
grosseur d’un arbre. Il varie pour la grandeur et la grosseur
selon les jdtes, car on en trouve dans beaucoup d endroits. Les.
Japonois emploient ses racines aux mêmes usages que les
habitans des autres îles des Indes orientales 5-ils en font un mets
particulier (1), on les fait confire dans le vinaigre. Les grandes
branches servent à porter des fardeaux 5 on fait avec les petites
des bâtons à pinceaux pour écrire , ou bien on les fend pour
faire des montures d’éventails et autres objets semblables.
Je remarquai auprès des maisons, et sur-tout des temples, un
buisson singulier, haut de trois ou quatre aunes, du genre des
çelastres (2)5 il avoit des. coins saillans et presses le long
des branches, qui étoient chargées de- fruits murs. On dit
que les amans attachent une branche de ce buisson à la porte
de la maison où demeure la jeune personne qu’ils veulent demander
en-mariage.
Plusieurs Japonois font usage de l’anseri.ne à balais (3) comme
d’un excellent remède dans plusieurs maladies.
Quelques alcées et mauves (4) sont cultivées dans les petits
parterres de la ville, â cause de la beauté.de leurs fleurs.
La menthe poivrée (5) vient spontanément aux environs
de la ville , ainsi que le basilic crépu (6) qui ornent les collidu
bambou , que Linné et la plupart
des botanistes ont regardé comme un
roseau ( arundo') j on en sait assez maintenant
à l’égard de celte graminée remarquable,
pour ne pas douter qu’elle
ne constitue un genre très-distinct de
celui du roséau. Ce genre est, à ce que
je crois, le même que le nastus de Jussieu
et le b ambus de Gmelin. D’après
les observations qui m’ont été communiquées
de l’Isle de France, je crois
, que, dans l ’ordre du système sexuel,
ce même genre doit être placé dans la
dioècie- bexandrie ; c’eSt-là où je le
mentionnerai dans mes Illustrations,
Lam.
(1) Nommé atchar.
(2) Celastrus alatus. Flora Japonica,
P . 98.
(3) Chenop odium scop aria. ,
.(4) Alcedrosea et malva mauritiana.
(5) Mentha piperita.
(6) Ocymum crispum.
m
nés. On fait infuser les feuilles de cette dernière , et l’on prend
cette ' infusion dans les douleurs rhumatismales. Cette plante
bouillie dans l’eau, produit une couleur rouge avec laquelle les
Japonois peignent les raiforts et les raves-.
Le même terrain produit plusieurs espèces de pommes-de-
terre ou d’ignames (i ) j mais elles-ne font point partie des comestibles
, à l’exception de l’igname du Japon (2) dont on mange
les racines cuites et coupées par tranches : elles ont un excellent
goût. ,
Le chanvre ordinaire (3) croît spontanément dans beaucoup
d’endroits.
On cultive deux espèces de poivre-long ; le piment annuel (4) ,
quoique le plus commun, n’est d’aucun usage parmi les Japonois
; ils le vendent aux esclaves de la factorerie hollandoise.
L’autre espèce est le piment à gros fruits (5) ; on le plante dans
des pots très-étroits, où il s’abâtardit et se rapetisse faute de
pouvoir prendre toute sa croissance. Les Japonois ont un goût
particulier pour gêner et tourmenter différens végétaux (6).' .1
Je vis bien quelques pieds de tabad (7) dispersés ça et là ,
(1) Vioscorea.
■ (2) Vioscorea Japonica.
(3) Cannabis sativa.
(4) Capsicum annuum.
(5) Capsicum grossum.
(6) C’est un caprice commun à tous
les hommes opprimés par le despo lisme ;
ils veulent se venger sur la nature entière.
de la gêne et des vexations qu’ils
éprouvent : de-là la corruption du goût
et des arts, qui n’ont d’autre base èt
d’autre aliment que la nature. Les esclaves
peuvent la parodier, la rapetisser
, l’outrer , en un mot, la tourmenter
;. mais il n’àppartient qu’à l ’homme
véritablement libre de la connoître, de
l ’apprécier et de l’exprimer. Les Indiens
, les Chinois et les Egyptiens ont
dégrossi des. magots et des colosses;
mais il n’étoit permis qu’au génie républicain
des Grecs d’animer le marbre
de faire respirer la toile , de créer
en un mot, des modèles aussi simples
que sublimes, qui ont fait et feront à
jamais l ’admiration et le désespoir de
tous les artistes salariés par les despotes.
Note du Rédacteur.
(7) Nicotiana tabacum.