
tems dans les grandes îles qui sont habitées , les vaisseaux de
garde approchent de cette île pour les surveiller. Les habitans
des villages nous considèrent toujours avec étonnement, et ne
peuvent s’accoutumer à nos grands yeux ronds ; c’est pour cela
qu’ils crient , en nous voyant , Hollanda o-me.
Je profitai du tems qu’il me fallut restera bord, pour botaniser
dans les îles voisines et àPapenberg. Je rassemblai, pendant l’ automne
, beaucoup de graines , de plantes , d’arbustes exotiques ,
que je mis sur le vaisseau qui retournoit à Batavia , pour qu on
les envoyât ensuite en Europe.
Le i 4 octobre i 775 , on conduisit le vaisseau hôllandois du port
de Nagasaki à Papenberg, pour y mouiller et prendre le reste de
sa cargaison. ■
■ Papenberg {\) est une petite île formée par une montagne
pointue et escarpée dé deux cotes, mais accessible de deux
autres.' On peut même monter sur sa cîme en moins d’un quart-
d’heure.. On dit qu’elle doit son nom aux moines: Portugais qui
furent précipités de cette île - dans la mer pendant les persécutions
exercées contre eux par les Japonois. Nous vîmes , au
pied de cette montagne, des bâtimens chinois, qui, ayant presque
toute leur cargaison, n’attendoient qu’un bon vent pour mettre
à la voile.
Vischerseyland. (2) , situé auprès de Papenberg , ne forme
qu’une colline longue et plate. Ces. deux îles ne sont pas habitées.
Mon devoir m’obligeoit de rester à bord , jusqu’à ce que je
fusse relevé par mon prédécesseur, qui devoit partir pour Batavia.
Le jour du départ est fixé par le gouverneur, et cet ordre
s’exécute sans le moindre délai, quelque contraire que puisse
(1) Isle des Papistes. Les Japonois la par-le P. Charlevoix , t. V I I I , p. 3,
nommera Tckabocc ,0:1 Taka-jama ( le Rédacteur.
pic des bambous. ) Histoire du Japon , (2) L ’ile des pêcheurs,
être le vent, et quelque tempête qu’il fasse. Le vent fut ce jour-
là si contraire, qu’il fallut employer plus de cent barques pour
remorquer notre vaisseau. Il seroit difficile de peindre le spectacle
qu’offroient ces longues files.de nacelles attachées par des
cordés à un immense bâtiment qu’elles s’efforçoient de remuer ,
et les rameurs japonois s’animant par des chants cadencés. :
Au moment où nos gens levèrent l’ancre, on leur rendit leur
poudre , leurs armes , la caisse de litres , et l’on ramena à bord
les malades de l’hôpital.
En mettant à la voile on tire le canon pour saluer la ville de
Nagasaki , la factorerie et les deux gardes impériales.
L‘e 1er janvier i 776 , nous célébrâmes le renouvellement de
l’année. Plusieurs Japonois vinrent partager nos amusêmens et
contribuer à rendre la fête plus gaie. La terre étoit absolument
nue et dépouillée de toute végétation. Il faisoit, depuis quelque
.tems , un froid rigoureux et continuel ; cependant nous vîmes
arriver à midi les banjos supérieurs et inférieurs, les- ottona ,
les interprètes et sous-interprètes , les visiteurs >les inspecteurs
et autres Japonois employés pour le commerce de la Compagnie
• des Indes ; tous en habit de gala et en grande-cérémonie , vinrent
à notre factorerie souhaiter une heureuse année. Le.chef, à qui
ils rendirent une visite particulière , les retint à dîner. Comme
tous les mets étaient accommodés à l’européenne , nos convives
firent peu de dégât. A la vérité , ils mangèrent tous de
la soupe , mais se contentèrent de goûter de quelques autres
mets, tels que les cochons, de lait rôtis , les. jambons , les
salades, les tartes , les. tourtes , et autres, pâtisseries. Malgré
leur sobriété, il ne resta rien sur les plats , parce qu’ils mettoient
sur une assiette les morceaux qu’on leur présentoit; et quand
l’assiette étoit remplie, ils l’envoyoient à la -ville ,. avec un
papier sur lequel étoit écrit le nom de la personne à laquelle ce
message étoit destiné. On en expédia plusieurs de cette epèce.
Les Japonois ne mangent pas habituellement de viande , de