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1776. M OE U R S E T U S A . G E S
assistaus leur font leur compliment de félicitation. Un homme
doit se contenter d’une femme, et n’en peut prendre plusieurs
comme à la Chine. Les femmes jouissent d’une pleine liberté.
Quoique le divorce soit permis, il est rare qu’on profite de cette
permission. Il est très-avantageux pour un père de famille
d’avoir beaucoup de filles, sur-tout si elles sont jolies, parce
que, pour obtenir sa bien-aimée, un jeune homme est obligé
de faire des présens à son futur beau-père ( 1).
Quoique la pudeur ne soit pas une des qualités distinctives de
cette nation, un mari se croit déshonoré par l’inconduite de sa
femme, et il se poignarde lui-même s’il y a des preuves d’infidélité.
Ces loix rigoureuses ne regardent que le beau sexe ; les
hommep sont plus indulgens pour leurs propres foiblesses, car ils
ont des concubines dans leurs propres maisons, qui ne sont, à la
vérité, regardées que comme des servantes : leurs enfans n’ont
aucun droit à l’héritage du père.
Ils brûlent ou ils enterrent leurs morts; ils ne brûlent plus
maintenant que les morts de qualité ; cet usage étoit autrefois
beaucoup plus général qu’aujourd’hui. Ils dressent le bûcher
tantôt en plein air et tantôt dans une petite maison de pierres
avec une cheminée, destinée à ce funèbre usage. On recueille
la cendre dans un vase précieux que l’on conserve quelque
tems chez soi, et que l’on enfouit ensuite dans la terre; la veuve
et les enfans portés dans un norimon, des prêtres et une foule
de personnes des deux sexes., suivent le convoi. Un prêtre, après
avoir chanté un hymne, secoue trois fois, sur le tombeau un 1
(1) Les filles n’apportent d’autre dot
que leur trousseau. Malgré la liberté
dont elles jouissent ; les adultères sont
très-rares ; à la v é r ité , les loix sont
très-sévères sur cet article, et toutmari
qui trouve sa fempis tête à tête avec
un homme a droit de les poignarder
tous deux. En son absence, son père,
ses frères, et même ses enfans, ont
le même droit de venger son honneur.
Observations sur le Japon , par Carron.,
p. 26, Note du Rédacteur.
flambeau
flambeau qu’il je'tlé aussi-tôt par terré ; un enfant du mort ou
un parent le ramasse , et met le feu au bûcher. Les cadavres de
ceux qu’on enterre sans lès brûler sont placés dans un cercueil,
précisément comme s’ils étoient assis à la manière du pays.
• Là tendresse des enfans envers leurs père et mère se manifeste
encore après leur mort; ils brûlent des parfums pendant toutes
l'es cérémonies'de l ’ enterrement, et plantent des fleurs sur leur
tombeau, qu’ils viennent visiter pendant plusieurs années, quel-
quês-uns même jusqu’à la fin de leur vie; d’abord toutes les
semaines, ensuite tous les mois, enfin une fois au moins par an
à la fête des lanternes , qui se célèbre: en l’honneur des ancêtres’^
rf : ’ '
On voit dans le voisinage des hameaux et de tous les endroits
habités, particulièrement sur les hauteurs et auprès des. chemins
, un grand nombre de pierres sépulcrales , debout et chargées
d’une multitude de figures et avec des lettres dorées. Quelques
unes sont brutes et sans la moindre sculpture. J’appris
que l’on dresse une pierre semblable à chaque inhumation. ,Qn
place devant ces pierres une ou deux grosses cannes.de bambou
remplies d’eau , de feuilles et de fleurs. On reconnoît'aisément
les cimetières de très-loin, par le grand nombre de ces pierres
ainsi dressées.'
Nous rencontrâmes sur la route, en allant à Iédo , beaucoup
dè princes , de gens de qualité plus ou moins opulens, avec une
( l}O a peut voir une longue description
d’un magnifique convoi que le
P . Froj us vit à Miaco, dans les Lettres
de ce jésuite , p. iq 4. Varenius l’atrans-
critc en entier dans saBescriptio regni
Jàponioe. Amstelodami, Elzevir, / 64g ,
p. 2o4—209. Il n’est peut-être;pas
inutile d’observer que ces cérémonies
Tome I I .
sont à-peu-près les mêmes que celles
des Hindoux, rapportées par Crawford,
dans ses Sketches chiejly relating to the
history, religion, learning and manners
of the Hindoos, seconde édition. Lon-
don, i ygs , t. I I , p, 33. Note du Rédacteur.
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