une teinte bleuâtre fur le ventre, & préfente des
taches jaunes allez grandes, irrégulières, & qui s’étendent
fur tout le corps, même fur les pieds & fur les
paupières. Quelques-unes de ces taches font parfemées
de petits points noirs , & celles qui font fur le dos ,
fe touchent fouvent fans interruption, & forment deux
longues bandes jaunes. La figure de ces taches a fait
donner le nom de Stellion à la Salamandre, ainfi qu’au
lézard vert, au véritable ftellion, & au geckotte. Au
relie , la couleur des Salamandres terreftres doit être
fujette à varier, & il paroît qu’on en trouve dans
les bois humides d’Allemagne , qui font toutes noires
par-deffus, & jaunes pardelïous ( e ) . C’eft à cette
variété qu’il faut rapporter, ce me femble, la Salamandre
noire que M. Laurenti a trouvée dans les
Alpes, qu’il a regardée comme une efpèce diftinéte,
& qui me paroît trop reflembler par fa forme à la
Salamandre ordinaire pour en être féparée ( f ) .
La queue prefque cylindrique paroît divifée en
anneaux par des renflemens d’une- fubftance très-
molle.
La Salamandre terrellre n’a point de côtes, non
plus que les grenouilles, auxquelles elle relTemble d’aiL
(a ) Matthiole.
{f ) Salamandra atra, Laurenti Jpedmen medicum. Vienne, tjS8 >
page 143..
leurs par la forme générale de la partie antérieure
du corps. Lorfqu’on la touche, elle fe couvre promptement
de cette efpèce d’enduit dont nous avons parlé ;
& elle peut également faire pafler très-rapidement
fa peau de cet état humide à celui de féchereffe. Le
lait qui fort par les petits trous que l’on voit fur fa
furface, eft très-âcre; lorfqu’on en a mis fur la langue,
on croit fentir une forte de cicatrice à l’endroit où il
a touché. Ce la it, qui elt regardé; comme un excellent
dépilatoire ( g ) , relTemble un peu à celui qui découle des
plantes appellées tithimales & des euphorbes. Quand
on écrafe , ou feulement quand on preffe la Salamandre
, elle répand d’ailleurs une mauvaife odeur qui
lui eft particulière.
Les Salamandres terreftres aiment les lieux humides
& froids , les ombres épailfes, les bois touffus des hautes
montagnes , les bords des fontaines qui coulent dans
les prés; elles fe retirent quelquefois en grand nombre
dans les creux des arbres, dans les haies, au-deffous
des vieilles fouches pourries ; & elles paffent l’hiver
des contrées trop élevées en latitude , dans des efpèces
de terriers où on les trouve raffemblées, & entortillées
plufieurs enfemble ( h ) .
[g) Gejher, de Quadrupedibus oyiparis, de Salamandra , page y3 ,
( h ) Idem, ibid.