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 terres  les  plus  voilînes  de  cette  Iüe,  font  à  trois  cens  
 lieues  de  diftance  ( { ) . 
 La  chaleur  du  foleil  fuffit  pour  faire  éclore  les  
 oeufs  des  tortues  dans  les  contrés  quelle?  habitent;  
 vingt  ou  vingt-cinq  jours  après  qu’ils  ont  été dépofés,  
 on  voit  fortir  du  fable  les  petites  tortues  ,  qui  présentent  
 tout  au  plus deux ou trois pouces de  longueur,  
 fur  un  peu  moins  de  largeur,  ainfi  que  nous  nous  en  
 Tommes  allurés  par  les  mefures  que  nous avons prifes  
 fur  des  tortues  franches  enlevées au  montent  où  elles  
 venoient  d’éclore ;  elles  font  donc  bien  éloignées  de  
 la grandeur  à laquelle  elles peuvent parvenir. Au refte,  
 le tems néceflaire pour  que  les  petites  tortues  puiffent  
 éclore  ,  doit  varier  fuivant  la  température.  Froger  
 allure  qu’à Saint-Vincent,  Ifle  du Cap-Vert,  il ne  faut  
 que  dix-fept  jours  pour  qu’elles  fortent  de  leurs oeufs;  
 mais  elles  ont  befoin  de  neuf  jours  de  plus  pour  devenir  
 capables  de  gagner  la  mer  (a).  Linftinét  dont  
 elles  font  déjà  pourvues,  ou  , : pour  mieux  dire,  la  
 conformité  de  leur  organifation  avec  celle  dé  leurs  
 père  &   mère  ,  les  conduifent  vers  les  eaux  voifines,,  
 où  elles  doivent  trouver  la  sûreté  &   1 aliment  de  leur  
 vie.  Elles  s’y  traînent  avec  lenteur; mais  trop  foîbles 
 ( £ )  Vampier,  tome  L 
 (a)  Froger>  relation d’un  voyage  à la  mer  du  Sud, page  5*. 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  6p  
 encore  pour  réfifter  au  choc  des  vagues ,  elles  font  
 rejetées  par  les  flots  fur  le  fable  du  rivage |  où  les  
 grands  oifeaux  de  mer,  les  crocodiles,  les  tigres,  ou  
 les  cougars,  fe  raflemblent pour les dévorer  (b). Auflï  
 n’en  échappe-t-il  que  très-peu.  L ’homme  en  détruit  
 d’ailleurs  un  grand  nombre  avant  quelles  ne  foient  
 développées.  On recherche même dans  les Ifles  où  elles  
 abondent,  les  oeufs  qu elles laiflent  fur le  fable, &   qui  
 donnent  une  nourriture  aufli  agréable  que  faine. 
 C’eft  depuis  le  mois  d’Avril  jufqu’au  mois  de  Septembre, 
  que  dure  la  ponte  des  tortues franches  fur  les  
 côtes  des  Ifles  de  l’Amérique,  voifines  du  golfe  du  
 Mexique  : mais  le  tems  de  leurs  diverfes  pontes  varie  
 fuivant  les  pays;  fur  la  côte  cFIJJini,  en  Afrique,  les  
 tortues  viennent  dépofer  leurs  oeufs  depuis  le  mois  de  
 Septembre jufqu’au mois de Janvier  (c) ; pendant  toute  
 la  faifon  des  pontes  ,  l’on  va  non-feulement  à  la  recherche  
 des  oeufs,  mais  encore  à  celle  des  petites  
 tortues  que  l’on  peut  faifir  avec  facilité ;  lorfqu’on  les  
 a  prifes, on  les renferme dans des  efpaces plus ou moins  
 grands,  entourés  de  pieux,  &   où  la  haute  mer  peut  
 parvenir ;  &   c’efi:  dans  ces  efpèces  de parcs  qu’on  les  
 laide  croître  pour  en  avoir  au  befoin,  fans  courir  les 
 ( b )  Idem, ibidem. 
 ( c)  Voyage  de  Loyer à  IJJini Jîir  la  côte  d  or.