
noient sur une petite rue, presque continuellement remplie
d’enfans, qui crioient dès qu’ils croyoient appercevoir seulement
notre ombre. Ils montoient quelquefois sur les murs des maisons
situées en face de nos appartemens, pour tâcher de nous voir..
Au reste, nous avions fait ce voyage très- agréablement
et en bonne .santé 5 le secrétaire seul avoit éprouvé quelqu attaque
de goutte» .
La route que nous prîmes pour nous rendre dans cette ville,
la plus reculée de tout l’Orient, n’ est pas tout-à-fait la meme
que celle de Koempfer, ou plutôt de l’ambassadeur que .ce
médecin accompagnoit r et nous ne nous arrêtâmes pas dans
les mêmes: endroits. .Notre voyage par mer nous retarda considérablement
, et nous arrivâmes plus tard qu’aucune, des
/ambassades précédentes. Ce retard me procura le plaisir de
voir le printems dans tout son éclat, et même lës approches
de l’été; Si ce voyage eût été d’un mois plus court, notre
retour à Nagasaki eût été accéléré d’autant : ainsi , je n’ au-
rois pas eu occasion de voir une foule d’arbres et de plantes
en' fleurs , et de recueillir des- graines;.
Dans le.cours de notre voyage , nous traversâmes quatorze
provinces,, qui sont, Omoura, Fïsen, Tsikoungo, Tsikoudsen,
Boudsen , Iammasino , Omi , Isi , Ovari, .Mikava, Tootsmy,
Sourotinga, Sagami et Mousasi : nous, passâmes auprès de Na-’
gatto , Souvo , A k i, Bingo, Bitsico , Bidsiou, Farima et Sidsiou.
A peine arrivés à Iédo, nous reçûmes les visites de_.quelques:
savons de la .ville, qui avoien.t obtenu du gouvernement une
permission particulière de nous voir ; car jusqu’au jour de
l’audience il nous étoit défendu, de sortir et de recevoir qui
que ce fût. Cependant le sénat -fit une exception en faveur
de cinq médecins et de deux astronomes,, qui vinrent en grande
cérémonie nous féliciter de notre heureux Voyage , et nous
exprimer la; joie que leur causait notre arrivée. Ils. furent
reçus - dans' notre, salle, d’audience par l’ambassadeur, le ...secrétaire
,
crétaire, les interprètes, les officiers et moi. Ils prolongèrent
leur visite pendant quelques heures j après l.çs qpnqjfirpens
d’usage , ils m’entreprirent nomme celui des trois jEucopéeqs
qui avoit le plus .cultivé les sciences. Le.s astronomes, qui
nommoient Sakaki-Bousin e.t Soubokava-Soulo , me .questionnèrent
principalement sur Içs éclipses. Les Japonois ne sont
pas en état de les calculer à la minute., ni -même à l ’heure.
-Comme il -falloi-t que les demandes .et les réponses passassent
par la bouche des interprètes, il y avoit toujours beaucoup
-d’incertitude -et de louche .dans notre -conversation ; cependant
les objets que nous traitions exigeoient la plus grande
précision. En-outre, je n’étois’pas toujours-en état de résoudre
■ les doutes de mes Japonois , -car j e n’avois pas sous la main les
livres nécessaires. J’ ai déjà avoué mon inexpérience en astronomie.
J’avois plus de facilité jpqur m’entretenir avec les médecins
, parmi lesquels il y en avoit même deux qui entendoient
un peu le hollandois, et les interprètes eux- mêmes étoient
initiés dans la médecine.
Le doyen de ces médecins, nommé Okada-Iosin, -vieillard
de soixante-dix ans, .prenoit assez: volontiers la parole au nom
de ses collègues'. Il me questionna principalement sur les cancer ,
les fractures, les hémorrhagies du nez, les clous et-écrouelles,
les abcès, les phimosis, les -esquinancies, les maux de dents
et les hémqrihoïdes. Kourisouki-Dafa, -jeune médecin, parloit
ordinairement après ie-doyen ; Amano-Reosioun-et Fakousma-
to-Dosin se contentoient d’éGouter, et ne revinrent pas souvent
, tandis que les autres me -rendirent ensuite de -fréquentes
.visites sans cérémonie., .et .les .prolongeoient très-avant
dans ,1a nuit. ,Je leur donnois des.leçons de .physique , (le botanique
^.particulièrement de médècine:e.t de-chirurgie. Le plus
jeune, -nommé Katsragava-Fodjpu.., -étoit médecin ordinaire
de l’ empereur., et portoit -sur ses habits -les -armes impériales.
Tome I I . K