
■ envie de l ’article qu’il marchande, on finit par s’accommoder.
S ’il ne veut pas en donner un prix raisonnable, le propriétaire
garde ses marchandises pour l’année suivante, ou bien les fait
transporter à Batavia. Les Japonois, dans leurs offres comptent
par mas et non par thaël : par exemple, pour un mas de^ corne
de licorne ils offrent huit mas d’ argent , &c. Le marché étant
conclu, on pèse les marchandises et on les transporte à la ville,
où les marchands de l’intérieur des terres les achètent au-dessus
du prix de la première acquisition.
Ces détails suffisent pour prouver que. le commerce dés Hol-
landois ff’est plus, à beaucoup près-, ce qu’il était autrefois. La
place de chef de la factorerie de Désima, ne s’ accordoit qu aux
plus puissantes recommandations : en effet, deux voyages suffis
sent à celui qui l’avoit obtenue pour acquérir une fortune
immense. Aujourd’hui un chef qui a fait quatre ou cinq fois le
voyage du Japon , a tout au plus de quoi subsister. 11 est nommé
par-le conseil supérieur de Batavia'. M. Féith, qui venoit relever
M. Ârmenault, ën étoit à son quatrième voyage. Après le départ
du vaisseau, il reste à Desima. avec douze ou quinze Européens ,
sans compter les esclaves.
Les Hollandois n’expédient plus chaque année que deux
vaisseaux qui partent de Batavia au mois de juin, et reviennent
à la fin de la même année. Leur cargaison à*leur retour consiste
principalement en cuivre du Japon, en camphre brut , ‘ en
ouvrages de laque, en porcelaines, soieries, saki, riz et soya.
Ces derniers articles sont de peu d’importance, et n’ exercent
que les spéculations de-quelques particuliers'. Mais le cuivre de
cette contrée est le plus fin que l’on connaisse ; il .renferme
beaucoup d’or ; on le fond en barres longues d’un quart d’aune
et grosses comme le doigt; elles sont rondes d’un côté-et plates
de l’autre , d’une belle couleur brillante. On distribue ces barres
par caisses d’un pickelon de i c 5 livres; on les pèse en présence
des officiers japonois , des interprètes, du subrécargue et des
assistans :
assistans : la cargaison est composée de cinq , six ou sept mille
caisses. Ce cuivre vient des contrées les plus lointaines de l’isle;
on 1 amasse dans un magasin particulier, et dès: que les .vaisseaux
sont à moitié débarrassés de leur cargaison, les. kouli ou
.valets japonois portent à bord ce cuivre en caisse. Les matelots
surveillent ce transport, car les porteurs ne se feraient pas
scrupule d’en voler-quelques barres , pour les vendre aux-Chinois
qui les paient plus cher que les Hollandois.- Outre le cuivre
en barre de la grosseur du doigt, -et du poids d’un tiers de
livre, que la Compagnie tire du Japon, pour le vendre en grande
partie sur la cote de Coromandel, elfe s’accommode encore
d’une'forte partie de camphre brut emballé dans de petits cuviers
:de -bois ; elle achète aussi de vastes robes dé soie ouatées
en soie cardée, de quelques porcelaines , du soya, de saki et
fruits confits , &c.
Les marchandises expédiées .cette année par la 'Compagnie
pour le Japon*, consis toient en une forte partie de sucre en
poudre , beaucoup de dents d’éléphans, du bois rouge du Brésil
pour la teinture, de l’éta-in , et même du plomb en grande
quantité, un peu de fer en barre, beaucoup d’indiennes fines,
du drap de Hollande de différentes qualités et couleurs, du ras,
des étoffes de soie , des écailles de tortues, des racines de
squine (i) et de costus (-à). Les particuliers n’apportent pour
leur compte que du safran, de la thériaque, du jus de réglisse ,
des joncs, des lunettes, des miroirs, des montres , des licornes
et autres objets, semblables. La Compagnie s’est réservé le droit
d’expédier une somme en ducatons d’argept. Il est défendu aux
particuliers de trafiquer ce métal, sur lequel ils pourroient faire
un certain profit. Quant aux livres écrits en langue hollandoise,
. (,i) China. Smilax. Lin. Sauhira. selon moi, est véritablement congé-
Koemp. Amcen. p. 78 1 , t. 782. nère des amomum. Voyez mes 11'us-
(2) Costus Aràbicus. Cette plante, trat. Lam.