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 Grecque  au  commencement  du mois  de Novembre ;  il  
 fit  une  large  ouverture  dans  le  crâne  ,  &   en  enleva  
 la cervelle, fans en îaiflèr aucune  portion dans la cavité  
 qui  la  contefloit, &  quil nettoya,  pour ainfi  dire,  avec  
 foin.  Dès  le  moment  que  la  cervelle  fut  enlevée,  les  
 yeux  de  la  tortue  fe  fermèrent pour  ne plus  fe  rouvrir;  
 mais  l’animal  ayant  été  mis  en  liberté,  continua  de  
 fe  mouvoir,.  &   de  marcher  comme  s’il  n’avoit  reçu  
 aucun mal.  A  la  vérité  il  ne  s’avançoit  ,  en  quelque,  
 forte, qu en tâtonnant, parce qu’il ne voyoit plus. Après  
 trois  jours,  une  nouvelle  peau  couvrit  l’ouverture  du-  
 crâney &   la  tortue  vécut  ainfi,  en  exécutant  tous  fes  
 mouvemens  ordinaires, jufqu’au milieu  du mois de Mair  
 c’eft-à-dire,  à-peu-pres  pendant  fix  mois.  Lorfqu’elle  
 fut  morte,  Redi  examina  la  cavité  du  crâne  d’où  il  
 avoit ote la cervelle, & il  n’y trouva qu’un petit grumeau  
 de  fang  fec  &   noir ;, il  répéta  cette  expérience  fur  
 plufieurs- tortues,  tant  terreftres  que  d’eau  douce,  &   
 même  de  mer  ;  &.  tous  ces  divers,  animaux  vécurent»  
 fans  cervelle pendant un nombre de jours plus ou moins  
 confidérable.  Redi  coupa  enfuite  la  tête  à  une  greffe  
 tortue Grecque , &   après  que  tout  le  fang  qui pouvoit 
 {d )  OJZryaçioni  di  Francifio  Redi, intomo Agit anintalî  viventi  
 the f i  trovano  negli  animali  viventi. N-apoli *   168j   page  t a.6. 
 Ç  d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  14c)  
 s’écouler  des  veines  du  cou  fe  fut  épanché  ,.  la  tortue  
 continua  de  vivre  pendant  plufieurs  jours,  ce  dont  il  
 fut  facile  de  s’appercevoir  par  les mouvemens qu’elle  
 fe  donnoit f &.  la  manière  dont  elle  remuoit  les pattes  
 de  devant  &   celles  de  derrière.  Ce  grand  Phyficien  
 coupa auffi  la tête à  quatre autres  tortues,  &, les  ayant  
 ouvertes  douze  jours  après  cette  opération,,  il  trouva  
 que  leur  coeur  palpitoit  encore ; que  le  fang qui  reftoit  
 à  l’animal  y  entroit  &   en  fortoit,  6c  par  conféquent  
 que  la  tortue  étoit  encore  en  vie.  Ces  expériences,  
 qui  ont  été  depuis  répétées  par  plufieurs Phyficiens f  
 ne  prouvent-elles  pas  ce  que  nous  avons  déjà  dit  de  
 la  nature  des  Quadrupèdes  ovipares  (e) ? 
 La  tortue  Grecque  fe  nourrit  d’herbes,  de  fruits  
 & même de vers-,, de limaçons &  d’infeétes : mais comme  
 elle  n’a pas' l’habitude d’attaquer  des animaux  qui aient  
 du fang, &c de manger des poiflons comme la Bqurbeufe  
 que l’on trouve dans les fleuves &  dans les marais, où  la  
 Grecque ne  va point,  les moeurs de  cette tortue de terre  
 font allez  douces; elle  efl auffi paifible que fa démarche  
 eft lente; &  la  tranquillité  de  fes habitudes  en  fait  aifé-  
 inent  un  animal  domeftique,  que  l’on  peut  nourrir'  
 avec  du  foii  &   de  la  farine,  &   que  l’on  voit  avec 
 (e) Voyez  à  la  tête  de  ce  volume  le  difcours  fur  la  nature  desf  
 Quadrupèdes  ovipares»-