I <jo H i s t o i r e N a t u r e z i e
plaifir dans les jardins , où elle détrüit les infecles
nuiftbles.
Comme les autres tortues, & tous les Quadrupèdes
ovipares, elle peut fe palier de manger pendant très-
long-tems. Gérard Blaiius garda chez lui une tortue de
terre, qui, pendant dix mois, ne prit abfolument aucune
efpèce de nourriture ni de boilïbn. Elle mourut au bout
de ce tems; mais elle ne périt pas faute d’alimens, puif-
qu’on trouva fes inteftins encore remplis d’excrémens,
les uns noirâtres , & les autres verts & jaunes : elle
fuccomba feulement à la rigueur du froid ( f ) .
Les Tortues Grecques vivent très - long - temps :
M. François Cette en a vu une en Sardaigne qüi
pefoit quatre livres, & qui vivoit depuis foixante ans
dans une maifon, où on la regardoit comme un vieux
domeftique (g)- Aux latitudes un peu elevees, lés
Grecques palfent l’hiver dans des trous fouterrains ,
quelles creufent même quelquèfois , & ou elles font
plus ou moins engourdies, fuivant la rigueur de la faifon.
Elles fe cachent ainfi en Sardaigne vers la fin de Novembre
(h).
( f ) Objèrvations anatomiques de Girard Blajius , page 64.
(g) Hijloire naturelle des Amphibies & des Poijfons de la Sardaigne,
page 9.
( h ) Idem, ibidem.
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 1 5 1
Elles fortent de leur retraite au printems ; & elles
s’accouplent plus ou moins de tems après la fin d e .
leur torpeur, fuivant la température des pays quelles
habitent : on a écrit & répété bien des fables ( i )
touchant l’accouplement de ces tortues, 1 ardeur des
mâles, les craintes des femelles, &c. La feulé chofe
que l’on auroit dû dire, c’eft que les mâles de cette
efpèce, ont reçu des organes très-grands pour la propagation
de leur efpèce ; auflî paroiflent-ils rechercher
leurs femelles avec ardeur, &. reflentir l’amour avec
force ; on a même prétendu que, dans les contrées de
l’Afrique où elles font en très-grand nombre, les mâles
fë battent fouvent pour la libre pofleflion de leurs
femelles ; & que dans ces combats, animés par un des
fentimens les plus impérieux, ils s avancent avec
courage, quoiqu’avec lenteur, les uns contre les autres,
& s’attaquent vivement à coups de tête (k ) .
Le tems de la ponte des tortues Grecques varie
avec la chaleur des contrées où on les trouve. En Sardaigne
, c’eft vers la fin de Juin qu’elles pondent leurs
oeufs; ils font au nombre de quatre ou de cinq , &
blancs comme ceux de pigeon. La femelle les depofe
dans un trou quelle a creufé avec fes pattes de devant ;
( i ) Conrad Gejher.
{k) M. Linné, à t endroit déjà cité.