
rendent aucun culte ; ils le croient trop au-dessus d’eux pour
avoir besoin de leurs hommages et de leurs adorations. Ils
s’adressent à une multitude de dieux inférieurs qu’ils disent etre
chargés de présider à la terre , à l’eau, à l’air , &c. et de la
volonté desquels dépend le sort des mortels. Ils n’ont que des
idées bien vagues et bien incertaines de l’immortalité de l’ame ,
des récompenses et des châtimens qui l’attendent après la destruction
de son enveloppe mortelle. Ils présument cependant
que les âmes des gens de bien ont un séjour particulier sous
le ciel ; que celles des méchans errent de tous côtés en punition
de leurs crimes. Ainsi, l’on voit qu’ils n’admettent pas le dogme
de la métempsycose. Le but de leur doctrine est de rendre les
hommes vertueux pour cette vie , et tous les sectateurs travaillent
à conserver la pureté de l’ame, et une conscience irréprochable
,-à cultiver la vertu , et obéir auxloix du pays qu’ils
habitent. Ils ne mangent pas de viande 5 ils ont de la répugnance
à verser le sang ( t ) , et évitent l’attouchement d’un cadavre. En
violant un de ces trois points de discipline , on se rend impur
pour un tems plus ou moins long. Je crois reconnoître, sur ce
point une coïncidence parfaite entre la loi de Sinto et "celle de
M.oyse. Mais voici une idée qui n’e s t, sans doute, venue que
d’après coup à quelques imbécilles 5 c’est de prétendre que les
âmes des renards deviennent des démons , et ils n’en recon-
noissent pas d’autres. A la vérité ces animaux sont très-dangereux
, et commettent de grands dégâts (2).
(1) Par une conséquence de leur
aversion pour le sang , ils s’abstiennent
de la it, persuadés que le lait est aussi
du sang blanc; ( Pensano ehe il latte
sia sangue dell animale seien di colore
bianco. ) Voyez Relatione della venuta
degli ambasciatori Giaponesi a Roma,
da Gualtieri, page 3. Note du Rédacteur.
(2) « Quand le démon s’est emparé
d’un homme , dit un missionnaire, les
Japonois prétendent que le renard l’a
assailli, car ils donnent au démon le
nom de cette bête. Parmi les nom-
Les
Les sectateurs de cette religion sont profondément- persuadés
que leurs dieux commissent et voient tout, et qu’il est inutile de
leur faire quelques demandes. Ils leur construisent cependant
des temples, observent des jours de fêtes. Ces dieux se nomment
Sin , ou Kami (i).
Les mia (2) ou temples sont distribués en plusieurs com-
partimens , avec des galeries, des fenêtres et des portes., qu’on
peut ôter et changer selon l’usagé du pays. Des nattes de paille
recouvrent le plancher ; et le toit excede les murs de l’edifice ,
de manière à former tout autour une galerie très-élevée, sous
laquelle on se promène.
Les temples des sectateurs de Sinto, ne renferment aucune
image, visible de la divinité. On voit seulement dans quelques-
uns une petite figure renfermée dans une boîte , et qui représente
le dieu subalterne à qui le temple est dédié. Au milieu
du temple est ordinairement placé un grand miroir de métal
fondu et poli , pour indiquer aux hommes que les dieux découbreuses
formules aussi ridicules que
superstitieuses qu’ils emploient pour
chasser les démons , je me contenterai
d’en citer une dont je fus témoin. Une
princesse d’Osakkaprétendoit être possédée
du démon ; on tua tous les chiens
de la v ille, pour effrayer, disoit-on , le
renard enfermé dans son ventre. On
imagine bien que cette boucherie de
chiens ne fut pas plus efficace contre
l ’épilepsie de la princesse , que le dévouement
de plusieurs Iammabos et
autres Bonzes, qui s’éloient immolés
pour elle au démon ». Voyez Historica
relatio de rebus a societ J. gest. p. 451.
Note du Rédacteur.
Tome 11»
(1) Dieux ou esprits. Le savant Père
Georgi trouve beaucoup' de ressemblance
entre les Kamis des Japonois et
les trois Kcip.n<piç, Camephis, dieux
tutélaires des anciens Egyptiens. Je le
répète, les dieux pénates ne sont pas
les seuls objets de ressemblance qui
existent entre les Chamans et les anciens
Egyptiens, les Grecs , les Chrétiens,
&c. Note du Rédacteur.
( 2 ) Demeures des âmes vivantes.
Koempfer prétend qu’on en compte
vingt-sept mille sept cents au Japon,
en y comprenant sans doute les chapelles
dépendantes dés temples principaux.
Note du Rédacteur.
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