
la terre ferme par le moyen d’un pont ; elle n’a au plus que
trois cents aunes de long sur cent-vingt de large. Il n’a pas ete
difficile de renfermer une pareille étendue de terrain dans un
enclos de planches avec deux portes ; l’une du côté de la ville
donne sur le pont, l’autre du côté de la mer. Cette dernière ne
s’ouvre que quand il s’ agit de décharger ou de charger les vaisseaux
étrangers. Des Japonois gardent pendant le jour 1 autre
porte; elle reste fermée pendant la nuit. Ceux qui entrent-ou
qui sortent sont visités^ dans le corps-de-garde placé auprès de
cette porte.
Les magasins de ■ la Compagnie , son hôpital , les maisons
■ occupées par les employés, qui sont composées de deux étagtes ,
dont lé second seul est habité, la partie inférieure servant de
magasin : l’on y a pratiqué aussi les locaux nécessaires à une
maison,-comme cuisine, office, &c. le potager delà Compagnie
avec un pavillon forment deux rues traversées par une autre.
Non-seulement les grands magasins de la Compagnie que leur
construction met à l’abri du feu , mais encore toutes les maisons -,
sont bâties en bois et en terre glaise, couvertes de tuiles avec
des fenêtres de papier et des tapis de paille. Quelques employés
de la Compagnie ont dernièrement apporté de Batavia, de petits
châssis avec des carreaux de vitres pour rendre leurs chambres
plus claires et jouir de la vue du dehors. La porte qui donne
sur la mer est munie de tous les ustensiles nécessaires- dans
les incendies ; à l’autre extrémité se'-trouve un jardin de plaisance
avec un belvedère à deux étages.
Les interprètes ont dans cette île une maison considérable,
que l’on appelle le collège des interprètes; il y en a un assez
grand nombre pendant que les vaisseaux de la Compagnie
sont en cargaison; mais après qu’ils ont mis à la voile, il n’en
vient qu’un ou deux chaque jour; on les relève tous les après-
midi assez tôt pour qu’ils puissent être rendus chez eux avant la
nuit.
Il y a dans la même île une maison pour les ottona ou rapporteurs
bourgmestres , qui doivent surveiller tout ce qui se passe
dansl’île, et en instruire le gouverneur. Ils ne sont pas moins nombreux
que les interprètes pendant le séjour des Hollandois ; mais
ensuite il n’en reste qu’un ou deux qui sont aussi relevés chaque
jour.
Tous ces officiers, gardes et interprètes, doivent surveiller les
Hollandois avec la plus grande activité ; on monte la garde
dans les trois postes situés aux trois extrémités de l’île; on n’en
conserve qu’un après leur départ, et l’on fait pendant le jour
et pendant la nuit; des patrouilles fréquentes autour de l’île.
Tel est le petit espace accordé aux Hollandois, et dont il ne
leur est point permis de s’écarter ; ce séjour devient cruellement
ennuyeux pour ceux qui sont obligés d’y passer de deux années
une, ■
Nagasaki et ses environs sont très-mal sains pendant les mois
de septembre et d’octobre. A cette époque les naturels et même
les étrangers qui se trouvent sur les vaisseaux en rade, sont
ordinairement attaqués d’une diarrhée opiniâtre et de ténesme
que j’attribuai à l’intempérie du climat; car des soirées très-fraîches
succèdent tout-à-coup à des journées d’une chaleur étouffante.
La friandise des habitans donne encore plus d’activité
à l’influence maligne du climat, par l’usage immodéré qu’ils font
des figocaques (1). Ce fruit qu’on apporte de la campagne en
grande quantité, est vraiment excellent, quand il a acquis Son
degré de maturité. Il ressemble beaucoup pour le goût à la prune
de reine-claude.
(1) Diospyros kaki. Espèce de pla-
queminier, très-bien représenté dans
les plantes coloriées‘de l a .Chine , publiées
par Buc’hoz (planche 101 ). Le
sapot-negro de Sonnerat ( Voyage à la
Nouvelle Guinée, p. 45 , pi. i 4 et i 5 ) r
s’en rapproche beaucoup. Voyez Fia-
queminier j dans mon Diction- Lam*