
$. X. Gravure.
La gravure ne leur est pas absolument inconnue; quoiqu'ils
nous soient bien inférieurs clans le dessin, ils ont cependant un
vées au génie des Européens. A la vérité
, il y a tout lieu de croire que la
première idée de cet art leur a été suggérée
par les livres ou les fragmens
chinois que des négocians auront apportés
de la Tatarie par la Russie, ou de
la Chine par l ’Inde et le golfe Arabique,
C ’est l’opinion du jésuite Mehdoça 5
elle me paroit appuyée sur la coïncidence
assez frappante de l’invention de
la boussole, de la poudre à canon , et
de l’imprimerie, dontles Européens se
trouvèrent enrichis en moins d’un siècle.
La conformité de nos premiers essais
dans ce dernier art avec les procédés
des Orientaux, ne doit laisser aucun
doute. On commença par graver des
pages entières sur des planches de bois ;
on essaya ensuite de tailler des caractères
mobiles eu buis,on les assèmbloit
et on les assujettissoit en passant dans
la tige un bout de corde à boyau. Enfin
un artiste ingénieux (Fiisf ou S ch a e f fe r }
(a) In separatâ collegii parte institut#
est officia# typographiea pro lingug, latinâ
et japonicâ, hoc anno {i5q6 ), çditus est
Cathechismus Concilii Tridentici latinè qui
proeiegitur in seminario. Pro.diit quoque
libellus dictus Contemptus Mundi , latinè
etjaponicè; Exercitia itemY. Ignatii latine.
imagina de polytyper chaque lettre
par le moyen ‘ de la f r a p p e et de la
f o n t e . I l faut convenir que la" simplicité
et la régularité de nos lettres a pu leur
inspirer cette idée et en faciliter l ’exécution
, tandis que nous sommes obligés
d’épuiser toutes les ressources de la 'typographie',
parvenue déjà à un haut
degré de perfection, pour rendre - bien
-imparfaitement encore les différens caractères
orientaux; on n’a même fait,
jusqu’à prèsènt, que des essais peu sa-
tisfaisans pour imprimer le Chinois en
caractères mobiles, — - _ _ '
Les Jésuites avoient établi une imprimerie
pour les langues latine et jâ-
ponoise dans leur .collège d’Amacou-
so ; ils y imprimèrent en i 5g6 le Catéchisme
du concile de Trente en latin ,
qu’on lisoit dans leur séminaire ; ensuite
une brochure intitulée, C o n tem p tu s
mundi, en latin et en japonois, et le*
E x e r c i t ia P, J g n a t i i en -latin (<à). Ils ont
Voyez Historica relatio de rebus à PP,
Societ. Jesu gestis. durante persectitione,
p. 4o3 du recueil intitulé De Rebus Japo-
niçis, Indicis et Peruanis, epistoloe reeen~>
tiores ab Hayo ' coacervatoe. Antuerpiæ,
16.65. Rédacteur.
grand
grand mérite à mes yeux : c’est de ne dessiner que des objets
réels, tels que des animaux, des plantes , sans y meler des créations
fantastiques, et qui n’existent que dans l’imagination vagabonde
de l’artiste.
§. X I . Géométrie et Géographie.
Ils savent assez de géométrie pour dresser d’assez bonnes cartes
géographiques- et topographiques de leur pays et de leurs villes.-
J’ ai rapporté avec moi, malgré les défenses rigoureuses du gou-
• vernement, uné carte générale du royaume, et des plans d’Iedo,
d’Qsakka, de Miaco, de Nagasaki, &c.
J. X I I . Poésie et Musique (1),
Ils ont beaucoup'de goût pour la poésie, et se plaisent à chanter
leurs dieux, leurs héros et leurs grands hommes.
enebre imprimé d’autres ouvrages,
comme ou a vu au chapitre^ la L a n g u e
J a p o n o i s e . Outre qu’il seroitimpossible
de s’en procurer un catalogue complet,
le résultat de ces recherches ne dédom-
mageroit pas des peines qu’elles au-
roient coûtées.
Nos missionnaires français ont établi
à Pékin, depuis peu d’années, une imprimerie
, à l’imitation de .celles d’Europe.
Ils m’ont fait passer le P a t e r imprimé
par eux-mêmes en latin, en chinois,
en mandchou, eten coréen ; ils ont
fait usage, pour ces trois dernières langues
, de planches gravées à la manière
chinoise ; e t , sans les convulsions qui
n’ont cessé d’agiter la République, nous
leur aurions envoyé une fonte des caractères
latars-mantchoux, gravé.s.sous
Tome I I .
ma direction par le citoyen F i rm in Di-
d o t : ces caractères, les premiers et même
les seuls de ce genre, m’ont déjà
servi à imprimer V A lp h a b e t et le D i c t
io n n a ir e de cette langue, inconnue j us-
qü’à présent en Europe. N o t e d u R é d
a c t e u r .
(1) Les Chinois ont peu de choeurs
proprement dits dans leurs pièces ; les
acteurs chantent par intervalles ce que
nous appelions des tirades,,1 celles surtout
qui. expriment lés: fureurs e t les
plaintes , les folles j oies ou les passions*
qui les agitent. La symphonie, et quelquefois
des voix , lés soutiennent. Les>
historiens en racontent des effets terribles.
Il est fâcheux que c e s u je t n’ait que
f o r t p e u in té r e ss é , le savant Arayot, qui
,étoit plus à portée que qui que .ce soit
Y v >■