
Le crystal noir est un basalte noir, luisant et compact. On
en trouve des morceaux défigurés par le roulement des eaux;
il est brillant dans sâ matrice, et se divise en lames plates et
diaphanes sur les bords ; les morceaux sont gros comme un petit
pois j ou tout au plus comme une noix. Ceux qui sont dans leur
état primitif ont six pans inégaux et une pointe triangulaire
émoussée. Les boutons que l'on en fait ressemblent à de petits
morceaux de charbon de terre; ils ont peu de valeur. J’ignore
si les Indiens connoissent sa vertu électrique; ils ne le désignent
pas sous le nom de turmalin.
U oeil-de-chat est une pierre très-dure, à demi-transparente,
plus ou moins blanche ou verte, avec une raie blanche et large
d’une ligne dans le milieu. Sa couleur change suivant la manière
dont on la tourne. Cette propriété lui a sans doute valu le nom
qu’elle porte. Les plus grosses que j’ aie vues égaloient à-peii-
près une noisette. Dans son état brut elle ne conserve aucune
trace dé sa crystallisation ; sa valeur est en proportion de sa
grosseur et de sa transparence. Une pierre grosse comme une
noisette, et sans fente ni aucun autre défaut, se paie-cinquante,
soixante rixdalles , et même davantage ; on les taille -en rond et
en ovale, sans facettes : on en fait des bagues pour les Maures/ -
On voit que la pierre désignée en Europe sous le nom de tourmaline,
et renommée par sa vertu électrique, n’est pas la même
que les tufmalins des Indiens, qui sont de differentes especes ,
et ne contiennent point de fluide électrique.
J’ai montré la plupart des pierres dont je viens de parler au
professeur Bergman, qui m’en a donné les noms minéralogiques. ■
Les Maures de Colombo , de Galle et de Matouré vendent ces
pierres brutes, taillées ou montées ; mais un étranger doit se
tenir en garde contre leurs fourberies , car ils les surfont excessivement
et les imitent de manière à tromper des connoisseurs.
On déterre ces pierres dans beaucoup d’endroits à deux ou
trois pieds de la surface de la terre ; dans d’autres, il faut creuser
jusqu’à vingt pieds et même davantage. Quand il se trouve
une source dans le voisinage de la fouille , la besogne en va plus,
vite , car on fait aussi-tôt le lavage. Il suffit de mettre la terre
dans de grande® corbeilles de joncs,- que l’on tient dans l’eau de
manière qu’elle se délaie et filtre à travers les joncs. Ainsi, les
mines situées près des ruisseaux sont les plus agréables, quoiqu’elles
ne-soient pas toujours les plus abondantes,
• On adjuge ordinairement pour le bénéfice de la Compagnie ,
au plus offrant etdernier enchérisseur, le droit de creuser et de
chercher des pierres dans les environs de Matouré. J’ai appris,
qu’en 1778 et 1779, un Maure s’étoit rendu adjudicataire pour
cent quatre-vingts rixdalles. Des commissaires de là Compagnie
indiquent les terres à creuser, et ont soin de les prendre dans
différens cantons. Il s’y trouve quelquefois des jardins appartenant
à des Chingulais; on les retourne comme les autres terres.,
Le même endroitpeut être creusé plusieurs fois ; mais on s’attache.
particulièrement à ceux qui se trouvent dans le. voisinage des
montagnes ou des ruisseaux. Le premier adjudicataire sous-ferme
des portions àraison du monde qu’il permet d’employer. Un sous-,
locataire, par exemple, peut, moyennant quinze rixdalles, avoir
dix ouvriers, ainsi du reste à proportion, et il peut les faire,
travailler pendant toute l’année. Un inspecteur ou piqueur rassemble
foutes les pierres qui restent après le lavage des terres,
et en fait chaque mois un envoi au maître ; celui-ci les classe
et les arrange de la manière qui lui semble la plus lucrative et
la plus avantageuse.
Je payai douze pagodes un bézoar trouvé dans le fiel d’un
singe , de l’espèce qui est décrite sous le nom de singe ouandc-
rou (1). On regardoit ce bézoar comme le plus rare, le plus grand
qu’on ait jamais vu ; on le nomme pierre de singe : il étoit pâle
et luisant. Je l’ai déposé dans le cabinet minéralogique d’Upsal.
|i£| Siviia silemis..