
qui défriche une terre abandonnée, ne paie aucune redevance
pendant deux ou trois ans. Pour ne point léser les intérêts du
prince ni ceux des particuliers , on mesure les terres deux fois
par an, d’abord au printems, et alors elles sont généralement
inondées pour la culture du riz ; et vers le tems de la moisson.
La taille est excessive 5 elle monte , dans certains endroits , à la
moitié et même aux deux tiers du produit des terres. Quand il
s agit d’asseoir la taille, on fait scier le bled ou le riz qui couvre
une certaine quantité de terrain , et lé produit donne une base
assez juste pour le total. Toutes les terres appartiennent au
prince du pays' ou à la couronne ; le cultivateur n’en a que
l ’usufruit, et conserve cette espèce de fief tant qu’il l’exploite
bien.
■ Nous avons eu plus d’une fois occasion de parler de l’excellente
police des villes , de la tranquillité et de la sûreté qu’on y
trouve. Chaque ville a quatre bourgmestres , qui occupent la
présidence à tour de rôle pendant une année ; le président se
nomme Ninban; chaque rue a son Ottona ou commissaire de
police, qui doit rendre compte au bourgmestre de tout ce qui
arrive. Il- a sous lui plusieurs sergens. Il est obligé de tenir un
registre exact des naissancesdes morts, des mariages, des
v °y ageurs , des déménagemens et emménagemens 5 il accommode
les différends survenus entre les habitans , fait arrêter les
coupables, et a le droit même de les mettre aux fers. Il est nommé
par lés habitans propriétaires de là rue, et conséquemment
payé sur la caisse particulière de la même rue.. Les simples locataires
n’ont pas droit de voter pour cette nomination.
Chaque Ottona a trois'adjoints pour l’aider dans ses fonctions,
un secrétaire pour dresser les procès-verbaux , et un caissier :
ses sergens lui servent d’espions, et lui rapportent tout ce qui
se passe dans son arrondissement.
Toutes les rues ont dès portes qu’on ferme au moindre mouvement
séditieux, de manière à couper toute communication
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et à pouvoir arrêter les mutins, qui ne trouvent au'CUne issue
pour s’échapper.
Les fréquens incendies qüi ravagent les Villes et les villages
ont rendu le gouvernement et les particuliers très-attentifs. Les
habitans , locataires ou propriétaires, montent personnellement
la garde, et forment deux corps-de-garde de nuit, pour lesquels
on a le plus grand respect. Il est défendu, sous peine delà v ie , de
les attaquer. L’un de ces corps-de-garde reste toujours à son poste,,
et reçoit aisément du renfort quand il en a besoin; l’autre fait des
rondes, que l’on peut nommer patrouilles de sûreté pour le feu.
D’autres corps-de-garde sont distribués dans tons les endroits
où ils paroissent nécessaires ,- et les patrouilles se mettent en
marche à la fin du jour. Ces gardes sont doubles à Iédo. L’une
est uniquement chargée d’indiquer l’heure , en frappant deux
morceaux de bois l’un contre l’autre ; on précipite les deux
derniers coups , pour indiquer qu’il n’en reste, plus à frapper/
Chaque rue a sa- garde qui annonce l’heure aux portes de
presque toutes les maisons. La garde pour le feu se reconnoît
aisément,-en ce qu’elle traîne parles rues une canne de bambou
fendue, ou une barre de fe r , munie à l’extrémité d’un anneau
de même métal, qui rend un son désagréable. Chaque rue est
fermée par une porte auprès de laquelle se trouve une echelle ,
les sentinelles y montent pour voir s’ils ne découvriront pas
quelque germe d’incendie dans les quartiers voisins. On a- soin
de ménager sur les toits un carré garni d’un garde-fon, où l’on
place une cuve toujours pleine d’eau en cas d’incendie. En
outre, on a soin, dans plusieurs endroits , de construire des
magasins en pierre, où les marchandises peuvent être en sûreté.
Dans un cas pressant les habitans y transportent leurs meubles-
et autres effets précieux. Les murs extérieurs de ces .édifices-
sont garnis de clous à crochets, pour y pendre des nattes mouillées
, qui les préserveroient de l’excessive ardeur du feu si les--
maisons voisines étoient incendiées.-