
Au commencement du dix-septième siècle , à l’époque de
l’expulsion des Portugais , ils entreprirent d’extirper la religion
chrétienne , et ne laissèrent pas la plus légère trace de son
existence. La persécution dura quarante années, pendant lessans
délai, si son conseil ne s’y fut
opposé. Tous ceux qui le composoient
représentèrent qu’une telle expédition
èxigeoit de grands préparatifs', et qu’il
falloit du tems pour les faire. L ’empereur
se rendit à leurs raisons, et ordonna
qu’on ne négligeât rien pour
la faire réussir »,.
« A la huitième lune de la meme année,
le roi de Corée représenta à l ’empereur
qu’une armée de soixante-dix
mille hommes ne~sufliroit pas pour la
conquête du Japon ; elle fut portée à
cent mille ; elle alla se joindre à celle
des Coréens^, qui fournirent pour leur
part neuf cents vaisseaux de guerre,
cent mille boisseaux de grains, dix
mille hommes de troupe de ligne, et
quinze mille pour la marine. Les Chinois
se chargèrent de les armer ».
«La dix-huitième année de Tché-
Yuen ( 1281 ) , vers la fin de la huitième
lime, on reçut à la Chine la déplorable
nouvelle du naufrage de la flotte à l’approche
dû Japon. « Toutes les troupes,
mi dit l’historien, qui étaient sous le
» commandement des généraux Sang-
)> Ouen-Hou, Si-Tou-Houng-Sa-Tsieou,
» Ly-T ing-Tsin-Sang-Tcheng et autres,
» furent accueillies d’une furieuse tem-
j) pête qui les submergea dans les flots.
» Sur dix personnes à peine put-il s’en,
» sauver une .ou deux.5 en conséquence,.
» l’empereur donna un édit par lequel
» il cnjoignoit à tous les mandarins qui
)) se trouveroient sur les lieux par où
3> dévoient passer les infortunés restes
» de ses troupes, de leur fournir des
» vivres et tout ce qui leur étoit néces-*
3) saire le long de la route ». "
« L e P . Gaubil place la flo tte, aria vue
des Ping-hou-ti (c’est l’ile de Firando) ,
lorsque s’éleva cette furieuse tempête
qui la submergea ; et c’est à la vue des
Ou-Loung- Clian , dit l ’historien chinois.
I l peut se faire que Ou-Loung-.
Chan soit le nom que les Chinois donnent
à quelques montagnes de l’île de
Ping-Hou ou Firando. Le P. Gaubil fait
faire soixante-dix mille Chinois ou Coréens
prisonniers parles Japonois , et
fait tuer trente mille Mongoux. L ’historien
que je consulte actuellement dit
simplement « que. la tempête, submer-
33 gea presque tout, et qu’à peine do
33 dix personnes il s’en sauva une ou
33 deux 3/. Ce sont' ses expressions. Je'
p'ofite de cette occasion pour dire que,
de l’aveu même du P. Gaubil, VHistoire
de Gentchiskan et de toute Iq. dynastie
des Mongoux ses successeurs.,
imprimée en France sou3 son nom, n’é-
tpit qu’un ouvrage ébauché , auquel il
travailloit encore de tems en tems pour
le rendre digne du titre, qu’il porte.
J’ai entre les mains un exemplaire de
quelles périrent plusieurs milliers d’individus. Au dernier siégé
on compta trente-sept mille morts. Je poUrrois encore citer
d’autres exemples plus récens du courage vraiment héroïque des
Japonois. En i 65o, un de leurs jonques vint pour trafiquer à l ’île
de Formose, appartenante à la Compagnie hollandoise des Indes.
Pierre Nuytz, gouverneur de l’îlfe, reçut très-mal les marchands
Japonois, qui ne manquèrent pas de se plaindre en arrivant chez
eux. C’étoit un outrage d’autant plus grand â leurs y e u x , qu’il
venoit d’ünë nation étrangère , pour laquelle ils ont le plus
profond mépris. Cependant le prince ne se sentoit pas en état
d’en tirer raison : ses gardes, non moins indignés que lu i, vont
le trouver , et après lui avoir exprimé combien ils partagent sa
juste colère : « Nous ne mériterions pas, lui disent-ils, de veiller
j> à votre sûreté, si nous n’ étions pas aussi chargés de défendre
» votre honneur et celui dé notre nation, C’est donc a nous
» à tirer vengeance de cet outrage ; nous n’ attendofrs qùe vos
» ordres pour vous amener le coupable enchaîné, ou vous
» apporter sa tête. -Les dangers de la mer , le nombre de ses
» gardes et les fortifications d e . sa citadelle , ne pourront le
».soustraire à notre juste courroux : sept de nous suffisent pour
» cette expédition ». Après avoir obtenu la permission qu’ils
demaridoient, ils se concertent ensemble, sè rendent à Formose
et demandent audience. A peine sont-ils admis auprès du gouverneur
, que mettant tous à la fois le sabre à la main , ils le
font prisonnier et l’emmènent à leur vaisseau. Celte expédition
se fit en plein jour à la vue de la garde et de tous les gens de
l’hôtel, sans que qui que ce fût osât tenter seulement de délivrer
l’imprimé, dont presque toutes les
marges surchargées de corrections et
de changemens écrits delà main de l ’auteur
, sont une preuve évidente que
lorsqu’il composa son ouvrage , il n’avoit
pas , sur la langue qu’il interprétoit
, les lumières qu’il acquit ensuite ».
Hist. des peuples tribut, âc pages 85 et
suiv. du man. de la Biblioth. nation.
Note du Rédacteur.