à fon action ; il le pourroit fur-tout, fi ces mouvemens
n’étoient pas contrariés par les afpérités des furfaces,
& lès inégalités du terrain, & fi au contraire ils avoient
lieu au milieu de l’eau qui foutiendroit l’oeuf & le
foetus, & ne leur oppoferoit qu’une foible refiftance.
Ces mouvemens feroient comme ceux d’ün petit animal
qu’on renfermerait dans un fac d’une matière
fouplë.
Que fe pafle-t-il donc réellement dans le développement
des grenouilles, ainfi que des autres Quadrupèdes“
ovipares fans queue ? leurs oeùfs ont plufieurs
enveloppes1: les plus extérieures , qui environnent le
globule noir & blanchâtre, ne fubfiftënt que quelques
jours; la plus intérieure, qui eft très-molle & tres-fouple,
peut fe prêter à tous les mouvemens dun animal qui
à chaque inftant acquiert de nouvelles forcés ; elle
s’étend à mefure qu’il grandit ; elle eft percée d’unë
ouverture, que l’on n’auroit pas du appeller bouche,
car ce n’eft pas précifément un organe particulier, mais
un paffage pour la nourriture néceffaire à la jeune
grenouille /au jeune crapaud, ou a la jeune raine.
& comme les oeufs des grenouilles, des raines & des
crapauds, font communément pondus dans 1 eau, qtti >
pendant le printems & l’été, eft moins chaude que
la terre & l’air de l’atmofphère, ils éprouvent une
chaleur moins confidérable, que ceux dés lézards &
des tortues qui font dépofés für les rivages, de maniéré
d e s Q u a d r u p è d e s O v i p a r e s . 5 2 3
à être échauffés par les rayons du foleil : il n eft donc
pas furprenant que, par exemple, les petites grenouilles
foient renfermées dans leurs enveloppes pendant deux
mois, ou environ, & que ce ne foit qu’au bout de ce
tems quelles éclofent véritablement en quittant la
forme de têtard, tandis que les lézards & les tortues
fortent de leurs oeufs après un affez petit nombre de
jours. ■
A l’égard de la queue qui s’oblitère dans les grenouilles
, dans les crapauds & dans les raines , ne
doivent - ils pas perdre facilement une portion de
leur corps qui n’eft foutenue par aucune partie offeufe,
& qui d’ailleurs, toutes les fois qu’ils nagènt, oppofe à
l’eau le plus d’aétion &. de réfiftance ? Au refte, cette
forte de tendance de la Nature à donner une queue
aux. grenouilles, aux crapauds'& aux raines, ainfi
qu’aux lézards & aux tortues, eft une nouvelle preuve
des rapports qui les lient &, en quelque forte, de 1 u-
nité du modèle fur lequel les Quadrupèdes ovipares
ont-été formés.
Les couleurs des grenouilles communes ne font jamais
fi vives qu’après 'leur accouplement ; elles palif-
fent plus ou moins enfuite, & deviennent quelquefois
affez ternes & affez rouffes pour avoir fait croire au
peuple de plufieurs pays, que, pendant lete, les grenouilles
fe métainorphofent en crapauds.
Lorfqu’oa ne bleffe les grenouilles que dans une
Y v v ij