
semaines, et qu’il n’est pas plus gros qu’un oeuf d’autruche ;
hereti, quand il est à moitié mûr et gros comme une noix de
coco. Sa chair est alors blanche, laiteuse. Pour manger ce fruit
dans c,et état, il exige quelques préparations ; on le nomme
varreha quand.il est tout-à-fait mûr, et alors on le mange cru.d;
la chair jaunâtre et douce qui environne les pépins est un aliment
à la fois salutaire et agréable. On le nomme fruit de pain,
parce que les pauvres Indiens le mangent au lieu de pain et de
riz. Ils le coupent par tranches, tantôt avec des noix de coco ,
tantôt avec un peu de r iz , ou du s e l, du poivre d’Espagne et
de l’oignon. On mange les grains tout seuls comme des châtaignes,
ou avec la pulpe même du fruit, et avec d’autres mets.
Les pauvres les font bouillir pour la mêler avec des noix de coco
raclées; on fait des farces pour garnir l’intérieur des cochons de
lait, des oies et autres volailles 'qu’on sert rôties sur les tables
des personnes aisées. '
On fait avec ce fruit quinze mets différens, dont je vais indiquer
le nom et la préparation.
i° . Le courrou cdledou. C’est du polios coupé par tranches
très-minces, qu’on fait bouillir dans l’eau avec des racines de
curcuma (1) jusqu’à ce qu’il devienne jaune; on y ajoute ensuite
deux petites doses de poisson séché et pulvérisé, avec une demi-
pinte de lait de coco. On fait encore bouillir le tout pendant une
demi-heure en le remuant : on sert ce potage avec différentes
viandes bouillies , et c’est un mets très-agréable et même succulent.
20. Le courri seco ne dilfère du précédent, qu’en ce qu’on
y ajoute plusieurs épices et autres ingrédiens, comme du coco
grillé et broyé, de la coriandre, du poivre, de la cannelle , de
la fleur de muscade , du sel, de petits morceaux de lard bouillis, 1
(1) Curcuma. Plante delà famille des balisiers, et qui a des rapports avec le
gingembre et les autres amomes. Lam.
et du lait de coco. On mêle bien le tout, et on le fait bouillir
pendant une demi-heure dans l’eau ; on y ajoute de l’oignon
frit dans du beurre , du jus de citron , et quelquefois du poivre
d’Espagne et de l’eau salée; enfin, on le remet sur le feu jusqu’à
ce qu’il ait acquis la consistance d’une forte bouillie.
3°. Le polios tchoundido se prépare comme le premier mets
avec du polios ou de.l’hereti coupé par tranches, avec des concombres
, des noix de coco raclées, du poivre d’Espagne, de
l ’oignon haché, bien fin , et du sel ; on fait bouillir tout cela
jusqu’à la consistance de bouillie.
4°. Castanie courrou „(courrou de châtaignes). Ce sont les
grains même du polios coupés, par tranches , longues et minces ,
avec des concombres, du poisson sec, de la joubarbe hachee ,
du lait de coco : on fait bouillir tout cela en le -remuant.
5°. Le niembella est à peu près le même mets que le précédent;
il n’en diffère qu’en ce que le polios ou Vheriti est coupe
en gros morceaux.
6°. On le fait aussi griller par tranches avec du lard, lorsqu’il
n’est pas encore mûr ; on le met ensuite bouillir avec, de
la joubarbe hachée , du lard salé et bouilli, de la fleur de
■ muscade, de la cannelle et de l’eau salée : on a soin.de bien le
-remuer.
70. Ce même fruit mûr, coupé avec la peau et les grains
en trois ou quatre gros morceaux et bouilli tout simplement
avec du s e l, est un aliment très-facile et trèsnabondant pour les
pauvres, qui le mangent comme des choux, et sans autre assaisonnement
que de la raclure de coco. Ceux qui ont un peu plus
d’aisance, y ajoutent du poivre d’Espagne et du poisson séché.
8°. Le polios frit exige que le fruit ne soit pas tout-à-fait mûr ;
on le coupe par tranches très-minces , que l’on plonge dans une
pâte faite avec du lait de coco et un peu de farine : les-tranches
étant bien imprégnées de cette pâte, on les fait frire dans de
l’huile de coco bien fraîche.
K k k s