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comme un excellent remède pour la cîyssenlerie , l’épilepsie et
l’apoplexie. Les hàbitans des Maldives nomment ce fruit tava-
reas; il m’a paru appartenir au genre du rondier (1).
Les naturels de ces contrées font leur nourriture journalière
du fruit du cocotier des Indes ; ils savent meme, dans plusieurs
endroits , en tirer beaucoup d’huile sous un pressoir composé
de deux cylindres.. Cette huile nouvellement faite est assez
douce, et l’on s’ en sert principalement pour la cuisine ; devenue
vieille, elle n’est plus bonne qu’à brûler : au reste , les Euro--
péens en consomment autant que les Indiens. L’ecorce exte--
rieure de la noix se file , et peut fournir tous les agrêts d’urt
bâtiment : elle sert aussi à d’autres usages. J’ai vu avec étonnement
qu’on en faisoit des cables capables de maintenir les
gros navires hollandois sur leur ancre , tout le tems qu’ils
restent dans la rade de Colombo.
La nature, qui a multiplié dans les Indes les animaux et les
végétaux vénéneux, a été encore plus prodigue d’antidotes, et
l’on peut bien dire qu’elle a placé le remède à côté du poison.
Les principaux anti-vénéneux sont l’ophiose (2), l’ophiorhise (5),
et la raclure de corne de rhinocéros, selon la ferme croyance
des Mores.
Deux espèces de crotalaire (4) désignées sous le nom dejac-
beri, croissent ici en abondance ; la crotalaire émoussée et celle
à feuilles d’aubours (5). Elles produisent toutes deux des Heurs
jaunes ; mais je ne les ai pas reconnues , non plus que le me-
(1) Borassus lontarus. Gærtn. de
Fruct. p. 2 1 , t. 8. Voyez le Voyage à
la Nouvelle Guinée de Sonnerat, p. 3
à 18 , etpl. 0-7.
(2) Lignum colubrinum.
(3) Ophiorhiza mungos.
(4) Crotalaria. Lam. lllustr. pl. 617.
(5) Crotalaria laburnifolia et retusa.
Voyez dans.le vol. I I de mon Dict. les
Crotalaires, n°. 11 et 23. La première
est figurée dans mes lllustr. pl. 6 1 7 ,
f. 4. Lam.
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nisperme, pouf la racine de Colombo (1) , transportée dernièrement
en Europe , et renommée comme un excellent remede.
Quoique cette racine porte le nom de Colombo , d’où elle a été
àpportée par des vaisseaux européens, elle ne croît pas auprès,
de cette ville, ni même dans toute l’étendue de l’isle de Ceylan :
On l’y transporte de la côte de Malabar.
La crotalaire émoussée (2) est une herbe annuelle; sa racine
n’a aucune. vertu médicinale. Le menisperme a feuilles rondes
(3), est une plante rampante fort commune dans les forêts.
J’en..fis déterrer plusieurs racines, que j’examinai très-attentivement
, sans pouvoir découvrir la moindre ressemblance avec
la racine de Colombo , ni pour la saveur, ni pour la grosseur,
ni même pour la forme. La superficie est tres-deliee, très-longue,
avec des côtes très-exhaussées.
Les médecins du pays font le plus grand cas de deux plantes
qu’ils nomment sachander et ire/nus. La première, est une aristoloche
(4), dont la racine,. infusée dans l’eau-de-vie , a un goût
amer : elle fortifie l’estomac et dissipe les vents. Elle croît dans
les fonds sablonneux situés auprès de Colombo, de Matoure , et
dans plusieurs autres endroits. Je jugeai, à l’inspection, qu’il
falloit ranger la seconde parmi les- apocynées (5) ; il paroît même
que c’est une espèce de périploque (6), dont la racine est vene-
neuse et purgative.
Les Chingulais nomment binnoùge une espèce d’ipecacuanha ,
dont la racine est un bon vomitif, différent cependant de celui
qui nous vient d’Amérique. On l’administre avec succès dans les
(1) Ra iix Colombo. Voyez Menis-
permepalmé.Dict. vol. IV,p - 99- Lam.
(2) Crotalaria retusa.
(3) Menispermum cocculus. Ses fruits
sont connus dans le commerce sous le
nom de coques du Levant. C ’est un ci,s-
sampelos. Lam.
(4) Aristolochia Indica,
(5) Contortoe.
(6) Periploca.