
ses : les liabitans de ces cantons excellent dans ces bagatelles.
Comme nous revînmes d’Iédo dans la saison des pluies (1), les
cousins (2) nous tourmentèrent souvent, sur-tout pendant la
nuit ; ils nous empêchoientmême de dormir. Nous eûmes recours
au moyen que les naturels emploient pour se préserver de ces
insectes ; ce sont des rideaux très-amples, d’une étoffe verte
et assez claire pour laisser circuler l’air ; on les attache au
plancher, et on en enveloppe son l i t , en ne laissant qu’une
seule ouverture par le bas. On emporte aisément ces rideaux
avec soi. -
Après nous être reposés plus long-tejns que nous n’aurions
voulu, nous nous remîmes en marché le 4 juin,-et ce jour-
là nous ne pûmes faire que deux milles jusqu’à Kakigava.
Les jours suivans jusqu’au 11 du même mois , nous suivîmes
exactement notre précédent itinéraire. Nous dînâmes à Mitske ,
Array., Okasakki-, Isiakousi, Minakouts et Isiba : nous couchâmes
à Fammamats , Iosida , Tchiriou, Kvana , Sekij KoUsats
et Miaco.
Nous rencontrâmes des mendians sur la route d’Iédo à Miaco ;
ils étoient presque tous blessés au pied 5 ce qui m’étonna d’autant
plus, qu’il est rare de voir iin Japonois mal fait ou
estropié.
On trouve encore dans cette province beaucoup d’yeux rouges
et chassieux, sur-tout parmi le peuple , les vieillards e t'le s
enfans ; j’attribuai cette infirmité au charbon dont on fait usage
dans l’intérieur des maisons , et aux cruches d’urines placées
devant chaque porte.
(1) C ’est ce qu’on appelle , dans l’Inde
la mousson pluvieuse ; elle commence
au mois de mai, et finit en
septembre, Voyez an lndostany vocabulary,
&c. London, 178g, p. 601.
Note du Rédacteur.
(2) Culex irritons. Espèce de cousin
non décrite.
Le
Le 12 juin , le maréchal-des-logis de la cour, ou, comme on
le nomme ic i , ;le grand juge (1), nous donna audience, ainsi
que les deux,gouverneurs de. la ville, qui nous firent la même
réception que les Grands d’Iédo. Ce grand maréchal (2) nous
donna en échange des présens que nous lui offrîmes, cinq grandes
robes ; et chacun des gouverneurs une somme en argent à l’ambassadeur
seulement, à-peu-près de la valeur de vingt-une rix-
dalles. Cette somme étoit, comme tous les présens de cette
espèce, enveloppée à la manière du pays dans du papier du
Japon, et formoit un paquet oblong, collé aux deux extrémités
j on écrit sur les deux côtés la note du contenu. La plupart
de ces paquets qui renferment des sommes plus ou moins fortes
ont été faits par le directeur même de la monnoie , qui inscrit
le montant sur l’enveloppe ; ils passent souvent par plusieurs
mains , et il est responsable du contenu quand on les ouvre.
L’après-midi je reçus une visite du médecin du Daïri. C’étoit
un homme entre les deux âges 5 il se nommoit Oguino-Saffio-
gue-Ie-no-sa-hon; Oguino est son nom de famille, le-no-sa-
hon son surnom, et Saffiogue , un titre d’honneur que lui a conféré
le Daïri. Il apporta plusieurs plantes, pour la plupart nouvellement
cueillies , et dont il desiroit connoître les vertus. Il
me demanda aussi des avis sur diverses maladies. Comme nous
nous servions d’interprètes pour notre conversation , ce médecin
fut très-surpris lorsqu’il me vit écrire le nom d’une plante
en caractères japonois , pour le lui donner plus exactement.
Les Hqllandois voyagent avec béaucoup plus de liberté en
revenant de la cour qu’en y allant. C’est pourquoi nous, eûmes
la permission de visiter les plus beaux temples de Miaco et
les mieux situés. Ils sont ordinairement bâtis sur le penchant
des montagnes voisines des villes, et conséquemment dans la 1
(1) Du Daïri, ou empereur ecclésiastique.
Rédacteur.
Tome I I .
(2) Groot rechter en hollandois. Rédacteur.
M