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animaux font jeunes , ils ouvrent & ferment la bouche
& les yeux à chaque fois que leur coeur bat. Les deux
lobes des poumons font compofés d’un grand nombre
<le cellules membraneufes deftinées à recevoir l’air,
&. faites à-peu-près comme les alvéoles des rayons de
miel (b) ; l’animal peut les tendre pendant un tems
alfez long, & fe rendre par-la plus léger.
Sa vivacité, la fupériorite de fon naturel fur
celui des animaux qui lui relfemblent le plus , ne
doivent-elles pas venir de ce que, malgré fa petite
taille, elle eft un des Quadrupèdes ovipares les mieux
partagés pour les fens extérieurs ? Ses yeux font en
effet gros & faillans, ainfi que nous l’avons dit; fa
peau molle, qui n’eft recouverte ni d’écailles, ni. d’enveloppes
offeufes, eft fans celle abreuvée & maintenue
dans fa foupleffe par une humeur vifqueufe qui fuinte
au travers- de fes pores ; elle doit donc avoir la vue
très-bonne , & le toucher un peu délicat; fi fes
oreilles font recouvertes par une membrane, elle n’en
a pas moins l’ouïe fine , puifque ces organes renferment
dans leurs cavités une corde élaftique que l’animal
peut tendre à volonté-, & qui doit lui communiquer
avec affez de précifion les vibrations de 1 air agite par
les corps fonores..
Cette fupériorité dans k fenfibilité des Grenouilles,
Ï ) E S Q v A B E u P À B E S OV P A R E S.
les rend plus difficiles fur la nature de leur nourriture;
elles rejettent tout ce qui pourroip préfenter un commencement
de décompolition.. Si elles fe nourriffent de
vers, de fangfues., de petits limaçons', de fcarabées &
d’autres infeéles tant ailés que non ailés , elles n’en
prennent aucun qu’elles ne’ l’aient vu remuer, comme fi
elles vouloient s’affurer qu’il vit encore ( c) : elles demeurent
immobiles jufqu’à ce que l’infeéte foit affez près
d’elles ; elles fondent alors fur lui avec vi vacité , s’élancent
vers cette proie, quelquefois à la hauteur d’un ou deux
pieds, & avancent, pour l’attraper, une langue enduite1
d’une mucofité fi gluante, que les infeétes qui y touchent
y' font aifément empêtrés. Elles avalent auffi de très-
petits limaçons tout entiers- (dj-, leur oefophage a une
grande capacité; leur eftomac peut d’ailleurs recevoir,
en fe dilatant, un grand volume de nourriture ; & tout
Cela joint à l’activité de leurs fens, qui doit donner
plus de vivacité à leurs appétits, montre la caufe de
leur efpèee de voracité : car non-feulement elles fe
nourriffent des très-petits animaux dont nous venons
de parler, mais encore elles avalent fou-vent des ani-*-
( e )' laurtnti fpedmen medlcutri. Vienne , 1768 y page 13«.■
Dictionnaire d’HiJloire naturelle de M, Valmont de Bomare, article
des Grenouilles