
départ de l’ambassadeur liollandbis , que j ï stiiv» à 1* CWT de
l’Empereur. ,
Le 1 1 février, nous commençâmes à nous occuper des préparatifs
pour notre voyage d’Iédo , car le moment de nôtre epart
approchoit.
Quoique l’ am b a s sa d e u r fasse'le cbemin par terre, on envoie
beaucoup d’objets par mer à SimonôselÜ, àFiogo, et dans d autres
ports. O h .embarqua donc aujourd'huiR sur un grand batiment,
plusieurs caisses de vin en bouteilles-, de la bière egalement
en bouteilles , des liqueurs ,, des ustensiles de cuisine , des coffres
vuides- destinés à recevoir les marchandises que nous nous proposions
d’acheter en revenant. Ce bâtiment devrai cingler Vers
Simonoseki, et nous y attendre pour nous transporter de la* a
Cette journée et les suivantes furent employées à disposer les
' présens que Bon destinoit à l’empereur civil, au prince héréditaire',
aux sénateurs et aux principaux seigneurs de la- cour,
Ces présens consistent en draps de différentes* couleurs et
qualités, en indiennes fines, en* soieries, &c. On les emballa
dans de grandes caisses-, qu’on ne voulut point exposer aux
caprices- de l’élément liquide. II fallut les transporter sur des
bêtes de somme l’ espace de- trois cent vingt milles.
Le 18 février êtoit le dernier jour de l’année des Jap'onois. Ils
employèrent la veille* et le jour à solder tous leurs* comptes et
à têrminer toutes leurs affaires de-Fannée , parce qu’ ils entament
ensuite un nouveau compte jusqu’au mois de juin, époque ou
ils soldent tout. . . . ; .
Les Japonois ne sont pas moins* usuners que les Chinois, et
prennent dix-huit et vingt pour cent d’intérêt; Le créancier qui
n’ a pas exigé le paiement avant le renouvellement de I année,
est déchu de sa- créance. .
La nouvelle année des Japonois et des Chinois commence
le 19. Alors chacun met son habit de cérémonie , qui est ordinairement
d’une belle étoffe blanche à carreaux bleus , conduit
toute sa famille en visite , et le mois se passe presque entièrement
en festins et en divertissemens.
Le 2a février (1) et jours suivans on fit à Nagasaki et dans
les environs, cette fameuse cérémonie, si affligeante pour.les
bonnes âmes chrétiennes. Les Japonois foulèrent aux pieds la
croix et les images de Jésus ,et Marie. Malgré le désir que
j’avois de connoître les circonstances de. celte étrange cérémonie,
je ne pus trouver qu’un officier hollandois qui ait eu occasion
d’en être témoin , comme il se -rendoit auprès du gouverneur de
la ville pour conférer avec lui sur les préparatifs de notre voyage
à la cour d’Iédo 5 ce qui dément formellement l’assertion aussi
fausse que ridicule de quelques écrivains, qui prétendent que
les Hollandois ne sont admis au Japon qu’ après avoir foulé aux
pieds le6 images les plus révérées parmi les chrétiens, . J’ajouterai
qu’on n?exige même d’-eux aucune formalité capable, d’effaroucher
la conscience la plusvtimorée or,,celle dont je parle
n’est imposée qu’aux naturels de tous les endroits où le christianisme
avoit jetté autrefois quelques racines. Le Gouvernement
emploie ce moyeu pour s’assurer de la complète extirpation
de cette religion , et éterniser la haine pour les Portugais
, qui l’ ont introduite. Tous les habitans , excepté ,1e gouverneur
et ses gens, sont obligés de marcher sur les figures
dont je viens de parler. On soutient les petits enfans sous les
bras , de manière que leurs pieds puissent au moins y toucher.
Dés inspecteurs assemblent les domiciliés de chaque quartier ,
les appellent par leur nom , et veillent à ce que tout se passe
avec ordre et décence. Cette cérémonie dure quatre jours à
Nagasaki. Ensuite on porte les images dans les environs , pour y
remplir les mêmes formalités. Quand tout est fini, on les dé-
(1) Qui répondoit-au 4 de djogals , ou premier mois de l’année japonoise,
Rédacteur.
E 2