
ce Sélym, fit frapper ces roupies pendantles vingt-quatre heures
qu’elle exerça l’autorité souveraine du consentement de son
mari. Ces monnaies furent défendues après la mort de ce monarque
5 on les fondit parce qu’elles n’avoient plus cours, de
l ’inexprimable et irrésistible volupté
qui respiroit dans tout son maintien (a) ,
captivèrent le Grand-Mogliol Djihânguyr
(6) ; il fit périr le mari de Mher-ûl-
Niçâ, qui étoit un prince patane, et l’épousa
en 1019 de l’hégire (1611 de l’ère
vulgaire). Le jour même de ses noces, il
changea le nom de sa nouvelle épouse en
celui de Nour-Mahhal (c) ; mais elle
préféroit cëlui de Nour-Djihân (d), sans
doute à cause de sa ressemblance avec
le nom de son époux. Sa faveur monta a
un si haut degré , qu’elle obtint de Dji-
hânguyr, en 1021 ( 1 6 1 2 ) , et dans la
(a) « Her shape , her beauty, her grace,
s> and that inexpressible volupteousnefs of
» mein which it-is impossible to ressist »,
Vow's history of Hindoostan.
(J>) Et non pas Sélym, comme le nomme
M- Thunberg. Djihânguyr , fils d’Akhar ,
naquit à Sigrefalpour en 977 de l ’hégire
(1069), administra l’empire en 1006 (1697),
fut reconnu roi ( pâdichâh) en ioi4 (i6o5),
régna 22 ans, mourut de maladie en revenant
du royaume de Kachmyr en 1037 (1628).
La pièce qu’on frappa à son avènement au
trône , portoit : « Le favori de la victoire ,
» la luniière de la religion , Mohhammed
» Djihânguyr, roi, destructeur des infidè-
» les ; frappée dans la ville capitale d’A -
» grah. ioi4 (i6o5) ». Hist. ms.
(c) La lumière du Ilharem , que nous
nommons improprement sérail.
septième année de son règne, l’exercice
du pouvoir souverain pendant six mois,
et prit même le titre: de Pâdichâh (0).
I l est probable que pendant ce règne
momentané, elle ait fait battre monnoie ;
mais tous les historiens Indiens s’accordent
à dire que les pièces au zodiaque
dont parle notre auteur, et sur lesquelles
plusieurs voyageurs contemporains ont
débité le conte qu’on lit ici dans le texte>
ainsi que dans Moreri, à l’article Nour-
Djehan, ne sont point de cette princesse
(ƒ), mais qu’en 1018 de l’hégire
(1610 de l ’ère vulgaire), Djihânguyr
(d) La lumière du monde.
(e) Mot persan qui signifie monarque,
souverain.
(d) L’inscription même de ces monnoies
prouve qu’elle n’osa pas s’attribuer cette
prérogative du pouvoir souverain ; car on y
lisoit : Par l'ordre du roi Djihânguyr, cette
pièce d'argent a trouvé cent grâces avec le
nom de la béguin (princesse) Nour-dji/iân ,
souveraine, frappée dans la ville d 'A-
grah, l ’an 1021, premier de son règne. Ilist.
des pièces de monnoies qui ont été frappées
dans l'Hindoustan , tirée de plusieurs historiens
du pays, à Fayzàbâd, 1773 , par
le cit. Gentil, ancien capitaine au service
de France, dans l’Inde. Ce précieux manuscrit
, orné de miniatures , m’a été communiqué
par l’auteur.
manière qu’elles sont devenues très-rares 5 il est difficile surtout
de les rassembler toutes les douze. D’un côté elles portent
un des douze signes du zodiaque > de l’autre , des inscriptions
arabes ou persanes.
Je touchois à l’expiration de mes engagemens avec la Compagnie
hollandoise 5 après avoir reçu mes appointemens et la gratification
ordinaire, je résolus de faire un tour en Angleterre, et
de passer une partie de l’été à Londres.
Je partis au mois de novembre pour la Haj^e , où je vis plusieurs
objets curieux d’histoire naturelle et d’art qui ornent
le cabinet du Gouverneur héréditaire. J’allai rendre visite à
M. Lionnet, pour voir sa belle collection de coquillages. Je.
passai par Rotterdam pour me rendre à Helvoetsluys , où un
vent contraire me retint pendant plusieurs jours 3 il changea
réforma l ’ancienne monnoie indienne, » ment dans la ville d’Agrah, par le
et y substitùa celle du zodiaque. On » nom de Djihânguyr,fils du roi Akhar,
frappoit chaque nouvelle année le signe » hégire 1 oi 8 (1600 del’ère vulgaire),
qui dominoit le jour de.son avènement » quatrième de son règne (a) ». L e jé -
au trône ; la première pièce portoit le suite Catrou (b) avoit déjà observé très-
signe de l’écrevisse, ainsi des autres , judicieusement que si la Sulthane a fait
jusqu’à la mort de cet empereur. Une frapper ces monnoies, elle n’a pas eu
preuve qui vient à l’appui du témoi- au moins la témérité de le faire en son
gnage des historiens Indiens, et à la- nom ; enfin le témoignage des historiens
quelle M: Thunberg auroit dû faire at- Indiens ne permet plus même de les
tention, c’est que la légende du revers lui attribuer en aucune manière. Notes
ne porte pas le nom de Nbur-Mahhal ; du Rédacteur. ■
on y lit : «• U or a trouvé de Vemhellisse-
(a) Histoire manuscrite des pièces frap- sur les Mémoires Portugais de M. Mapées
dans l'Hindoustan, à l’article Vjé- nouchi, par le R. P. Catrou , 1715 } t. I ^ p.
hanguyr, suivant l ’orthographe du capi- 322 , 323. M. Tychsen a aussi parlé mais
tàine Gentil. très-légèrement, de ces pièces dans son J/z-
(b) Histoire générale de l’empire du Mo- troductio in rem numerariam Mohammeg
o l, depuis sa fondation jusqu'à présent, danorum. Rostochii. 1794. p. 295.