
ou labourent leurs terres. Les-services que rendent ces oiseaux
leur servent de sauve-garde , et personne ne songe à lës effrayer
ni à les inquiéter. C’est à cette bienveillance générale pour eux
que j’attribuai leur familiarité.
Je vis aussi beaucoup de poules et d’oies domestiques et-sau-
«vages. Ces derniers se réfugient par troupes dans les courans qui
séparent les îles : là ils sont à l’abri des poursuites des chasseurs.
On en rencontre quelques-uns aussi dans l’intérieur des terres,
mais je ne pus m’en procurer une collection aussi complète que
je l’aurois désiré, parce que l’usage des armes à feu m’étoit sévèrement
interdit. Voici les seules espèces que je suis parvenu à
examiner de près.
Le coq et la poule (1), le corbeau (2), l’oie (3) , 1a sarcelle (Aj,
qu’on apportoit quelquefois pour notre table ; le héron (5) , qui
suit le laboureur dans les champs; la caille (6), le bouvreuil (7) ,
le gros bec de riz (8) , et le pigeon ramier (9),
Les Japonois préfèrent le poisson aux viandes les plus exquises,
et leur, industrieuse avidité va chercher les. habitans de la mer
jusqu’au fond-de ses abîmes. Il me fut donc très-facile d’en
faire de belles et nombreuses collections , que je conservois dans
l’esprit-de-vin , et que j’envoyai en Europe par Batavia. Mais
différens accidens survenus pendant mon retour , m’ont privé
des individus les plus précieux que j’ avois apportés avec moi.
. Kami-kiri-inousi est le nom qu’ils donnent à un gros capricorne
(10) , qui a des raies blanches sur les élytres, 1
Leurs ote gaki (11), ainsi nommées parce qu’elles ne sont
(1) Phasianus gallus.
(2) Corvus çorax.
(5) Anas causer.
(4) Galericula ét querquedula.
(S\Ardea alba et majoro.
(6) Tetrao_coturn,ix.
(7) Loxia pyrrhula.
ü Loxia ory-zivora.,
(9) Colomba amas.
(10) Cerambix rubus.
(11) Ces mots japonois signifient
huître tombante,
point
point attachées contre les rochers comme les huître's ordinaires.
Elles ont une forme ohlongue et un excellent goût, et sont très-
grosses. Les naturels en mangent beaucoup cuites avec une
sauce, et l’on en apporte quelquefois aux Hollandois dans leur
île.
Je vis aussi dans notre cuisine une beljè espece de perche
rayée (1), longue de six pouces, que les Japonois nomment ara.
Parmi les comestibles que l’on venoit vendre dans notre île ,
je remarquai des oeufs de poissoils salés , légèrement presses et
séchés , et qui ressemblaient à un morceau de fromage : on les
mangeoit cruds comme du caviar (2).
Le daine (3j- est un poisson dont les nageoires du ventre se
terminent en grosses pointes. Après avoir arraché là peau, qui
est dure et couverte de pointes , on fait cuire ce poisson , dont
la chair est ferme et de très-bon goût.
Us ont assez ingénieusément nommé ketama hard (4) un autre
poisson , si venimeux, que celui qui en mangeroit paieroit. de
sa vie' une pareille imprudence. Les naturels ont bien raison de
dire qu’il a placé le chevet de son lit au nord, parce que c’est
l’usage parmi' eux de tourner la tête des agonisans du côté du
nord.
Les Japonois mangent beaucoup de seiches (5) qu’ils font
(1) Perça pic ta.
(2) Le caviar est un aliment préparé
avec les oeufs d’esturgeon. Voyez les
Voyages de Pallas. M. Tliunberg dit un
peu plus bas : <c On sale et l ’on presse
» les oeufs d’un gros poisson pour les
)> manger comme de la viande avec du
riz 5 ce mets se nomme hard soumo ».
Je -n’ai pas cru devoir insérer eette
phrase dans le texte , car j e .crois que
c’èst une répétition de ce qu’on vient
Tome I I .
de lire. Ne voulant pas manquer à la
scrupuleuse fidélité dont j e me suis fait
une lo i , j ’ai cru devoir la rapporter
en note..Note du Rédacteur.
(3) Scicena Japonica. ( Matskasa en
japonois, j
(4) Poisson mortel. Tetraodon his-
pidus.
(5) Sepia octopodia. ( Ika en japa-
nois. )
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