
C H A P I T R E X I V .
J J A u tf. v a arrive au Texsl. — Se rend à Amsterdam. — Fait
un voyage à Londres. — Retourne enfin dans sa patrie.
L e i er octobre nous entrâmes dansla rade entre le Texel et
Helder , et après avoir salué la ville de plusieurs décharges
d’artillerie, nous jettâmes l’ancre. Enfin je mis pied à terre,
pénétré de joie et sur-tout de reconnoissance envers l’Etre suprême
, qui m’avoit protégé pendant sept années de voyages
longs et périlleux.
Le 6, le directeur vint à bord visiter les caisses et les malles
des passagers et des matelots, pour voir.si elles ne contenaient
aucune marchandise prohibée j en meme tems il congédia l’équipage
, à l’exception de soixante personnes, qui restèrent pour
décharger le vaisseau.
Plusieurs officiers et moi nous louâmes un bâtiment pour
hous rendre à Amsterdam. En arrivant, j’ allai rendre mes devoir?
à mon respectable patron le professeur Burmann, en qui je
trouvai toujours la même affabilité, et je m’amusai à voir les plus
belles collections de Gette ville, entre autres celle d’un riche
négociant, M. Vender-Meulen; c’étoit la plus riche en oiseaux et
en insectes. Je fis ensuite une tournée aux environs de Harlem
pourvoir mes trois protecteurs, MM. Van-der-Poll, Van-der-
Dentz et Ten-Hoven ; ils étoient parvenus , à force de dépenses
et de soins , à métamorphoser des sables en une terre végétale,
couverte de superbes plantations d’arbres et d’arbustes étrangers,
et ce ne fut pas sans la plus vive satisfaction, que je reconnus
divers végétaux de l’Afrique et du Japon, qui prouvoient
que les soins que j’ avois pris de les recueillir n’étoient pas perdus.
J’eus beaucoup à me louer de leur réception et de tous les témoignages
d’estime dont ils m’honorèrent, mais qui ne pouvoient
rien ajouter à la reconnoissance dont j’étois moi-même pénétré}
je. n’oublierai jamais que c’est à leur munificence que je dois
1 avantage d’avoir fait un voyage très-instructif, et d’avoir vu
sur-tout un. pays trop peu connu en Europe. M. Ten-Hoven mit
le comble à toutes ses honnêtetés, lorsqu’il fut de retour à Amsterdam
, en venant me voir seul et sans suite} enfin il m’obligea
d’accepter un présent de cent vingt-huit ducats d’or.
Je retournai encore à Harlem avec le docteur Kocbar, pour
examiner à loisir les nombreuses collections d’insectes des cabinets
de MM. Vrends, et les., différons animaux qui sont, dans
l’hôtel de la société des-sciences de Harlem.
La phalène dès vergers (1) étoit alors très-commune dàns.les
jardins 5 le professeur Bergmann a trouvé un moyen de l’empêcher
de déposer ses oeufs dans le calice des fleurs, c’est de lier
autour du tronc de l’arbre un morceau d’écorce goudronné.
A Amsterdam comme ailleurs, on a coutume de Vendre à
l ’encan les collections d’histoire naturelle. Pendant mon séjour
dans cette ville, il y eut plusieurs ventes de cette espèce , pour
lesquelles on distribuoit un catalogue imprimé.
Parmi les collections curieuses que je vis dans cette ville, je
ne dois pas oublier le beau médailler du pasteur de l’église Oude-
herh; j’y vis, pour la'première fois , une suite complète des
roupies d’or nommées zodiaques, que je n’avois pu me procurer
dans l’Inde. Il les'avoit achetées trois cents florins, et d’après
mes vives sollicitations , il sê détermina à me les céder pour
sept cents florins. Cette précieuse, collection, ainsi que le portrait
de Sélym Ier, avoit été donné en présent par Imhoff, gouverneur
général de Batavia, à un de ses parens, que le besoin
força de s’en défaire. La sulthane Nour-Mahhal (2), épouse de * 1
(1) P J ia læ n a B r u m a ta . De Geer. ins. (2) Elle se nommoit d’abord M h e r - û l-
1 , t. 2 4 , f. x i , 19. N i ç â ( a ) ; sa beauté, sa taille, ses grâces,
(a) La plus grande des femmes.