangutum et Tibe-
tum unum idemque sunt, dit Müller,
p. 1 * et plus bas tangutmies ( caractères
) et tibetanos eosdem esse.- L e ïïom de
Tangut se donne plus particulièrement
à la partie méridionale de ce royaume.
Suivant G eorg i, aiphab. tibet. p . g.
( regnum méridionale propriè Tangut
septentrionale Tibelum utrumque Tibe-
tum. — Comment le tibétain de Four-
mont, le tangut de Miiller , ont-ils été
métamorphosés en mantchou par l’auteur
des anecdotes copié par notre bibliographe?
C’est ce que je tâcherai
d’expliquer plus bas.
Après avoir démontré qu’il n’y avoit
jamais eu le plus léger dissentiment
entre les savans sur les caractères de
ces rouleaux , et que tous se sont accordés
à les; reconnoître pour du tibétain
ou du tangutain, je dirai deux mots
des traductions qui en ont été faites.
Fourmont et Fréret n’ayant eu d’autre
secours qu’un petit dictionnaire tibétain
français que j ’ai vu entre les mains
dé M. Deshautesrayes, neveu de Four-
mont, n’ont pu hasarder une traduction
littérale ; aussi se sont-ils bornés à
donner une espèce de glose qui n’est
pas aussi éloignée du texte que notre
critique vôudroit nous le persuader.
Gérard Frédéric Miiller lui paroît un
peuplas habile dans la langue tibétaine,
d’après le mémoire circonstancié sur les
rouleaux apportés de Sibérie( de serip-
tis nuper in Sibiria reperds')y mais il y a
tout lieu de croire que le citoyen S. Leg.
ne cite ce mémoire-que d’après une citation;
car s’il l’eût parcouru lui-même,
il auroit vu d’abord, p. 4 , comme
je l’ai déjà dit plus haut, que le tangut
et le tibétain sont le même idiome ; il
auroit vu ( page 46 ) , que Miiller
n’étoit habile ni dans le tibétain ni dans
le mongol, puisqu’il remit une ectype
de ces fragmens à un lama ( sacrifi-
culus) , qui en traduisit et transcrivit
les premiers, mots en mongol, langue
que Miiller ne savoit pas plus que le
tibétain. Les plus savans interprètes
Russes, même des lamas, à qui il montra
cette version mongole, la trouvèrent
inintelligible , et lui assurèrent
que ce prêtre n’étoit pas en état d’écrire
en mongol. Néanmoins ce savant ne
voulant point que ses peines.fusséh t entièrement
perdues, fit paraphraser Jét
expliqua comme il put les premières
lignes de la version mongole; fit graver
le texte tangut( textus tanguticus) avec
la prononciation interlinéaire en caractères
romains, donna aussi la prononciation
de ce même texte tangut en lettres
mongoles ( pronuntiatio textus tan-
gutici lit ter is mongolicis-expressa ) , la
version mongole du texte tangut, ( textus
tangulici. Versio mongolica ) le certificat
de l’interprète mongol ( teslimo-
nium interpreds mongoliçi) ; enfin la prononciation
et la traduction mongoles.
L ’obscurité du texte latin de Miiller,
la réunion des caractères tanguts et
mongols sur les mêmes planches, la
ressemblance des derniers avec les caractères
mantchoux , auront probablement
causé dans la tête de quelque érudit
l’imbroglio consigné dans les anecdotes
de Sloehlin, et fidellement copié
par le citoyen S. L.
La troisième traduction qui est incontestablement
laplus fidelie et la plus
complète, a été faite par le P. Georgi,
et insérée ,à la . fin "de sôn aiphabetum
tibetanumouvrage- que notre* bibliographe
ne connoissoil peut-être pas ,
ou qu’il auroit dû consulter avant de
çomposërses deux diatribes contre des
savans qui depuis plus d’un demi-siècle
jouissent d’une juste célébrité dans
toute l’Europe. Voici avec quelle déférence
le père Georgi s’exprime su?
leur compte, ( t. I l p. 663) : « Je se-
rois désespéré, d it- il, qu’on s’imaginât
que mes efforts tendent à diminuer la
réputation de MM. Fourmont, qui, par
leur science et leur érudition,, se sont
acquis l ’estime et l’admiration de la.ré-
publique deslettres,, et nous ne croyons
pas leur traduction très - éloignée du
sens dè l ’auteur tibétain, quoiqu’ils
n’aient pas traduit littéralement, parce
•que la lecture des manuscrits tibétains
est extrêmement -difficile , et le sens
presque toujours incertain. Les plus
habiles s’y trompent souvent, et trouvent
des sens différens. Un mot séparé
a , dans le dictionnaire , .une signification
toute différente que lorsqu’il est
joint dans le discours aii commencement
ou à la fin d’un autre mot. —
MM. FourmontTi’ônt connu que la première
partie de l’inscription de Leipzig
, et dans celte portion les caractères
de l’écriture magique ne sont pas aussi
prononcés que dans la -seconde. Si ces
illustres savans en langues étrangères
les eussent pu examiner, je ne doute
pas qu’ils n’y eussent reconnu le même
sens que nous : nous tenterons d’expliquer
aussi l ’autre partie de cés rouleaux
gravée dans les acta eruditor de
Leipzig, sur lesquels personne ne s’est
encore exercé. Les savans y verront
que tout ce que nous avons rapporté
touchant les dieux et les superstitions
des,tibétains, n’est pas d’invention nouvelle.
Ce monument précieux de l’antiquité
tibétaine, tiré des décombres et
des ténèbres , et fameux depuis longtemps
dans toute l ’Europe, renferme
des. louanges aux divinités, dont j ’ai
parlé dans mon ouvrage , &c. »
Malgré tout l’intérêt que cet article
peut avoir pour ceux qui cultivent les
langues orientales et septentrionales ,
je ne dois pas m’étendre davantage,
puisque je crois avoir suffisamment justifié
les illustres savans dont j ’ai osé
entreprendre la défense contre un autre
savant dont je respecte la personne et
dont j ’estime aussi infiniment les vastes
connaissances en bibliographie y j e ter-,
minerai donc cet article par un extrait
des trois traductions dont j ’ai parlé.
Lecture et. version
, de Fourmont
dans le 1Vlusoeum S in ic um de
Bayer , 1.1 , p. 109.
P a r c h io u s o u i ,
Attrita fortitudine quisnam
groupa te to n h sem c ia n
brevis equusN frigoris vita desr
’ nam la
truatür (pro) spiritu in (est)
p en p a r sgt ne ?
putredo. Contritus orac ne ?
D L _ ehe- tam c ie s c io
Hoe ( est ) irrisio omnes vident
sg ie p c ia p a r n i
orat avis contrita ? Morbida ?
m i s c ie
Non seit (non potest ampliùs) so cto
os aperire legis (ratiocinatio-
r*nam c h i ( k i )
ni s) spiritus æmulatio ostentio
(si quis in morbum incidat est )
c i o ‘ c h i
legis (ratiocinationis) ambala-
tsam ( ç am . )
tionis explicatio.
T . IL p/. 16 Z,, 166, 16'
Lecture et version
de Muller,
D e s c r ip t . T a n g u t ic is . p. 45.
B a r to n g so u
Firma conscientia mediante
tch o u d ba . d e i d o n
omnia parvi pendendo in prin-
sem d j a n n am la
cipio vienti unicumque auxi-
p a n b ar ch ed n a ï , d i dag
lium orituor indé. Qüibus om-
tam d ja d ja d , ch e ï d j a bar
nibus consummates futurum
n i m i ' c h e ï s o th o i
quid nemini notum est. Religio
n am d j i n i t c h o ï d j i
tota namque religionis explica-
t sa n .
tio.
, 169, 170 , Z ig , 328,
Lecture et version
de Georgi ,
A lp h a b e t, tib e t.
p. 679.
N o t a . Le P. Georgi ayant
adopté la lecture de Fourmont
avec de légères variations,
qu’on peut voir dans son ouvrage
même, u b i a c s u p r a , il suffira
de donner sa traduction.
« Misericordia récréât et a
crutiatibus absolvit summits
protector viventes omnes, qui
eam adoratoribus suis révélât.
Beneficii. Iargitoris virtutem
sciunt omnes sed orationis in-
vocationisque vim et efficaciàm
exponere , et aperire nesciunt.
Nomen ea exprimitet arcanum
illius legis , quæ lex est spiri-
tuum, Summua proinde legis
aitirudinem*ignorât (q u i e ffic a -
ciafn oratiohis ignorât ) a rc a -
nam signicationem legis univer-
sorum spirituum explicatio
'aperit que ».