Arrivés à Isie , les pieux pèlerins sont conduits au teïnple par
un prêtre , à qui ils font un petit présent3 celui-ci qui ne' veut
pas rester en arrière à leur égard, a la générosi Lé de leur accorder
une boëte d’indulgences plénières pour toute l’année 3 ce sont
de petites lames d’étain très-minc.es renfermées dans une. boëte
oblongue. Ils font leur prière avec recueillement et humilité,
et se retirent.
Outre les prêtres attachés aux églises , il y a encore différens
ordres de religieux plus ou moins révérés ; l ’ordre des aveugles,
est peut-être un des plus originaux qui existe , puisqufil n’est
composé que d’aveugles, et se trouve disséminé dans tout l’empire.
L’ordre des Jammabos (1) , ou moines dés . montagnes ,
mérite aussi quelqu’ attention. Sa fondation remonte à plus de
douze cens ans. Le général qui réside à Miaco , distribue les
dignités aux moines selon le mérite qu’il leur reconnoît. Ces
marques» He distinction consistent en un cordon attaché au Col
et orné de franges d’une longueur proportionnée à leur dignité.
Us portent un sabre au côté gauche , et à la main une canne à
pomme de cuivre , avec une coquille (2) qui leur sert de trompette.
Ils sont coëffés d’un bonnet, portent sur le dos .un sac ou
une gibecière ,- et une paire de souliers , qu’ils ne mettent que
pour gravir sur les montagnes 3 ils ont dans l’autre main un chapelet.
Ces moines mènent une vie pénible et cruelle. Ils sont
obligés de traverser une fois par an- des forêts très-dangereuses, 1
(1) Soldats des vallées-( miles con-
vallium). Selon le jésuite Gaspard Vil-
le la , ces imposteurs , pour s’acquérir
une réputation de sainteté, se tourmentent
cruellement, courent- , veillent,
mangent peu, pratiquent en un mot
toutes les stupides et effroyables mortifications
des Boqzes de la Chine, des
Brahmanes de l’Inde, &c. Rédacteur.
(1) Murex tritonis. L e P. Georgi l’appelle
concha marina, et* dit qu’un
homme à longue queue s’élève hors de
cette coquille pour prier Qouamvon.
Elle est aussi'sacrée chez les Tibétains
que chez les Japonois. Alphabet. Ti-
betan. p. i 43, i 45. Rédacteur.
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et de monter sur le sommet des plus hautes montagnes. La pureté
du corps est pour eux un devoir sacré , c’ est ce qui les oblige
de se baigner souvent dans l’eau froide. Ils ne vivent que de
racines et d’herbes ramassées sur les montagnes. Ils marchent
presque toujours pieds nuds-, et se melent, comme nos Bohémiens
du Nord (1), de guérir beaucoup de maladies, de faire
recouvrer les objets volés, de dire la.bonne aventure, &c.
Les voeux sont encore un genre de superstition aussi commun
parmi les Japonois que chez nous. Un de nos meilleurs interprètes,,
avoit fait celui de ne porter jamais de souliers 5 il fit
avec nous dans l’hiver de 1776, le voyage d’Iédo , et resta les
pieds nuds pendant les plus grands froids sans être incommodé.
Il y a plus de mille ans qu’ il existe des monastères de femmes
au Japon (2) ; mais ils ne sont pas , à beaucoup près , aussi nombreux
que ceux des états catholiques de l’Europe.
Le général de chaque ordre réside à Miaco 3 les communautés
des prêtres attachés au service des églises et des monastères
ont un supérieur 3 les ordres monastiques ont aussi leur procureur
à Iédo auprès de l’empereur la ïc , pour décider les affaires
temporelles qui concernent le clergé , ou pour juger ceux qui
sont accusés de quelque crime. Mais avant de mettre le coupable
à mort, il faut que l’arrêt soit signé par le général de l’ordre.
Ainsi dans l’antre même du despotisme, les pretres trouvent
encore le moyen de se soustraire à l’ autorité du despote.
L a religion chrétienne s’introduisit au Japon peu de tems après
que les Portugais en eurent fait la découverte. L ’arrivée des
premiers jésuites dans la province de Bungo, remonte à l’année
i54q (3). Ils se répandirent dans tout le royaume par le moyen
(1) Connu sous le nom de Zigènes,
en latin Cingari. Rédacteur.
(2) Ces religieus.es se nomment Ha-
macata; elles sont du même ordre que
les Bonzes Leguixil. Note du Rédacteur.
(3) François Xavier arriva dans cette
province le 5 août i 54g. La guerre ci-
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