
un danseur ne figure tout seul ; ils expriment des actions héroïques
ou des transports amoureux, sans chant, ni déclamation :
un orchestre règle leur mesure et leurs pas. Ils plient leurs
corps en tous sens, et se redressent quand la musique cesse.
Ces filles ont sur; elles une trentaine et même plus de robes
de soie fines et lé g è re sd on t elles ôtent successivement les
corsages , qui pendent ensuite autour de leur ceinture. Cette
prodigieuse quantité de vêtemens , à la vérité aussi légers que
lès robes de gaze de nos actrices , ne les empeche pas de faire
leurs gambades et leurs gestes, lascifs avec toute la souplesse et
l'agilité imaginables. \
Le siobout est un jeu que les interprètes désignent en hol-
! landois sous le nom de gau.se speel (1) ; on jette un dé sur un
carton divisé en plusieurs carreaux, dans lesquels: il y a quelques
figures grossièrement dessinées. On marque sur les
carreaux les points que l’on a amenés.
Les Japonois n’aiment pas beaucoup le jeu de cartes ; en
outre , il est sévèrement défendu par le gouvernement. Ils
s’amusent quelquefois a jouer aux cartes sup les vaisseaux,
mais jamais"'à terre. ■
Leurs cartes ont deux pouces de long et ufi de large ; elles
sont en carton noir d’un côté, et de l’autre chargé de bigarrures.
Un jeu est composé de cinquante-cartes, dont ils font plusieurs
ta s , et sur lesquels ils mettent de l’argent. Chèque joueur tire
une’ carte , la retourne, et la plus belle a gagné. ^ ^
Ce jeu ressemble assez, comme on voit, à nos petits paquets.
DES j a p o n o i s : 283
C H A P I T R E X X I I .
^4 r m e s d e s J a p o n o i s .
I ls se servent de l’arc avec ses flèches, du sabre, de la
hallebarde (1) , et du mousquet. Leurs -arcs et leurs« flèches
sont aussi grands que ceux des Chinois. -Quand un bataillon
entier se dispose à lancer des flèches, i l . se met à genoux,
de manière qu’ilé ne -peuvent faire une décharge subite. Les
troupes se rassemblent tous les ans au printems pour tirer au
blanc.' ■
Le mousquet n’est pas leur arme ordinaire (2) ; je 11’en ai vu
que dans la salle d’audience des grands 5 ils sont attachés au
haut de la. muraille. Les canons sont d’une longueur ordinaire,
mais la culasse est très-courte , e t , autant que j’ai pu voir, il y
avoit une mèche au lieu de pierre : le ressort qui porte cette
mèche est de cuivre. Je n’ai jamais eu occasion de voir tirer un
de ces mousquets, quoique j’en aie entendu plusieurs coups
dans les environs de Nagasaki. Lès interprètes m’assurèrent
qu’on appuyoit le mousquet.sur la joue, parce que la culasse
étoit trop courte pour la poser contre l’épaule. *2
( 1) Ces hallebardes se nomment nan-
guinata ( nanguinata quad instrumen-
tum est bellicum , dit un missionnaire,
simile hellebardæ sed longiore has till ).
Voyez De rebus Japonicis, Ctc. Antuer-
piæ, ï 6o5 , p . i 65. Note du Rédacteur.
(2) Le premier mousquet que l’on ait
vu au Japon fut apporté par un compagnon
de Fernand-Mendez Pinto : il excita
d’abord l ’admira lion des Japonois',
et pensa causer ensuite la mort des Portugais,
un jeune prince du pays s’étant
blessé avec une de ces armes que ces
étrangers lui avoient donnée pour obtenir
ses bonnes grâces. Les Japonois
n’ont fait qu’imiter bien imparfaitement
les modèles que leur ont apportés les
Européens, et aujourd’hui encore ils
ne se servent que de fusils à mèche
et à rouet. Voyez les Voyages adventu-
reux de F. M. Pinto, p. 651. Note du
Rédacteur.
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