
lieu de nos traversins doux et moelleux, ils posent leur tête sur
un morceau de bois cylindrique et vernis, de manière que
leur coëffure n’ est nullement dérangée. Leur robe, qui leur sert
de couverture , est bientôt passée et attachée. Ainsi on peut deviner
que leur toilette du matin ne les occupe pas long-tems.
Ils ne commissent pas plus que les autres nations asiatiques,
l ’usage des tables et des chaises. Us s’asseyent les jambes croisées
sur le tapis de paille qui couvre le plancher de 1 appartement.
Chaque convive a devant soi un plat , sa tasse de bois
vernis e t son couvert placés sur une petite table basse et
est tems, je crois, de ramener le lecteur dans notre
hôtellerie , où l’on nous tint dans une magnifique captivité ; car
il ne rions fut point permis de parcourir la ville. Nous eu partîmes
donc le- 11 mars au soir, sans avoir pu satisfaire notre
curiosité. Nous traversâmes dans un yachtlabaie de Smmnpseki,
laquelle a , dit-on, trois milles de large. Nous passâmes la nuit -
dans une auberge. , , , . 1 „„
Entre Kakoura et Simonoseki on voit un rocher très-haut an
la basse marée, mais qui est presque à fleur d’eau pendant le
reflux. Ou me raconta qu’un vaisseau monte par 1 empereur
Taïko heurta contré ce rocher , et y fit naufrage. L’empereur
fut assez heureux pour se sauver ; néanmoins le capitaine deses-
- Béré de sa mal-adresse, s’ouvrit lui-meme le ventre , selon
fatroce coutume des Japonois. Une pierre de taille d’une aune
en quarré â été placée' sur le rocher,, pour conserverie souvenir
de ce tragique événement. .
Quoique Simonoseki ne soit pas la résidence d’un prince du
pays ni meme d’un des Grands de l’empire , sa situation^ fait
lue place importante. Son port est assez connu et meme tres-
fréquenté. On y voit jusqu’à trois cents vaisseaux de differentes
grandeurs. Tous les navigateurs commerçant qui font le cabotage
entre les côtes orientales et les côtés occidentales , soit
en allant, soit en venant, laissent ici quelques articles, et
sont sûrs d’y trouver un asyle dans, une tempête , ou s’ils, sont
accueillis par des. vents .contraires,.
Le commerce par terre n’ est pas moins avantageux pour
cette ville que celui par mer. Il s’y rend.une foule de négocians
de tous les points de l’ empire. On trouve meme ici un grand
nombre d’articles qu’il seroit difficile de se procurer, et surtout
de voir réunis ailleurs;, parce que le commerce des. autres
villes et ports consiste principalement dans les marchandises
ou dans les productions de la province meme ou ils sont situes.
L’officieuse et prévoyante hospitalité des Japonois ne pouvoit
laisser manquer un endroit aussi fréquenté que celui-ci de 1 etablissement
quileur paroît indispensable, et auquel ils n’attachent
aucune immoralité. Les voyageurs trouvent a Simonoseki des
maisons consacrées à la volupté, dont l’accès'fut défendu aux
Hollandois ; nous n’eûmes que la permission de nous promener
dans les rues de la ville , les portes étant bien soigneusement
fermées.
Simonoseki est située à une extrémité la plus; grande des îles
qui composent le royaume du Japon, nommée Nipon 3 cette île
contient les deux capitales des deux souverains. Un grand
chemin conduit de cette ville à Iédo 5 mais il est si escarpé et
si montagneux, que nous ne le' suivîmes pas.
On ramasse ici , sur les côtes , une plante marine (1) nommée
cwa-nori en japonois. Lorsqu’ elle est sèche, on la fait griller et
on la râpe. La -poudre fine qu’elle rend se mange avec du
riz cuit, ou bien on la mêle avec de la soupe de miso.
Les Chinois apportent i c i , dans de petites bouteilles de verre
vert et’bien transparent, du tabac aussi fin que celui d’Espagne ,
que l’on prend pour les catharres (2). L’alternative du froid et
(1) Ulva, au Japon-leur vient d’Europe , parla)
Le tabac que les Chinois portent ticulièrement de Portugal- Les bou-
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