
le lendemain l’on se meltoit en roule pour revenir à la ville.
En sortant d’Iédo le 26 mai, nous rencontrâmes déjà de nombreux
détaûhèmens envoyés en avant ; ils se suivoient de
très-près. A la veille du départ de sa majesté japonoise , chaque
corps de troupe n’étoit pas à une demi-heure de marche
l’un de l’autre; elles défilèrent ainsi jusqu’au lendemain cinq
heures du matin. Alors l’empereur et le prince héréditaire
se mirent en marche avec leur innombrable suite. Les interprètes
nous assurèrent que outre les. officiers et les valets, il
s’y trouveroit beaucoup de vieillards, des mendians , des bourreaux
, et des hommes avec des cercueils (1). Rien n’échappe
au génie des prévôyans maréchaux-des-logis. .
Le 25 niai, nous prîmes pour retourner à Nagasaki le même
chemin par lequel nous étions venus ? nous arrêtant pour nos
repas et notre couchée à-peu-près dans les mêmes endroits
et dans les mêmes auberges.
Le premier jour nous dînâmes à Kavasakki, et nous couchâmes
à Totska.
Le lendemain avant de partir, nous achetâmes plusieurs petits
cartons très-beaux, et remplis de charmantes coquilles artis-
tement disposées sur du coton cardé et collées avec de la
colle de riz pour les empêcher de s’entrechoquer. Les Hol-
landois les revendent avec avantage, ou bien en font cadeau
à leurs amis d’Europe. J’en choisis un assez grand nombre de
très-rares et même inconnues, qui figurent maintenant dans
le cabinet d’histoire naturelle de l’académie d’Upsal.
Nous dînâmes à Koyso, et nous couchâmes à Odoyara. J’admirai
sur la route un pin (2), dont les branches horizontales
et immenses formoient un vaste berceau sous lequel on pou-
(2) Balj or.
(2) Pinûs sylvestris. C’est bien le pi-
jius sylvestris du Flora Japonica, p. 274 j
mais est-ce celui de Linné, qui est si
commun en Europe? Ce qu’on dit ici
de son port suffît pour en faire douter.
Lam.
voit se promener; elles s’étendoient à la distance de plus de
vingt pas, et étoient soutenues par des poteaux. Aucun des
sapins que j’avois vus jusqu’alors, n’étoit comparable à celui-ci.
Le 27 , nous passâmes la montagne de Fakonié, où nous"
retrouvâmes encore nos jeunes importunes, dont le maintien
nous avoit paru si modeste. Après avoir dîné dans le village
de Fakonié, nous prîmes et payâmes les marchandises que
nous avions commandées à notre premier passage (i)j et nous
allâmes coucher sur le revers de la montagne de Misima.
Les habitans pendent à l’ extérieur de leurs maisons des
paquets d angrec moniliforme (2), plante parasite et errante
qui ne fixe pas ses racines en terre. Elle peut subsister ' sans
eau et sans aucune espèce de nourriture; elle croît et flèurit
ainsi pendant plusieurs années. Ils cultivoient aussi par amusement
l’acrostique hastée (3) dans des pots. Cette plante réussit
difficilement en Europe.
Le 28, dîné à Iosivara, couché à Kambara. Cette fois-ci je
considérai plus attentivement la haute montagne de Fousi, qui
semhloit d’un côté s’étendre fort loin en pente par le bas. La
cime étoit très-élevée;, et brilloit par sa blancheur à travers les
nuages dont elle étoit environnée.
Le 29 , nous fîmes environ sept milles jusqu’à Soufsio. Le lendemain
nous couchâmes à Smada, et le 5t il fallut nous arrêter
à Nissaka, et y rester trois jours, à cause de l’affluence des
voyageurs, et sur-tout des seigneurs de province qui s’y trouvèrent.
Nous achetâmes, à Foutchou , des corbeilles de différentes
grandeurs , et des armoires à tiroirs en joncs finement tres-
(1) Voyez ci-dessus , p. 62, espèce d’acroslique y figurée dans la
(2) Epidendium nionile. Plaute de Flora Japonica, page 33i , lab. 34.
la famille des orcHdcs. C’est une plante de la famille des fou-
(3) Acrostichum bastotum. Nouvelle gères. Lam.