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 totale  ;  fon  dos  eft  couvert  d’une  peau  brillante  &   
 grenue ,  qui  reffemble  au  galuchat ;  elle  eft  jaune  &   
 tigrée  de  vert;  un  double  rang  d’écailles  d’un  jaune  
 clair  garnit  le  deflus  du  cou  qui  eft  très -   large ;  la  
 tête  eft  plate  &   alongée;  les  mâchoires  font  grandes,  
 &   s’étendent  jufqu’au -  delà  des  oreilles ;  elles  font  
 fans dents,  mais  crénelées;  la langue  eft  enduite  d’une  
 humeur  vifqueufe,  qui  retient  les  petits  infeéles  dont  
 le  Sarroubé  fait  fa  proie.  Les  yeux  font  gros  ;  l’iris  
 eft  ovale  <3t  fendu  verticalement.  La  peau  du  ventre  
 eft couverte de petites écailles rondes &  jeunes ; les bouts  
 des doigts font garnis de  chaque  côté d’une petite membrane, 
   (5c  pardeffous  d’un  ongle  crochu,  placé  entre  
 un  double  rang  d’écailles,  qui  fe  recouvrent  comme  
 les  ardoifes  des  toits,  ainfi  que  dans  le  lézard  à  tête-  
 plate  qui  vit  auffi  à  Madagafcar,  <5c  avec  lequel  le  
 Sarroubé  a  de  très-grands  rapports.  Ces  deux  derniers  
 lézards  fe  reffemblent  encore,  en  ce  qu’il  ont  tous  
 les  deux  la  queue  plate  &   ovale;  mais  ils  diffèrent  
 l’un  de  l’autre,  en  ce  que  le  Sarroubé  n’a  point  la  
 membrane  frangée  qui  s’étend  tout autour du corps  du  
 lézard à  tête-plate ;  &  d’ailleurs il n’a que  quatre doigts  
 aux  pieds  de  devant,  ainfi  que  nous  l’avons  dit-  
 L e   nom  de  Sarroubé  qui  lui  a  été  donné  par  les  
 habitans  de  Madagafcar  ,  paroît  à  M.  Bruyères  dérivé  
 du  mot  de  leur  langue farrout,  qui  lignifie  colère, 
 Ces mêmes  habitans  redoutent  le  Sarroubé  autant  que  
 le  lézard  à  tête-plate ;  mais  M.  Bruyères  penfe  que  
 c’eft un  animal  très - innocent, &  qui n’a  aucun moyen  
 de  nuire.  Il  paroît  craindre  la  trop  grande  chaleur ;  
 on  le  rencontre  plus  fouvent  pendant  la  pluie  que  
 pendant  un  tems  fec ;  &   les  Nègres  de  Madagafcar  
 dirent  à  M.  Bruyères- qu’on  le  trouvoit  en  bien  plus  
 grand nombre  dans les bois pendant la nuit que pendant  
 le  jour,